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Journée mondiale de l’océan
Un rôle essentiel pour la vie sur Terre
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Journée mondiale de l’océan
Un rôle essentiel pour la vie sur Terre
Les mammifères marins, tels que les dauphins, cachalots et baleines, sont menacés par un tourisme non respectueux.
La Journée mondiale de l’océan est célébrée chaque année le 8 juin. Des initiatives sont ainsi proposées dans le monde entier pour appeler à une gestion durable des ressources marines et souligner le rôle essentiel de l’océan pour la vie sur Terre. Et son rôle primordial dans notre subsistance. L’express s’est entretenu avec le président de l’Indian Ocean Marine Life Foundation (IOMLF), René Heuzey, et sa vice-présidente Clarisse Coufourier sur ses actions et ses principaux objectifs.
Questions à René Heuzey, président de l’IOMLF: «Pour protéger nos océans, il faut laisser la faune et la flore se reproduire en toute tranquillité»
Quelles sont les plus grandes menaces auxquelles nos océans sont confrontés aujourd’hui ?
Pour moi, la plus grande menace, c’est l’homme. C’est lui qui pollue et pille les océans, qui tue ses habitants uniquement pour en tirer des profits commerciaux. En effet, l’impact de l’activité humaine sur les océans est alarmant. Chaque année, des millions de tonnes de déchets, dont une grande partie est constituée de plastique, sont déversés dans les océans. Ces déchets polluent l’eau, menacent la vie marine et perturbent les écosystèmes. Sans un changement significatif dans nos comportements et nos politiques, nous risquons de causer des dommages irréversibles à nos océans et à la biodiversité qu’ils abritent.
Comment le changement climatique affecte-t-il les écosystèmes océaniques ?
La Terre se réchauffe depuis des millions d’années. Le changement climatique est inévitable, mais l’activité humaine accélère ce processus par la pollution et les émissions de gaz à effet de serre, amplifiant ainsi le réchauffement. Les eaux plus chaudes favorisent la prolifération de bactéries qui tuent des espèces telles que le corail, les gorgones (des coraux mous) et les nacres (des mollusques bivalves). Cela a un impact réel sur les écosystèmes marins, car ces organismes jouent des rôles cruciaux dans la structure et la fonction de leurs habitats.
De quelles façons efficaces des individus peuvent-ils aider à protéger les océans ?
Pour protéger nos océans, il est essentiel de laisser la faune et la flore se reproduire en toute tranquillité. Il est donc crucial de prendre des mesures ambitieuses, notamment en consommant des produits issus de la pêche durable. Il est aussi impératif de ne pas polluer en jetant nos déchets dans les mers. La mer n’est pas la poubelle de la Terre. Ces déchets polluent l’eau, menacent la vie marine et perturbent les écosystèmes. Les plastiques, en particulier, peuvent rester dans l’environnement pendant des centaines d’années !
Comment des océans en bonne santé contribuent-ils à l’économie mondiale ?
Pour vivre, nous avons besoin des ressources des océans. Cependant, il est crucial de respecter les quotas de pêche (établis pour réguler la quantité de poissons qui peuvent être capturés) et de laisser à la faune le temps nécessaire pour se reproduire. En adoptant des pratiques durables et en protégeant les écosystèmes marins, nous pouvons garantir que les océans continueront à fournir des ressources vitales et économiques et à soutenir la vie sur Terre pour les générations futures.
Quelles sont les espèces marines les plus menacées et pourquoi sont-elles en danger à Maurice ?
Outre la surpêche industrielle, les tortues et les mammifères marins, tels que les dauphins, les cachalots et les baleines, sont menacés par un tourisme non respectueux. À Maurice, ces animaux sont harcelés quotidiennement par des touristes qui se précipitent pour faire des selfies. Les petits bateaux foncent sur eux, blessent les cachalots et tuent parfois des tortues avec leurs hélices. En effet, les cachalots ou les baleines, qui sont des animaux de grande taille et souvent moins agiles que les dauphins, sont particulièrement vulnérables aux collisions avec les bateaux. Ces collisions peuvent provoquer des blessures graves, allant des lacérations aux fractures osseuses.
Comment les activités humaines telles que la pêche, l’observation des baleines/ dauphins et la pollution affectent-elles la vie marine ?
La pêche moderne ne laisse plus aux poissons le temps de se reproduire. L’observation non respectueuse des mammifères marins les met gravement en péril. Nous avons vu des gens sauter à l’eau et s’accrocher à de jeunes cachalots, ignorant les signes de stress ou de détresse chez les animaux. De plus, le stress constant provoqué par la présence humaine perturbe leur comportement naturel, notamment leurs cycles de reproduction et de migration. De plus, les déchets jetés en mer sont ingérés par les animaux marins, les conduisant souvent à la mort, notamment à cause des sacs en plastique qu’ils avalent.
Questions à Clarisse coufourier, vice-présidente de l’IOMLF : «Trop longtemps nous y avons puisé des ressources sans limite»
Pourquoi est-il important de sensibiliser à l’état de nos océans ?
L’océan est le poumon de la planète, il représente 71 % de la surface de la Terre, absorbe les excès de CO2 et régule le climat; il abrite près de 50 % de la biodiversité terrestre. Trop longtemps, nous y avons puisé des ressources sans limite. Trop longtemps, nous y avons déversé nos poubelles. Cela malheureusement existe encore même si de nombreuses actions sont menées pour diminuer ces actions dévastatrices. Sensibiliser grâce aux actions de l’Indian Ocean Marine Life Foundation ou d’autres associations ou fondations, c’est amener à une prise de conscience individuelle et collective. Comment au quotidien, pouvons-nous chacun agir positivement pour inverser la tendance ? En consommant moins de plastique, en recyclant nos déchets, en achetant des produits issus de la pêche responsable, par exemple.
Pouvez-vous partager les initiatives ou programmes de votre organisation pour la conservation des océans ?
L’Indian Ocean Marine Life Foundation a pour vocation la connaissance. La connaissance scientifique, la connaissance en sensibilisant les populations à la protection de l’océan et la diffusion de la connaissance de l’océan Indien à l’international. Nous avons un programme de cinq ans avec le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) sur la poursuite des études menées sur une famille de cachalots à Maurice, le clan d’Irène Gueule Tordue. En 12 ans, François Sarano, notre président d’honneur, René Heuzey, notre président, et leurs équipes ont publié six études scientifiques, dont la dernière sur le nursing, les différents comportements du bébé cachalot avec sa maman mais aussi avec les nounous du clan.
Quels sont les principaux thèmes ou axes de la Journée mondiale des océans pour la fondation cette année ?
La connaissance est le point saillant de toutes nos actions. Alors nous misons sur la jeunesse. Notre ambassadrice jeunesse, Megane Kwan Tat, réunit autour d’elle beaucoup d’adolescents et de jeunes adultes mauriciens pour porter la bonne parole sur la protection de l’océan. Nous avons aussi signé un partenariat avec Accenture Maurice. L’entreprise emploie 4 000 salariés, dont une centaine s’est portée volontaire pour aller sensibiliser 20 000 enfants de six à 10 ans dans les écoles pour les deux prochaines années. Ce programme a été conçu par l’IOMLF et agréé par le ministère de l’Éducation. Nous venons de commencer les sessions dans les écoles, et les enfants sont très curieux et très attentifs. Notre satisfaction est de les voir s’impliquer dans la protection de leur île.
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