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Un speaker devenu contre-productif pour le MSM

2 décembre 2023, 09:42

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Un speaker devenu contre-productif pour le MSM

De par ses étranges agissements et ses outrageantes décisions au Parlement, Sooroojdev Phokeer s’est déjà octroyé le titre de speaker le plus notoire de l’Histoire. Les amateurs d’événements parlementaires se souviennent du tout jeune et tout petit Ajay Daby, qui tint tête à Paul Bérenger et plus tard à Anerood Jugnauth aussi. On connaît aussi le cas d’Iswardeo Seetaram qui excella, bien qu’il n’ait pas bénéficié d’une formation légale comme les autres. Phokeer bat tous les records, sauf celui de l’élégance et de l’érudition, sinon il aurait détrôné sir Harilal Vaghjee.

Phokeer, qui a connu les délices des rives du Nil en Égypte comme Cléopâtre et Marc-Antoine, a été d’une efficacité foudroyante en défendant le Mouvement socialiste militant (MSM) face aux assauts de bêtes politiques féroces comme Paul Bérenger, Rajesh Bhagwan, Patrick Assirvaden et Shakeel Mohamed. Il a été l’homme providentiel pour la famille Jugnauth, avec qui d’ailleurs il a des liens de parenté.

Phokeer a désarticulé les différentes offensives de l’opposition au point où le Parlement n’est désormais perçu que comme un champ de bataille majeur et déterminant pour ceux qui s’attaquent au Premier ministre et à ses ministres. Auparavant, lors des déclarations publiques, des dirigeants de l’opposition ne manquaient pas de fixer un rendez-vous à ‘mardi au Parlement’ en vue d’un éventuel ‘démontage’.

On ne parle plus d’avance des manœuvres à l’Assemblée nationale. Seul l’exercice de la Private Notice Question (PNQ) donne encore à l’opposition une bonne opportunité de spectacle mais souvent, avec le soutien actif du speaker, l’objectif visé n’est pas atteint. Des ministres de moindre envergure y laissent parfois des plumes comme Anwar Husnoo avec le Victoria Urban Terminal. Dans l’ensemble, même la PNQ n’ébranle pas les positions du gouvernement, ce qui amène le leader de l’opposition à systématiquement tenir une conférence de presse à la suite de sa question au Parlement et ceci afin de tenter de marquer des points.

C’est dire que contrairement à l’expérience passée de gouvernement mis à mal par l’opposition au Parlement et miné de l’intérieur par des backbenchers rétifs ou des ministres avec des agendas particuliers et manquant de loyauté envers le Premier ministre, Pravind Kumar Jugnauth (PKJ) ne fait pas face à ces problèmes. Ses backbenchers dépassent de loin les ministres dans l’art de se comporter en chatwas inconditionnels. Et contrairement à tous les chefs de gouvernement précédents, PKJ jouit du soutien inébranlable d’un speaker qui se comporte en bouncer de taverne.

Phokeer a jusqu’ici défendu la citadelle du Sun Trust de façon irréprochable. Mais dans sa hargne à faire plaisir au boss, il a atteint un nouveau palier. Celui d’être devenu contre-productif aux intérêts de la famille. Ses expulsions exécutées au quart de tour, ses brimades de bouncer, ses gesticulations, son comportement, commencent à agacer même les partisans du MSM.

En intervenant sur tout ce que fait et dit l’opposition, en expulsant à la ronde autant de députés que possible, Phokeer donne l’impression que le Premier ministre et ses ministres seraient totalement incompétents dans leur job, qu’ils ne maîtrisent pas leurs dossiers et que sans son intervention, l’opposition endommagerait irrémédiablement les positions du gouvernement.

Ainsi, en brimant systématiquement l’opposition et en protégeant les ministres, le speaker fait croire que ces derniers sont assis sur des dossiers explosifs qu’il faudrait cacher du regard public et rendre inaccessibles aux députés inquisiteurs. En raison de ses prises de position, le speaker a amené un grand nombre de Mauriciens à croire que sans sa protection, l’opposition aurait littéralement saccagé les bancs du pouvoir. En expulsant trois femmes parlementaires du Mouvement militant mauricien, il vient d’établir un record. Avec une telle décision, combien de votes supplémentaires a-t-il permis au MSM d’acquérir aux dépens de ses adversaires ?

Tel le monstre du Dr Frankenstein devenu incontrôlable, Sooroojdev Phokeer demanderait un sérieux rappel à l’ordre de la part du leader du MSM. Le speaker est en fait devenu l’allié objectif de l’opposition. Les dernières frasques de Sooroojdev Phokeer se produisent au moment même où le directeur-général de la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC), Anooj Ramsurrun, se rend à l’évêché pour présenter encore une fois ses excuses pour la faute commise par la MBC en censurant une partie du message de l’ancien évêque de Port-Louis. Et Ramsurrun, qui ne cache pas sa mission de se mettre au service du Premier ministre, a profité de l’occasion pour sauver la peau d’étranges personnages dont celle d’un taximan, qui dirige l’Independent Broadcasting Authority, lequel organisme allait être poursuivi par l’Église.

Autant que Ramsurrun reste efficace au service inconditionnel du boss, autant le speaker, lui aussi fidèle au Sun Trust, devient contre-productif à la cause orange.