2025 sera une année pendant laquelle les Mauriciens s’attendent à des changements dans leur vie. D’ailleurs, il a plu des promesses pendant la campagne électorale et les électeurs, séduits par ces annonces comme le prouvent les résultats du 10 novembre, s’attendent à en récolter les fruits. Le paiement d’un 14e mois n’a pas satisfait tout le monde. Ceux touchant plus Rs 50 000 sont restés sur leur faim. Les automobilistes rêvaient d’une baisse conséquente des prix des carburants, mais avec la situation financière de la State Trading Corporation, ceux-ci n’ont baissé que par Rs 5.

Les électeurs n’auront pas la mémoire courte pendant cette nouvelle année. Ils s’attendront à ce que les produits de consommation baissent durant les prochains mois. Le gouvernement avait promis une baisse de la taxe à valeur ajoutée sur plusieurs commodités tout en prenant l’engagement d’arrêter la dépréciation de la roupie. D’ailleurs, les dirigeants de l’Alliance du changement, conscients que c’est un long processus, avait écrit ceci dans leur manifeste électoral. «Entretemps et afin de protéger le pouvoir d’achat des familles mauriciennes, nous allons créer un fonds de stabilisation et de soutien d’au moins Rs 10 milliards, qui servira à stabiliser les coûts des produits de première nécessité et à alléger le fardeau des familles.» Cependant, le ministre du Commerce, Michaël Sik Yuen, a annoncé à la radio que la baisse de taxe sur la valeur ajoutée ne pourrait se faire immédiatement après avoir pris connaissance de la situation économique du pays.

Par ailleurs, ce sera probablement l’année des scandales qui seront mis au jour. Les réseaux sociaux sont remplis de clameurs d’internautes réclamant des sanctions envers des membres de l’ancien gouvernement et ceux qui gravitaient autour d’eux, soupçonnés d’être impliqués dans des actes illégaux pendant ces dix dernières années. Tout comme en 2015 quand les Mauriciens avaient découvert les coffres-forts de Navin Ramgoolam, conduisant à son arrestation, il ne serait pas étonnant de voir des hautes personnalités du pays emprunter les marches du Central Crime Investigation Department. Le meurtre de Soopramanien Kistnen demeure un mystère et les meurtriers sont toujours dans la nature. L’affaire Angus Road est un autre dossier que la police pourrait rouvrir. D’ailleurs, depuis que le nouveau gouvernement est au pouvoir, des bribes d’informations circulent sur des malversations alléguées. Des transferts suspects de fonds de la Mauritius Investment Corporation sont un dossier d’enquête déjà entre les mains de la police.

Une autre campagne électorale est en vue après celle de 2024. Le gouvernement a déjà entamé les procédures pour la tenue des élections municipales après la Fête nationale du 12 mars 2025, comme l’a annoncé Paul Bérenger. Ces élections avaient été renvoyées à deux reprises par le gouvernement dirigé par le Mouvement socialiste militant. La première fois, c’était en raison du Covid-19 et tout récemment, l’ancien Premier ministre, Pravind Jugnauth, avait prétexté une réforme des collectivités locales pour les renvoyer une deuxième fois. Le nouveau gouvernement est conscient que le moment est opportun pour organiser les élections municipales. L’opposition est toujours groggy après la débâcle du 10 novembre et elle ne s’est pas encore organisée. Le gouvernement a de fortes chances de remporter tous les sièges dans les villes en invitant les citadins aux urnes dans les prochains mois.

D’ailleurs, la présentation du discours-programme et du premier budget de Navin Ramgoolam est attendu avec beaucoup d’impatience et les économistes feront certainement une analyse des propositions du nouveau chef du gouvernement pour connaître sa ligne économique pour les cinq prochaines années. Cet exercice se fera dans un contexte difficile. D’une part, il y aura les promesses électorales à prendre en considération, mais il ne faudra pas, ignorer la situation économique du pays. Les institutions internationales ne manqueront pas aussi d’analyser la stratégie économique de Navin Ramgoolam.