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Instituts tertiaires fictifs
Une arnaque qui exploite les jeunes travailleurs étrangers
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Instituts tertiaires fictifs
Une arnaque qui exploite les jeunes travailleurs étrangers
Quand les autorités sont confrontées à des classes vides.
Dans l’univers de l’éducation internationale, une nouvelle forme d’escroquerie a vu le jour à Maurice : des établissements fictifs pour des études en tourisme. Ils se présentent comme des institutions éducatives prestigieuses, mais leur véritable objectif est bien différent. Ils exploitent les travailleurs étrangers en leur faisant payer des sommes exorbitantes sous prétexte de leur offrir des opportunités académiques ou professionnelles. Ces faux établissements travaillent de concert avec des agents des pays des ressortissants étrangers et se font des commissions à travers les étudiants. Ils travaillent non seulement avec les agents, mais aussi avec les hôtels qui ont besoin de main-d’œuvre bon marché. Ces institutions fournissent un certain nombre d’étudiants étrangers et récupèrent de l’argent sur la tête de chaque élève mis sur le marché du travail.
De nombreux indiens, victimes, sont rapatriés
Le 2 septembre de cette année, une International Business School qui se situe à Beau-Bassin s’est vue refuser des visas étudiants pour une bonne dizaine de jeunes Indiens. Le directeur de cette école en a informé les étudiants à travers une lettre : «We have been informed that your study visa will not be further entertained. Despite our struggles with both the Passport and Immigration Office and the Mauritius Qualifications Authority to keep you in Mauritius and allow you to complete your one year stay, unfortunately, we have been announced that our case has been dismissed. You are urged to make the necessary arrangements for your repatriation on the next available flight.» Ces Indiens se sont vus dans l’incapa cité à trouver de l’argent pour rentrer chez eux après avoir payé Rs 350 000 pour les promesses faites par leur agent en Inde avant leur arrivée. Ils ont pris rendez-vous à l’ambassade indienne à Maurice afin de trouver une solution à leur problème. Un mois d’extension de séjour à Maurice leur a été accordé, le temps qu’ils trouvent de quoi à financer leur billet retour.
Le PIO, l’HEC et la MQA mettent la main à la pâte
Depuis un moment, le Passport and Immigration Office (PIO), la Higher Education Commission et la Mauritius Qualifications Authority (MQA) ont été dans l’obligation de sévir au niveau de ces instituts pour mettre fin à ces pratiques illégales, afin de mettre fin à l’exploitation de jeunes étrangers qui se font escroquer par des promesses justesses. Le visa étudiant est régi sous l’Immigration Act 2022. Il y a 700 étudiants étrangers à Maurice, des Indiens, des Bangladais et des Nigériens. «Qui dit étudiant dit études. Mais dans ce cas, les études ne sont pas une priorité pour eux. Leur but est la quête d’un certificat et d’un travail pour se faire de l’argent dans le domaine de l’hôtellerie. Le student visa est valide pour un an et est renouvelé après chaque année dépendant du nombre d’années de leurs études tertiaires», nous explique le directeur général du PIO, Narendrakumar Boodhram. Il explique que, depuis 2023, plusieurs visites ont été faites dans ces instituts pour voir s’ils étaient en règle, avec les critères mis en place par les autorités mauriciennes. «Malheureusement, une quinzaine de visites surprises ont été instituées dans ces écoles à travers l’île et une quarantaine d’entre elles ne respectent pas les normes. En huit mois, 15 écoles se sont vues dans l’irrégularité et la MQA leur a enlevé leur permis d’opérer», nous dit le directeur.
Le directeur général du PIO, Narendrakumar Boodhram
Lors de ses visites surprises, des classes vides ont été découvertes, à la grande surprise des officiers, car les étudiants étaient déjà placés dans différents hôtels à travers l’île. «Pour pouvoir travailler, ces étudiants doivent être à plein temps, soit 20 heures de cours par semaine, et avoir l’autorisation du ministère du Travail pour travailler. Mais ici, ce n’est pas le cas. Les victimes de cette arnaque sont généralement des travailleurs étrangers désireux d’améliorer leur situation professionnelle. Ces écoles leur demandent de payer des frais d’inscription élevés, des commissions. Une fois l’argent encaissé, l’école offre des formations médiocres, souvent sans aucune reconnaissance officielle. Les diplômés se retrouvent alors avec des diplômes sans valeur, une dette importante et, dans certains cas, des difficultés à régulariser leur statut de séjour dans le pays», ajoute Narendrakumar Boodhram.
Quand le certificat remis par l’institut est faux
Le directeur du PIO élabore sur ces écoles fictives et explique qu’elles créent des certificats de formation ou des diplômes qui ressemblent à ceux délivrés par des institutions reconnues. «Pour ajouter une touche de crédibilité, elles intègrent des codes QR sur ces documents. Cependant, derrière cette façade de légitimité se cache une tromperie bien orchestrée. Les pages web accessibles via les codes QR ne sont souvent que des copies parfaites de sites officiels ou des plateformes élaborées pour simuler des vérifications d’accréditation. Elles ne contiennent aucune véritable information sur la formation reçue, les compétences acquises ou la reconnaissance de l’institution.» Tout récemment, un Comorien a été arrêté par le Central Crime Investigation Department pour la fabrication de faux certificats. «Ils font tous dans le fake car, pour des étudiants indiens, il y a eu de faux bank statements montrés par les étudiants.»
Narendrakumar Boodhram explique que les étapes pour lutter contre les fausses institutions consistent aussi à renforcer les règlements et les contrôles. «Les autorités ont mis en place des normes strictes pour l’accréditation des établissements d’enseignement. Cela inclut des vérifications rigoureuses des programmes proposés, des qualifications du personnel ainsi que des installations physiques. Les inspections régulières et les audits peuvent aider à identifier les établissements non conformes avant qu’ils n’affectent les étudiants. Nous donnons surtout un coup de main pour cesser ce genre de pratiques.»
Certains africains se présentant comme étudiants sont des trafiquants
La Special Striking Team a démarré une enquête après l’arrestation de deux ressortissants de Sierra Leone par la Special Intelligence Cell la semaine dernière. Daniel Tamba Moiba, âgé de 39 ans, a été arrêté en possession de cocaïne d’une valeur approximative de Rs 200 000 au morcellement Pinewood, Eau-Coulée. Cet ingénieur était déjà en liberté conditionnelle après une précédente arrestation en septembre 2023, à la rue St-Denis, Port-Louis. Son compatriote, James Koroma, âgé de 37 ans, et lui étaient également en possession de 9,10 g de cocaïne ainsi que de Rs 10 000.
Les deux sont soupçonnés de gérer un réseau de drogue majeur à Maurice, utilisant leurs contacts en Afrique pour opérer. Bien qu’ils se trouvent sur l’île sous le prétexte d’être des étudiants, il semble qu’ils ne soient pas réellement inscrits à des cours. En revanche, ils côtoient de vrais étudiants africains dans les régions de Flic-en-Flac, de Cascavelle et de Quatre-Bornes.
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