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Une campagne électorale fort musclée en 2024

25 décembre 2023, 09:05

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Des initiatives prises par le gouvernement dans la dernière partie de l’année 2023 et la nature véhémente des attaques du MSM contre l’opposition et Navin Ramgoolam, en particulier, indiqueraient déjà que la campagne électorale devant se dérouler en 2024 serait fort musclée.

L’affrontement électoral mettra aux prises deux cultures politiques différentes. D’une part, l’alliance PTr-MMM-PMSD, qui s’inspire largement d’une pratique politique fortement influencée par les Britanniques et les Européens de gauche et qui cherche à établir le plus large consensus possible entre différents segments de la société, et cela, en s’appuyant sur le principe sacré des institutions indépendantes et de la séparation des pouvoirs. Le MSM représente une école différente. En effet, le MSM a évolué de Sir Anerood Jugnauth à son fils Pravind Kumar. Étant lui-même issu des traditions britanniques, SAJ adopta quand même des méthodes robustes – pas toujours fair-play – pour accéder au pouvoir et le conserver. Le fils a développé une optique différente, beaucoup plus agressive encore, qui s’articule sur le contrôle de toutes les institutions et le servicing systématique, par des cadeaux, d’une power base pas nécessairement représentative d’une large majorité.

Le père Ramgoolam étant hors de course, SAJ avait construit sa base électorale en regroupant le maximum de ‘non-MMM’, en ralliant aussi les Travaillistes et le PMSD. Pravind Kumar Jugnauth (PKJ) depuis qu’il est devenu un acteur à son propre compte a eu pour adversaire direct Navin Ramgoolam. Ce qui l’a amené à construire sa propre power base d’une manière à priver le leader travailliste d’un large soutien dans une section de l’électorat convoité par les deux partis. Mais étant bien réaliste et voulant éviter d’être marginalisé électoralement, PKJ a aussi systématiquement cultivé d’autres franges de la société, dont les senior citizens, qui sont très nombreux et dont le vote pourrait être déterminant.

Contrairement aux autres hommes politiques, qui ont eu l’occasion de fonctionner à l’Hôtel du gouvernement, notamment Navin Ramgoolam, Paul Bérenger et Xavier Luc Duval, PKJ est passé maître dans l’art du contrôle des institutions pour assurer son maintien au pouvoir et bloquer la voie à ses adversaires. C’est dans ce contexte tout nouveau que s’annonce la campagne électorale rendue nécessaire par la dissolution du Parlement en novembre 2024.

Dans le passé, d’autres gouvernements ont eux aussi très subtilement utilisé des institutions à des fins politiques mais sans violer le principe de la séparation des pouvoirs. Pour PKJ, c’est le résultat qui compte. Avec PKJ, le réalisme politique l’emporte sur l’état d’âme de ses adversaires prisonniers du politiquement correct. Cette différence radicale d’approche a été démontrée par le projet de loi sur la Financial Crimes Commission (FCC). L’opposition a fait preuve d’une impotence incroyable face à cette loi alors que PKJ et ses troupes ont frappé dur.

La FCC n’a été qu’à son enfantement en cette fin d’année. Serait-elle le principal acteur dans le contexte des prochaines élections ? L’idée même de créer la nouvelle institution ne manque pas de créer des soupçons quant à son éventuelle utilisation politique et électorale. Le gerrymandering suspecté derrière le redécoupage des circonscriptions pourrait lui aussi s’avérer un atout électoral certain du MSM aux dépens de ses adversaires.

Dans le passé, des partis au pouvoir n’ont pas manqué de créer des tracasseries électorales pour leurs adversaires. En septembre 1970, Paul Bérenger avait été arrêté la veille de l’élection partielle à Triolet/Pamplemousses. Il ne fut relâché qu’après la proclamation des résultats. Le leader du MMM fut invité à partir calmer les ardeurs des partisans qui manifestaient bruyamment leur joie sur la voie publique après la victoire de Dev Virahsawmy. Mais jusqu’ici, on n’aura jamais arrêté le leader d’un parti politique dans le but de paralyser l’opposition avant les élections. Si cela se produisait, on assisterait à la campagne électorale la plus musclée de toute l’histoire politique du pays. Avec des conséquences inimaginables pour l’harmonie sociale et le fonctionnement économique du pays.