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Terre-Rouge
Une fuite de fioul qui rappelle de tristes souvenirs
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Terre-Rouge
Une fuite de fioul qui rappelle de tristes souvenirs
Des barrages de couleur orange ont été placés dans la mer. © Kiranchand Sookrah
Une odeur persistante de fioul se fait sentir depuis peu à Baie-du-Tombeau et intrigue les habitants. Elle émanerait non loin des anciens Dockers Flats, là où se construirait le nouveau pont Bruniquel. C’est du moins ce qu’affirment les habitants de l’endroit que l’express a croisés sur place, hier, vers 15 heures. «Ena enn fwit kot pe fer konstriksion», disent ceux qui ont encore en mémoire l’échouement du vraquier MV Wakashio. Il s’agit en fait d’une fuite provenant de Marine Biotechnology Products.
À l’entrée du chantier, des barrières ont été placées pour éviter que des badauds ne s’approchent. Un van de la Special Mobile Force en stationnement indique que d’importants travaux ont lieu derrière ces barrières. Les travailleurs semblent perplexes et ne savent pas trop s’ils doivent nous dire de nous en aller ou pas. Nous en profitons pour examiner les lieux. Nous voyons des bacs noirs de fioul, qui nous rappellent ceux que nous avions vus à Mahébourg lors de l’échouement du Wakashio. Nous essayons d’en savoir plus en interrogeant les travailleurs. L’un d’eux s’empresse de répondre «delwil ladan. Delwil, samem tou mo kapav dir twa garson», tout en jetant des coups d’œil à la ronde pour vérifier que personne ne l’a entendu. Cette forte odeur de fioul ne trompe pas. Elle réussit même à dominer l’odeur de poisson émanant habituellement de l’usine Princes Tuna, qui se trouve juste à côté. Impossible de s’approcher davantage car nous avons été repérés par le gardien. Cette fuite d’huile a gagné l’estuaire du Ruisseau de Terre-Rouge à Roche-Bois.
Les bacs que manipulent les travailleurs sont remplis de fioul. © Kiranchand Sookrah
Nous nous y rendons car l’accès est généralement libre. Mais à notre arrivée, un communiqué collé sur la porte d’entrée principale indique que l’estuaire est fermé jusqu’à nouvel ordre. Le gardien n’est pas commode. «Pa kapav rantre. Pa diman kifer, monn dir ou pa kapav rantre. Inn ekrir lor laport.» Comment en avoir le cœur net ? Nous retournons à Baie-du-Tombeau sur la plage que les habitants appellent Laplaz béton. Il y règne une animation particulière. Quelques personnes sont réunies pour mettre leurs bateaux à l’abri à l’approche de Candice.
© Kiranchand Sookrah
Sont-ils au courant d’une fuite de fioul ? «On sent une forte odeur de fioul mais nous ne sommes pas au courant s’il y a une fuite. De toute façon ici, on sent souvent cette odeur car le port n’est pas très loin», nous dit un pêcheur quinquagénaire. Il a eu vent des rumeurs mais ne s’en soucie pas. Même son de cloche du côté de son ami et collègue Sylvio, qui lui est de nature curieuse. «Je ne sais pas s’il y a une fuite mais j’ai vu des flotteurs et des booms non loin de là et du mouvement de ce côté-là. Je ne peux en dire plus car comme vous le savez bien, kan koze gagn trape isi», dit-il en nous désignant un petit sentier qui longe la côte. Ce sentier nous mène droit aux barrages placés dans l’eau pour contenir le fioul. Ces grosses bouées orange ne présagent rien de bon et nous rappellent le désastre du Wakashio. Mais après avoir scruté l’eau, nous ne voyons pas de trace de fioul.
Cougen Purseramen
«90 % du fioul flottant pompé aujourd’hui… sous réserve de la météo»
Le directeur du conseil d’administration de Marine Biotechnology Products (MBP), a fait le point hier après-midi, après la fuite de fioul déversé partiellement dans le Ruisseau Terre-Rouge, jeudi. Ruisseau qui mène à l’estuaire de Terre-Rouge, une escale pour oiseaux migrateurs.
Près d’une centaine de personnes ont été mobilisées au quotidien afin de prévenir le pire. Sauf que l’arrivée de la pluie de la tempête Candice forcera l’arrêt momentané des travaux restants. «La sécurité de nos collègues pourrait être en jeu, si on se base sur ce qui s’est passé il y a une semaine de cela. Nous ne voulons pas leur faire courir le moindre risque.» L’entreprise indique que le plus gros de l’huile déversée devrait être ainsi récupérée, avec des petites flaques qui se trouvent dans des endroits difficilement accessibles, restantes. «Depuis jeudi, nos hommes récupèrent le plus possible de liquide contaminé dans les endroits où on peut accéder. Pendant ce temps, d’autres descendent le long des berges escarpées en amont et, à l’aide de souffleurs de feuilles, redirigent les petites quantités vers les zones de pompage afin d’empêcher que le fioul ne se dépose sur les côtés», indique Cougen Purseramen.
Le nettoyage se fait également à partir de l’estuaire, en remontant la rivière. Des pêcheurs sont venus prêter main-forte au nettoyage tout en mettant leurs bateaux à disposition pour ramener à terre, des tonnes de déchets déposées, de chaque côté de la rivière, suite au passage de Belal. D’après MBP, la bonne nouvelle c’est qu’à ce stade aucun animal mort n’a été retrouvé.
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