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Jean Claude de l’Estrac, observateur politique
«Une grande majorité des électeurs souhaite un renouveau de la classe politique»
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Jean Claude de l’Estrac, observateur politique
«Une grande majorité des électeurs souhaite un renouveau de la classe politique»
Quel est votre sentiment à la lecture du baromètre politique de l’express/ Synthèses ? Avez-vous été surpris par les résultats de cette enquête ?
C’est une excellente initiative de nous offrir, les citoyens, les dirigeants politiques, les journalistes et les observateurs, une bonne photographie de l’humeur présente du pays. J’ai trouvé, personnellement, confirmation de plusieurs de mes hypothèses. La surprise est venue du très bon score de l’opposition dans les intentions de vote, en particulier l’écart considérable qui sépare les deux blocs.
Il y a surtout le très fort pourcentage de Mauriciens, deux sur trois, qui souhaitent l’émergence d’un nouveau leader politique. Qu’est-ce que cela implique ?
Cela dit clairement la fatigue des électeurs vis-à-vis de la classe politique actuelle. C’est tout à fait compréhensible quand on sait que nos principaux dirigeants politiques occupent la scène depuis des décennies. Et même chez les nouveaux petits partis – qui restent petits –, on trouve des dirigeants usés et vieillis. Il n’est pas étonnant dès lors qu’une grande majorité des électeurs, ils sont 73 % chez les moins de 50 ans, souhaite un renouveau de la classe politique.
Mais à la question de savoir si un nouveau leader pourrait émerger d’ici les prochaines élections, les sondés sont plutôt sceptiques. Ont-ils raison ?
Ce relatif scepticisme est tout à fait compréhensible. En l’absence de ce nouveau leader qui pourrait incarner le changement, la question apparaît plutôt académique. Et puis, il faut s’entendre sur ce que «émerger» veut dire. J’estime, pour ma part, qu’il est illusoire de penser qu’un nouveau leader, quelles que soient ses qualités, pourrait en un an s’imposer, réunir une équipe crédible et prétendre obtenir une majorité de sièges et former le prochain gouvernement.
C’est dans ce contexte que je place la question d’une transition. S’il devait exister, je vois ce nouveau parti, ce nouveau leader, rejoindre le camp de l’opposition traditionnelle aux prochaines élections malgré la contradiction d’un soutien tactique à la vieille garde. C’est cela la transition à la condition qu’elle soit assortie d’un programme et d’un calendrier.
Considérez-vous que les jeux soient faits compte tenu de l’écart, 36 % contre 25 %, entre les deux alliances ?
Loin de là. À un an des élections, les partis au pouvoir ont les moyens de renverser la situation. On voit bien les leviers qu’ils actionneront en faveur d’un électorat dont les principales préoccupations sont les enjeux de «bread and butter». Il y a fort à parier qu’une partie de l’électorat se laissera séduire par les douceurs électorales de dernière heure. Pour l’heure, en tout cas, la joute est ouverte, d’autant plus qu’une forte proportion des électeurs est en attente d’une nouvelle proposition politique. Il ne faudrait pas cependant qu’elle tarde à se manifester.
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