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Une guerre de l’information et de la perception
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Une guerre de l’information et de la perception
C’est une guerre de l’information. Mais aussi de la perception. Alors que l’opposition s’acharne sur le redoutable et dangereux Financial Crimes Commission (FCC) Bill, le gouvernement offre, dans le même souffle, une compensation salariale de 10 % across the board avec, certes, un plafond de Rs 2 000. Alors que l’on s’adonne à un discours guerrier dans les médias, avec comme ennemi désigné, le futur patron omnipotent de la FCC, qui aura des pouvoirs aussi vastes et étendus que le commissaire de police, couplés à ceux du directeur des poursuites publiques, avec une branche de la FIU comme fille d’honneur, Renganaden Padayachy, saluant sans cesse le soutien direct du Premier ministre, annonce que le revenu minimum de ceux se situant au plus bas niveau de l’échelle salariale passera à Rs 18 500 à la fin de janvier 2024, sous les applaudissements nourris des principales forces syndicales, qui tentent de récolter des dividendes de cette avancée salariale des plus spectaculaires.
Certains économistes évoquent la hausse nominale en termes économiques mais ceux au bas de l’échelle s’en réjouissent alors que l’opposition, qui avait mis la FCC en ligne de mire, se voit forcée de changer de fusil d’épaule et de favoriser la compréhension face à la perte manifeste du pouvoir d’achat chez la classe des travailleurs. Le patronat, le grand, qui a bénéficié de la MIC, doit afficher un semblant de rejet pour la forme ou la logique économique, en même temps, comme raseur de murs et de couloirs, il ne peut pas se permettre de casser le momentum ou feel good factor qu’essaie d’engendrer le gouvernement de Pravind Jugnauth à une douzaine de mois des prochaines législatives. C’est un risque bien trop grand.
L’information, «qui avait toujours été une source de pouvoir, est devenue un pouvoir en soi, un levier de puissance (…)», rappelle David Colon, un spécialiste de l’histoire de la propagande et de la manipulation de masse, dans son ouvrage La Guerre de l’information ou quand les États se lancent «à la conquête de nos esprits».
Il n’a pas tort : les stratèges du Mouvement socialiste militant ont choisi de desserrer la ceinture alors que le FCC Bill est présenté au Parlement, sachant fort bien que le petit peuple aura d’autres chats et achats à s’occuper. L’opposition, comme attendu, allait tomber sur le FCC, comme un os inespéré pour boucler 2023 et démontrer les dérives autocratiques du régime. Sauf que celui-ci s’est allègrement rangé derrière ceux qui criaient pa pé kapav zwenn dé bout, quitte à hérisser les Petites et Moyennes Entreprises. Ainsi mis devant la compensation salariale, qui vient bousculer pas mal de choses, les dirigeants de l’opposition n’ont d’autre choix que de privilégier un discours de circonstance tellement nuancé qu’il devient vide de sens.
En effet, comment Ramgoolam, Bérenger et Duval, qui veulent libérer le peuple, pourraient critiquer le rétablissement ponctuel du pouvoir d’achat à cette période cruciale de notre développement quand ils ne sont pas au pouvoir et qu’ils tentent de le retrouver, en faisant un ménage à trois, contre les courants des Money Politics, en faisant abstraction du rétroviseur de l’histoire. L’histoire de demain s’écrit aujourd’hui. Mais avant, il faut gagner la guerre.
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