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Une question simple transformée en un marathon verbal

15 novembre 2023, 12:00

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Une question simple transformée en un marathon verbal

La question était pour- tant simple, mais le Premier ministre, Pravind Jugnauth (photo), a pris 22 minutes à s’expliquer pour ensuite donner la réponse en deux minutes. La députée du Mouvement socialiste militant Joanne Tour voulait simplement connaître le nombre de policiers promus au rang de sergent depuis janvier 2020 et le nombre de recrues dans la force policière depuis juin 2023. Le chef du gouvernement a parlé du rôle de la police avec ses différentes unités, la réforme de la police, les méthodes de recrutement, les tests d’aptitude et les qualifications académiques pendant plus d’une vingtaine de minutes.

Le chef du gouvernement qui répondait à côté a fini par irriter les membres de l’opposition. Arvin Boolell a été le premier à protester. «Vous pouvez circuler cette partie de la réponse. Vous abusez du temps alloué», a-t-il commenté. Toutefois, le speaker, Sooroojdev Phokeer, était d’avis qu’Arvin Boolell luimême faisait perdre du temps à la chambre. «Vous devez soulever un point de droit pour intervenir», lui a conseillé le président de la Chambre, mais l’élu du Parti travailliste lui a fait comprendre qu’il ne lui accorderait pas ce privilège. «You never know», a répondu Sooroojdev Phokeer. Arvin Boolell a eu raison. Lorsque Shakeel Mohamed a saisi la balle au bond pour demander la permission de soulever un point de droit, le speaker le lui a refusé. «Kifer? Why?» a demandé le député rouge. «Diktatir», a ajouté Arianne Navarre-Marie.

Le Premier ministre n’a aucunement pris en considération les protestations de l’opposition. Il a continué à lire la réponse que ces conseillers lui avaient rédigée tout en parlant des épreuves physiques pour les aspirants policiers. «PM ti pou fel si li fer sa», a déclaré ironiquement un membre de l’opposition à Pravind Jugnauth. «Barbel péna.» Il faisait sans doute illusion à une photo de Navin Ramgoolam circulant sur les réseaux sociaux. Cette fois-ci, Xavier-Luc Duval devait perdre patience devant la réponse jugée inappropriée du Premier ministre. «It is too much!», a-t-il protesté.

Sooroojdev Phokeer l’a rappelé à l’ordre ainsi que ses collègues. «Soyez polis. We are in a civilised parliament», a-t-il soutenu. Cette remarque a fait rire les membres de l’opposition. «Qui le dit», a-t-on entendu. Profitant une nouvelle fois de la situation, Shakeel Mohamed a demandé la permission de soulever un point de droit de manière «civilisée» pour protester officiellement contre la longue réponse du chef du gouvernement. «Pas de point de droit», a clamé sèchement le speaker.

Lorsque la députée Joanne Tour a posé une question supplémentaire au Premier ministre sur des allégations de fuites des questionnaires aux examens du poste de sergent, Pravind Jugnauth a en profité pour égratigner le PTr citant Dhiraj Khamajeet qui avait déclaré qu’il pouvait faciliter le recrutement dans la fonction publique. «C’est pour cette raison que moi, j’ai pris la peine de donner une longue réponse pour expliquer les procédures pour l’exercice de recrutement et de promotion», s’est-il justifié, pour plus tard dire, en souriant à Xavier-Luc Duval : «Mo espéré zot pa pou dir bribe électoral.»

Toujours sur ce sujet, plusieurs membres de l’opposition ont tenté de poser une question au Premier ministre, mais en vain. «Mr Speaker, in a civilised way, may I ask a question to the Prime minister», a demandé Ritish Ramful, mais c’était sans suite. Le chef du gouvernement avait consacré 30 minutes rien qu’à cette question. Pendant la pause, un membre de l’opposition devait faire ressortir qu’au moins Maya Hanoomanjee, comme speaker, contraire- ment à Sooroojdev Phokeer, avait le courage et le cran d’interrompre un ministre et un Premier ministre quand leur réponse était trop longue et inappropriée.

Il faut aussi rappeler que pendant la PNQ, le chef du gouvernement était silencieux. Toutefois, quand Xavier-Luc Duval a fait remarquer qu’aucun membre du gouvernement n’a tapé sur leur pupitre pour féliciter le ministre Bobby Hurreeram, Pravind Jugnauth a fait un commentaire au leader de l’opposition toujours en souriant. «C’est bon de rappeler ce qui s’est passé à Port-Louis en 2013. Vous étiez où ? Aucune compensation ?» a-t-il fait ressortir.