Ce jeudi soir, les projecteurs s’allument sur quatre stades, quatre ambiances, quatre histoires à écrire. La Ligue Europa entre dans sa phase décisive, et les quarts de finale (manche retour) promettent autant de frissons que d’explosions de joie – ou de déceptions. Ils sont encore huit à rêver de la finale, mais chacun sait qu’il ne reste plus qu’un match pour écrire sa propre légende européenne.

Du côté de Francfort, les supporters de l’Eintracht préparent déjà leur stade comme un chaudron. Le nul ramené de Londres (1-1) leur donne un petit avantage, mais rien n’est joué face à des Spurs souvent imprévisibles. Tottenham, bousculé par la régularité allemande, sait qu’il faudra sortir un match plein pour espérer passer. Ce club londonien, en quête de trophées et d’identité, joue peut-être là plus qu’une simple qualification. La saison est poussive, les ambitions floues, et la Ligue Europa apparaît comme leur seule vraie échappatoire. Une défaite, et les critiques, déjà nombreuses, enfleront encore.

Pendant ce temps, à Rome, c’est l’heure du sursaut ou du naufrage. La Lazio, piégée 2-0 en Norvège par une surprenante équipe de Bodo/Glimt, devra renverser un scénario mal engagé. Les Norvégiens, discrets mais redoutablement organisés, n’ont rien d’un accident de parcours. Ils ont battu les Italiens avec maîtrise, presque avec froideur. Pourtant, les Romains peuvent encore croire à une remontée, portés par un public qui a vu d’autres miracles. Mais la pression est immense. Un but encaissé, et c’est presque fini. Il faudra donc être à la fois lucide et inspiré, deux qualités qui leur ont manqué à l’aller.

■ Les Spurs retrouvent leur antre de Londres pour un choc décisif face à l’Eintracht Francfort.

À Bilbao, c’est une autre forme de tension qui s’installe. Un 0-0 à l’aller face aux Rangers, mais un match qui avait tout du bras de fer. Les Écossais, réduits à dix rapidement, ont défendu leur but avec l’énergie du désespoir, allant jusqu’à repousser un penalty. Bilbao, s’ils veulent rêver plus grand, devront se montrer plus efficaces. Dans leur forteresse de San Mamés, ils auront le soutien d’un public qui rêve d’une apothéose : une finale européenne à la maison, dans quelques semaines. De quoi donner des ailes ou ajouter une pression supplémentaire.

Et puis il y a ce match, probablement le plus médiatique de tous : Manchester United contre Lyon. Un alléchant 2-2 au match aller, des erreurs, des éclairs, du suspense jusqu’au bout. United, fort de ses individualités mais plombé par ses errements défensifs, ne pourra pas se permettre la moindre approximation. En face, Lyon ne viendra pas en victime. Cette jeune équipe, portée par un enthousiasme retrouvé, a montré qu’elle avait le courage et le talent pour rivaliser avec les plus grands. À Old Trafford, il faudra du caractère, beaucoup de sangfroid, et peut-être un soupçon de génie.

Tous ces clubs abordent ce jeudi avec leurs doutes, leurs certitudes, leurs espoirs. Aucun d’eux ne peut dire que la qualification est acquise. Les écarts sont faibles, les marges de manoeuvre réduites. Un carton rouge, un penalty, une décision arbitrale ou un but venu de nulle part peuvent tout faire basculer. C’est ce qui rend cette compétition si passionnante : son imprévisibilité, sa cruauté parfois, mais aussi sa capacité à révéler des héros inattendus.

Quatre matches. Quatre places en jeu. Et des histoires prêtes à s’écrire, dans la fièvre d’un jeudi soir européen.