Publicité

Violence domestique

Une Ukrainienne détenue pour vol après avoir dénoncé un viol

4 mars 2024, 15:29

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Une Ukrainienne détenue pour vol après avoir dénoncé un viol

(Photo d'illustration)

Le cas de Marina, une Ukrainienne résidant à Maurice depuis plus d’une décennie, est l’exemple poignant des défis auxquels peuvent être confrontées les victimes de violence conjugale qui osent briser le silence. Elle est actuellement détenue pour une affaire de vol, son compagnon l’ayant accusée d’avoir dérobé sa montre et d’autres objets d’une valeur de Rs 200 000. Alors que ce dernier n’a pas été inquiété jusqu’ici par la police après la plainte de Marina pour viol, celle-ci subit néanmoins les conséquences d’avoir dénoncé un traitement inhumain à son égard. Incarcérée au poste de police de Vacoas, cette mère de deux enfants, âgés de neuf et sept ans, n’arrive toujours pas à obtenir de libération conditionnelle.

La descente aux enfers de Marina a commencé lorsqu’elle a osé dénoncer les abus subis de la part de son compagnon lors d’une déposition au poste de police de Rivière-du-Rempart quelques semaines auparavant. Au lieu de recevoir le soutien et la protection auxquels elle avait droit, elle se retrouve en détention depuis le 17 février, accusée d’un crime qu’elle nie avoir commis. La tournure de ces événements soulève des questions alarmantes sur la protection des victimes de violence domestique car, selon ses proches, le compagnon a pu repartir après un interrogatoire de quelques minutes sans que les autorités enquêtent davantage sur les allégations de viol et de torture.

Résidant à Maurice depuis plus d’une décennie, l’Ukrainienne est arrivée en compagnie de son époux, un Anglais, qui avait obtenu un permis de résidence. Après leur divorce il y a quelques années, sa vie a pris un tournant difficile. La garde de ses enfants a été confiée à son ex-mari et elle a tenté de reconstruire sa vie dans une autre relation qui s’est révélée encore plus malheureuse. Pendant longtemps, elle a subi toutes sortes de sévices de la part de son partenaire, qui a même confisqué son passeport. Depuis son divorce, Marina vit dans une situation d’irrégularité car elle n’a plus de permis pour pouvoir rester à Maurice. Sans son passeport, elle rencontre des difficultés pour entreprendre des démarches, alors que son compagnon lui a promis de l’aider à obtenir un permis de travail.

La détention de Marina dans des circonstances aussi troubles, soulignent ses proches, est une violation flagrante de ses droits fondamentaux. Sa santé mentale et son bien-être sont gravement compromis par cette situation. Son séjour en détention, loin de garantir la sécurité qu’elle mérite, ne fait qu’aggraver son traumatisme et sa détresse. De plus, malgré les efforts de ses avocats, Mes Shailesh Seebaruth et Vijay Cooshna, l’incapacité de Marina à obtenir une libération conditionnelle en raison de l’absence de son passeport rend les choses encore plus compliquées. «Son statut précaire, résultant de l’expiration de son permis de séjour, devrait être traité avec compréhension et non pas utilisé comme un moyen de la maintenir derrière les barreaux. Son calvaire aurait pu être évité si les autorités compétentes avaient réagi de manière adéquate à ses appels à l’aide», disent ses proches.

Ils évoquent aussi la possible existence de collusion entre son compagnon et les forces de l’ordre. Les allégations selon lesquelles ce dernier aurait des liens étroits avec la police sèment le doute sur l’intégrité du système et alimentent les craintes quant à l’obtention de justice dans cette affaire.

L’histoire de Marina révèle également les déficiences du système de soutien aux victimes de violence conjugale à Maurice. Ses proches demandent aux autorités de prendre des mesures immédiates pour garantir la sécurité et le bien-être de Marina, et une enquête approfondie et impartiale sur cette affaire. Sa quête de justice, disent-ils, est un appel à l’action pour garantir que personne ne soit laissé-pour-compte dans la lutte contre la violence domestique.