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Portrait

Christine Sauzier: Une vie façonnée par des valeurs familiales et sportives

2 novembre 2024, 22:00

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Christine Sauzier: Une vie façonnée par des valeurs familiales et sportives

Christine Sauzier, présidente de l’Electoral Supervisory Commission et de l’Electoral Boundaries Commission.

Le 22 octobre, jour du Nomination Day, les candidats de plusieurs circonscriptions ont pu voir à l’œuvre Christine Sauzier, présidente de l’Electoral Supervisory Commission (ESC) et de l’Electoral Boundaries Commission (EBC). Les valeurs familiales et sportives ont toujours guidé ses pas. Ce qui lui a permis de relever ses défis professionnels avec succès, de même que ses épreuves personnelles. Son parcours en marge des élections du 10 novembre.

Ceux qui ont connu Christine Sauzier dans sa prime jeunesse, ne manqueront pas de noter qu’elle a conservé une silhouette athlétique, avec toutefois quelques kilos en moins. C’est sans doute dû au régime strict qu’elle s’impose depuis qu’elle est en rémission de cancer (elle ne consomme point de sucre artificiel, ni d’aliments en conserve et ne mange que des légumes frais cultivés dans son jardin bio) et à la pratique quotidienne d’un sport qui peut être soit le yoga, le pilates, la gym, la marche, le golf depuis peu ou le tai chi qu’elle pratique depuis une vingtaine d’années.

Quand on vient d’une famille aussi bien sportive qu’engagée dans la profession légale, suivre ces deux voies coule de source. Quand Christine Sauzier naît, il y a 58 ans, son père n’est pas au pays. En effet, Clément Curé participe aux Jeux du Commonwealth, qui ont lieu en Jamaïque. Les Curé habitent Vacoas. «Le sport a fait partie de notre éducation. Tous les matins, vers 5 h 45, été comme hiver, on faisait de la course à pied au Gymkhana. Et même pendant les vacances, nous allions courir tous les jours sur la plage de Mont Choisy.» Des entraînements qui leur ont inculqué «le goût de l’effort, de la discipline, de l’entraînement pour atteindre nos objectifs, l’endurance, la résilience, des valeurs qui m’ont servi dans mon parcours personnel», raconte Christine Sauzier.

Équilibre entre sport et études

Après une scolarité primaire au Lorette de Vacoas, elle intègre le Lorette de Quatre-Bornes (LCQB). Alliant sport et études, elle excelle en athlétisme qu’elle pratique au niveau scolaire (elle est d’ailleurs capitaine de l’équipe d’athlétisme de son école) et au niveau national et inter-îles. «Le sport m’a aidée à être bien dans mon corps et dans ma tête et j’ai pu trouver l’équilibre entre le sport et les études». En Form VI, elle opte pour l’anglais, le français et les mathématiques comme matières principales d’étude. Malgré la pratique assidue du sport et ses responsabilités en tant que Head Girl, au final, elle se classe troisième juste après les lauréats. Ce qui lui vaut d’obtenir une bourse du gouvernement français.

C’est tout naturellement que le droit s’impose à elle comme filière d’études supérieures. Elle veut être avocate mais son grand-père maternel, Harold Glover Sr., l’incite à étudier pour devenir avoué car il estime qu’elle sera plus épanouie dans cette discipline de la profession légale. C’est à l’université de Rennes en France qu’elle étudie le droit pendant trois ans. À son retour à Maurice, elle complète ses études de droit à l’université de Maurice pendant deux ans et fait sa spécialisation d’avoué auprès du Council for Vocational and Legal Education.

Le droit en libéral l’intéressant, elle intègre l’étude de Danielle Lagesse, qui devient alors l’étude Lagesse-Sauzier. Les deux femmes travaillent en tandem. Il en est ainsi pendant 15 ans jusqu’à ce que le groupe CIEL sollicite Christine Sauzier. Elle fait le saut vers le droit transactionnel en novembre 2006, devenant leur in-house lawyer. Elle met en place un département légal et le dirige pendant plusieurs années.

Bombe

À ce stade, on pourrait penser que Christine Sauzier est une femme sans problème. Cette maman de deux fils (Romain, 36 ans, sommelier et restaurateur à Rodrigues et Emmanuel, 30 ans, avocat chez ENS), mène effectivement une vie équilibrée entre son travail et sa vie personnelle et sportive et coche toutes les cases au niveau santé. Or, en 2019, alors qu’elle a 52 ans, lors d’un test de routine, on lui découvre une tumeur de stade 2 au sein. «J’étais en bonne santé. Cela m’est tombé dessus. Le premier choc passé, mes valeurs sportives ont repris le dessus et m’ont permis d’envisager la maladie non pas comme une fatalité mais comme une épreuve à surmonter.»

Elle part pour Cape Town en Afrique du Sud où le diagnostic lui est confirmé et où elle démarre une chimiothérapie très agressive avant d’être opérée pour subir une double mastectomie et une reconstruction mammaire. La pandémie du Covid-19 éclate et la coince pendant trois mois et demi en Afrique du Sud. Elle ne prend du repos que dix jours, faisant du télétravail et continuant la pratique du sport mais de façon moins intense. «Le sport m’a soutenue mais j’ai aussi eu autour de moi beaucoup de gens bienveillants et extraordinaires qui m’ont envoyé des ondes positives, qui m’ont portée dans les moments difficiles. J’ai pu compter sur le soutien de mon mari, de ma famille proche et de mes amis. Ce sont des soutiens-clés dans ces moments-là», raconte-t-elle.

Elle reconnaît que le cancer est une épreuve qui change une personne. «Le cancer change profondément ta perspective sur la vie, sur les gens. Il te ramène à l’essentiel, il t’apprend à faire les choses que tu souhaites faire, à te détacher quelque part. En fait, tu trouves ton être profond, ta force de vie et ne compte plus que ce qui est vraiment important.» Elle a passé le cap des trois ans de rémission et respecte ses check-up à la lettre.

Depuis janvier dernier, elle est Group Legal Consultant pour le groupe CIEL et est aussi partenaire chez Dentons. Appelée à faire la différence entre l’exercice du droit en libéral et en entreprise, Christine Sauzier indique qu’en entreprise, il s’agit de faire de la prévention, d’innover afin d’éviter les problèmes alors que dans le judiciaire, les problèmes sont avérés la plupart du temps et il faut les gérer. Elle a pris autant de plaisir à exercer dans un domaine comme dans l’autre, même si elle aime la pratique des Merger and Acquisitions où «la négociation est capitale. Le transactionnel est exigeant, même si aujourd’hui, le droit en libéral a changé et comporte plus d’ouverture sur l’international.»

Étant très consciente de l’absence de femmes dans certains secteurs, elle siège sur quelques conseils d’administration et accepte en 2020 d’intégrer celui de la Banque de Maurice. Elle est également membre du Monetary Policy Committee. Elle préside pendant un temps et siège au conseil d’administration du Mauritius Institute of Directors et a été membre de Business Mauritius. Elle a complété ces deux derniers mandats.

Hésitations

Christine Sauzier avoue avoir été hésitante lorsqu’on lui a proposé le poste de présidente de l’ESC. «Même si je voulais relever le défi, j’étais un peu appréhensive car je n’avais pas d’expérience des élections. Après avoir discuté avec mon entourage (NdlR: elle est mariée à l’avocat Maxime Sauzier), j’ai considéré que c’était une opportunité à saisir de servir mon pays car j’ai des valeurs familiales profondes comme le respect des autres et des différentes communautés et une éthique à laquelle je suis profondément attachée.»

Elle ajoute qu’elle n’est pas de ceux qui ne font que s’asseoir et critiquer mais plutôt de ceux qui sont prêts à relever leurs manches et à s’engager là où ils savent que leurs valeurs et leurs compétences seront utiles. Christine Sauzier rappelle que le frère de son grand-père était le Dr Maurice Curé, grand patriote. «Depuis petite, mes parents m’ont inculqué l’importance de la fibre patriotique. C’est très fort chez moi qui suis métisse, mauricienne et fière de l’être».

Elle se dit toujours en mode d’apprentissage auprès de l’ESC et de l’ESB et surtout chanceuse d’être entourée et épaulée par des personnes compétentes comme Irfan Rahman, le commissaire électoral et son adjoint Mooneeswur Seetaram, «qui abattent un travail monumental. Je suis impressionnée par leur professionnalisme et le travail monstre qu’ils font et qui n’est pas toujours reconnu à sa juste valeur.»

Il faut croire qu’elle est rapidement rentrée dans les chaussures de présidente de l’ESC car après le Nomination Day, elle a été félicitée par les deux leaders de l’Alliance du changement, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger. Bien qu’ils soient sept membres à l’ESC et qu’ils se répartiront le travail au niveau des circonscriptions comme ils l’ont fait le jour du Nomination Day, elle tâchera de superviser le plus grand nombre de circonscriptions possibles le jour du scrutin et celui du dépouillement.

Appelée à dire ce qu’elle pense des rumeurs concernant de possibles fraudes électorales, Christine Sauzier rappelle qu’il y a eu 12 pétitions électorales logées après les dernières élections de 2019 et qu’aucune n’a été gagnée. «Les élections se déroulent sous la supervision des candidats et de leurs agents qui vérifient tout le processus électoralet qui vont jusqu’à dormir devant les salles où se trouvent les urnes scellées et gardées sous leurs yeux. On ne peut pas empêcher les rumeurs mais il ne faut pas que les gens soient crédules. Toutes les procédures sont mises en place par le bureau du commissaire électoral pour qu’il n’y ait pas de fraude possible.»

Elle réitère son admiration pour le travail effectué par le commissaire électoral, son adjoint et toutes les équipes qui dirigent et organisent ce processus. «C’est une machinerie extraordinaire, qui est mise en place en peu de temps. Je crois dans le processus démocratique et nous sommes là pour le faire respecter. Tout le monde doit jouer le jeu, la police, le bureau du commissaire électoral et son personnel, l’ESC. Nous sommes chacun une pièce du puzzle et nous devons tous jouer notre partition pour que cela fonctionne.»

Son souhait est que ces élections se déroulent dans un climat de paix et de sécurité, dans le respect de tous, comme pour le dépôt de candidatures. Nous ne pouvons que lui faire écho…