“IS issued a new video of a man called Abu Shuaib Al Afriqi. He is speaking about Mauritius, and that IS fighters will liberate it soon. He also urged its people to travel to the IS lands.” C’est en ces termes que le bureau de Nairobi de Reuters a contacté l’express hier, mardi 7 décembre. L’agence de presse se demandait si on avait connaissance de cette vidéo et si les autorités mauriciennes étaient au courant. Nous avons sollicité un membre du gouvernement qui en ignorait l’existence hier soir et lui avons par la suite transmis le lien vers la vidéo.

Celle-ci avait été postée sur YouTube, mais a par la suite été supprimée. Nous avons pu la retracer sur un site d’archives. Et ce que l’on y découvre est inquiétant. L’intervenant est Mauricien et parle en kreol. Nous n’avons pu confirmer s’il s’agit bien d’Abu Shuaib Al Afriqi.

Mo fer enn apel ek tou mo bann frer ek ser ki a lil moris

Un drapeau de Daech figure en haut à droite. La vidéo, d’une durée de 11’31 démarre comme un film de propagande : on voit ce Mauricien avec ses enfants, une famille heureuse, qui va à la fête foraine. On en déduit qu’il n’est pas à Maurice et l’on aperçoit une image d’un pays avec des palmiers.

Ensuite, on voit cet homme avec d’autres compagnons. À ce moment, il lance un appel aux Mauriciens à rejoindre l’État islamique. «Mo fer enn apel ek tou mo bann frer ek ser ki a lil moris», commence-t-il. Il ajoute, toujours en kreol, que l’État a été fondé et que «ses frères» ont juste à faire un pas. Il fait un appel principalement aux commerçants. Il parle de retourner «sur les pas de nos ancêtres qui pann propaz islam par zis les mots doux ki Obama, ki Cameron, ki Jugnauth, ki Ramgoolam pe fer zot kroir. Sa ‘deen’ là li propagé par le livre d’Allah et par le sabre. Kan zot vini, main dan la main nous pour ouver lil moris (…) Zot konbat nou avek media, nou konbat zot avek nou lekor, avek tou lafors ki nou ena». Il parle également beaucoup en arabe.

On revient ensuite sur des images avec sa famille, faisant des courses, puis il passe à l’anglais pour demander aux professionnels comme les infirmières, les docteurs, de rejoindre le califat, de faire hijra (l’exil des musulmans, l’émigration vers un pays musulman). Il reparle d’Obama, Cameron, Jugnauth et Ramgoolam et réitère son appel, en français cette fois. 

Ces images semblent accréditer la thèse de départ de Mauriciens pour les pays comme l’Irak ou la Syrie. L’express, le 19 novembre, a d’ailleurs déjà parlé de quatre Mauriciens partis en Syrie.