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Vente à la barre: drame humain

16 mai 2016, 21:45

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Vente à la barre: drame humain

Abu Toorabally a perdu sa maison à la vente à la barre en 2013. Il n’arrivait plus à rembourser son emprunt pour cause de maladie. Sauf qu’il n’est toujours pas au courant du montant obtenu lors de la vente.

Il habite temporairement dans une maison comprenant deux pièces, en compagnie de sa femme et de son fils, à Pamplemousses. À peine 100 m plus loin, se trouve l’ancienne maison qui n’est plus la sienne et qu’il n’ose même pas regarder.

«Je n’ai pas de cuisine», nous raconte sa femme, qui s’efforce de cacher ses larmes en présence de son fils, un sourd-muet âgé de 14 ans. «J’espère que le Premier ministre entendra nos appels.»

Hemwantee Poorun, que nous avons rencontrée dans sa modeste demeure à Dagotière, vit, elle, dans l’angoisse depuis qu’elle a reçu un ordre d’éviction le mois dernier. Cette veuve, mère de trois enfants, n’a pu honorer les engagements liés à l’emprunt qu’elle avait contracté dans les années 90. Son fils étant malade, elle ne sait plus à quel saint se vouer. C’est en sanglotant qu’elle implore l’aide du Premier ministre. «On me dit qu’on mettra mes affaires dans la rue si je ne pars pas à la fin de mai. Où vais-je partir? Je demande au Premier ministre de considérer nos cas. J’accepte de ne pas avoir de pension mais ne prenez pas ma maison.»

Selon Salim Muthy, du Mouvement victimes Sale by Levy, 266 maisons ont été vendues à la barre de début janvier au 5 mai 2016. Il réclame la suspension de la vente à la barre en attendant la mise sur pied de la Commission for the Protection of Borrowers recommandée dans le rapport de la commission d’enquête.

Le Sale by Levy ou vente à la barre implique les biens immobiliers hypothéqués qui ont été saisis suivant le non-remboursement des emprunts. Lorsqu’un emprunteur n’est plus en mesure de rembourser sa dette, les créanciers enclenchent un processus de recouvrement avant que le bien immobilier soit vendu à la barre.

Seul couac, l’argent obtenu dépasse rarement 25% de la valeur réelle du bien immobilier dont souvent un logement familial est concerné. L’emprunteur se retrouve sans maison et avec une somme dérisoire, sans compter les frais d’avocats. D’après Salim Muthy, environ 72 000 personnes connaissent un problème financier. Il dit accueillir favorablement le rapport qui «reconnaît les failles du système actuel».