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Pauvreté : leur réveillon malgré tout…
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Pauvreté : leur réveillon malgré tout…
Panchvati, un hameau coincé entre Poudre-d’Or et Rivière-du-Rempart. Rajkumari Noyan, la soixantaine, s’attelle à ses corvées. Vêtue d’un haut blanc et d’une jupe imprimée à fleurs, cette femme laboureur s’excuse pour le désordre qui règne dans la maison en tôle faisant environ 30 mètres carrés. Son chat fait le va-et-vient dans la pièce qui fait à la fois office de cuisine et de chambre à coucher. Elle évoque les difficultés à élever sa fille de 14 ans, Parvati, assise à ses côtés. Quel plan pour le réveillon ou encore pour le Nouvel An? Pas de shopping au programme ni de menu extravagant, faute de moyens. Qu’en est-il des pétards? Pas sûr non plus d’en acheter. «Kan nou éna kass nou asté», fait-elle comprendre.
Toutefois, pas question pour Rajkumari de passer son temps à se plaindre, même si elle concède que la situation financière n’est pas facile à gérer. En dépit de ses difficultés, elle tâchera de partager un repas avec sa famille… Bien sûr tout dépendra des moyens.
«Nous allons peut-être rester à la maison en famille avec le strict minimum. Tout dépend de l’argent qu’on a», dit-elle en souriant, les yeux rivés sur sa fille. Et elle ne ratera pas un autre rendez-vous. «Nous tâcherons d’aller au shivala comme chaque année en famille et puis mes deux fils, qui sont adultes, décideront de ce qu’ils veulent faire par la suite.»
Comme toute bonne mère, elle essayera de rendre sa famille heureuse comme elle l’a fait pour Noël. Elle désigne la poupée qui se trouve encore dans son emballage que sa fille serre jalousement entre les mains. «Mo fer maximum pou mo zanfan pa mank nanié pou lané osi. Mé li difisil akoz nou travay pa fix», se désole Rajkumari, dont le mari est aide-maçon.
Les Noyan ne sont pas les seuls à être dans cette situation. «Nous allons faire le maximum pour fêter le réveillon et le Nouvel An de façon traditionnelle, mais rien n’est sûr. Ce week-end spécial pour certains pourrait être deux jours normaux pour nous», concède Wendy Constance, mère de deux enfants en bas âge.
Sa maison en tôle composée de deux pièces se situe à la rue des Orchidées, Beau-Vallon. Elle vit avec cinq autres familles dans la même situation précaire. Les enfants, qui courent dans tous les sens, ne semblent pas être préoccupés. Une façon peut-être d’égayer cette période de fête dans ce quartier qui est touché par l’extrême pauvreté.
Don des habitants le jour de Noël
Wendy Constance garde l’espoir de pouvoir accueillir 2017 comme il se doit, comme cela a été le cas le jour de Noël. «Nous sommes très reconnaissants d’avoir bénéficié, le jour de Noël, d’un don de la part des habitants de la région», raconte cette mère célibataire, qui cumule plusieurs emplois pour subvenir aux besoins de sa famille composée de ses deux enfants et de sa mère.
Cependant, tout le monde n’est pas optimiste. À la résidence Longère, Baie-du-Tombeau, Mélanie, une mère célibataire, se montre plus pessimiste pour le Nouvel An. Les larmes aux yeux, elle se dit bouleversée de n’avoir pu offrir à son fils de neuf ans un cadeau pour Noël. «Le Nouvel An sera un jour comme les autres. Il n’y a absolument rien de prévu. Pour moi, la santé de mon enfant m’importe le plus. Si j’arrive à lui donner à manger, ce serait déjà bien.» Son cadeau idéal en cette période sera de pouvoir profiter de l’aide financière de l’État, étant au chômage.
Pour l’instant, son nom ne figure pas sur la liste des bénéficiaires d’allocation sociale malgré sa situation précaire…
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