Un quart de siècle. Oui, 25 ans, depuis que cette mère de famille habite en bordure de l’autoroute du Nord, à Riche-Terre. Plus précisément, sur un terrain de l’État «anba larivier» qu’elle occupe illégalement. Son logis est une petite bicoque en tôle construite sur le flanc gauche de la route, en sortant du rond-point de Baie-du-Tombeau, en direction de Jumbo.

Toutefois, au-dessus de son toit passe la troisième voie de la M2 destinée aux poids lourds et qui est actuellement en construction. C’est aussi le cas pour ses deux voisins ainsi que pour d’autres squatters de l’autre côté de l’autoroute.

Notre interlocutrice, cleaner dans une école de la localité, que nous avons rencontrée sur les lieux, a voulu garder l’anonymat pour des raisons évidentes. Consciente du danger que représente ce développement routier pour les siens et elle-même, elle explique qu’elle ne cesse de se rendre au bureau du ministère du Logement et des terres, à Ébène, depuis deux ans, en quête d’un toit.

«Jusqu’à maintenant, je n’ai eu aucune réponse alors que je sais qu’il y a des maisons vides à La Valette. Certains qui avaient eu un toit là-bas sont revenus vivre en bordure de l’autoroute de l’autre côté», soutient-elle. En attendant d’être relogée, sa vie est rythmée des bruits des bulldozers, tractopelles et autre rouleaux compresseurs.

La voie spéciale destinée aux poids lourds et dotée d’un asphalte rouge devra s’ouvrir en mars 2019. Long de 3,1 km, ce couloir entre le rond-point de Roche-Bois et celui de JinFei, dans les deux sens, sera exclusivement réservé aux poids lourds, dont ceux transportant des conteneurs de plus de 20 tonnes. Le nombre de conteneurs quittant le port pour la zone industrielle de JinFei devrait plus que doubler pour passer à 600.