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Moise, «sauveur» de langoustes

16 septembre 2018, 13:15

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Moise, «sauveur» de langoustes

Lui, c’est Moise Aunay. C’est le gamin que l’on voit dans une vidéo partagée sur Facebook le 23 août dernier. Une vidéo, qui, en une semaine, a été visionnée près de 70 000 fois… Sans compter les 11 000 autres vues récoltées lorsqu’elle a été reprise sur lexpress.mu. C’est dire l’engouement qu’a suscité l’action de cet enfant de 12 ans. Qui est donc ce petit Mauricien que le président du syndicat des pêcheurs, Judex Rampaul, surnomme affectueusement «mo piti» ou encore «mo garson», lorsque celui-ci relâche délicatement les crustacés dans l’eau, à Bain-des-Dames ?

C’est après avoir obtenu l’autorisation de sa grand-mère – chez qui il habite – que nous sommes allés à sa rencontre, dans sa cité côtière jouxtant le port, mercredi après-midi. Un quartier où grandissent également des enfants à l’avenir incertain, puisqu’ils sont nombreux à être issus de familles brisées.

Il est 14 h 15. Pas de Moise en vue. Lui qui, selon son voisin et mentor Judex Rampaul – non celui-ci n’est pas son père – est pourtant «d’habitude dans les parages». Tout comme ces quatre autres gamins, pas plus âgés que Moise, qui, assis sur des bancs bordant la plage corallienne, discutent entre eux. «Moise est parti à l’école. Il sera de retour à 15 heures», dira l’un d’eux.

Allez, trois quarts d’heure à tuer pour attendre le «sauveur de langoustes», ce n’est pas la mer à boire. Tic-tac, tic-tac... on profite, entre-temps, de ce tableau vivant, grandeur nature, qui s’offre à nous : une mer et un ciel azurés, de petites pirogues amarrées dans le lagon et au loin, de gigantesques navires quittant ou accostant Port-Louis.

«Bizin protézé. Zot éna dizef. Bizin les zot ponn. Lerla kan zot vinn gran, nou gagn zot. Swa nou. Swa enn lot péser.»

15 h 30. Toujours pas de Moise à l’horizon. Alors qu’on s’apprête à rentrer au bureau, le garçonnet, haut comme trois pommes, vêtu de son short d’école et d’un T-shirt vert sérigraphié d’un poisson rose, apparaît, nu-pieds, à l’angle d’une rue.

Après lui avoir expliqué le but de notre visite, le gamin, qui dit être en Extended Grade 7 à la High School Islamic, à La Cure, nous suit sur la plage. Il s’installe sur une pirogue décoquée, repérée plus tôt. Ses camarades, petits et grands nous suivent aussi. Ils ne veulent rien rater.

D’emblée, Moise se dit «bien kontan» de sa vidéo avec celui qu’il appelle «Monsieur Rampaul». Qu’il accompagne, de temps à autre, pour une partie de pêche depuis qu’il a dix ans. Par ailleurs, il nous apprend que ce n’est pas la première fois qu’il passe à l’écran. «Monn déza partisip dan klip ‘Kifer to pa lé dansé’», confie-t-il tout fier. En effet, on voit bien le petit Moise, avec d’autres enfants sur la plage ou courant dans la mer de Bain-des-Dames dans le clip officiel de ce titre de Jason Heerah et d’Otentik Groove.

Sauf que sa notoriété, aujourd’hui, Moise ne la doit à nul autre qu’à lui-même grâce à son geste écologique, son sauvetage, son respect pour la nature… Pour notre petit interlocuteur, il était important de «larg sa bann omar» pris dans leur casier. «Bizin protézé. Zot éna dizef. Bizin les zot ponn. Lerla kan zot vinn gran, nou gagn zot. Swa nou. Swa enn lot péser. Lerla, swa nou manzé, swa nou vandé», poursuit Moise, l’air convaincu.

Ce n’est pas tout. Il semble avoir bien appris sa leçon sur la préservation de l’environnement. «Il ne faut pas jeter des détritus par terre ou dans la mer. Encore moins du plastique ou de la corde car ça peut bloquer les hélices de bateaux», lance l’écologiste en herbe, très terre à terre.

À ce stade de l’entretien, Moise, voyant ses amis, frappant dans la balle un peu plus loin, veut prendre congé. Quand il sera grand, il sera maçon ou banquier. D’ici là, il continuera peut-être à sauver des langoustes…