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Love story: elle retrouve son amour d’enfance après… 33 ans
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Love story: elle retrouve son amour d’enfance après… 33 ans
«Séki finn marké pou arivé, nanié pa efasé.» Cette phrase de la chanson de Cassiya semble bien résumer la vie de Lysbie Minerve. À 64 ans, cette habitante de St-Pierre vit enfin le parfait amour. Ancienne femme battue, elle a, par un coup de chance, dira-t-elle, rencontré son premier amour. Celui dont elle avait perdu la trace pendant 33 longues années.
Tout a commencé lorsqu’elle avait 12 ans. À l’époque, elle avait perdu sa mère et vivait avec son père et sa «mama belmer», à Petite-Rivière. «Li ti pé fer mwa boukou mizer. Li ti pé bat mwa. Enn fwa, linn telma bat mwa, linn kas mo néné, mo’nn sové dépi kot mwa», raconte Lysbie, assise sur son canapé dans son petit salon. En fuguant, elle ne savait pas encore qu’elle ferait une rencontre qui allait changer sa vie.
«J’ai rencontré un jeune homme. Il a vu que je saignais du nez et il m’a emmenée voir sa maman. Ils m’ont soignée, poursuit Lysbie. Il avait un frère. C’était Yvon. Leur maman a décidé de me laisser rester chez elle. Elle avait des filles aussi. Je suis restée chez eux. Enn moman, mo pa koné kouma, nou’nn kontan, Yvon ek mwa.»
Amour tacite
C’était le genre d’amour tacite. Yvon Perrine et elle n’en parlaient jamais. Les parents du jeune homme ne verraient pas cela d’un bon œil, surtout à cause du qu’en-dira-t-on, «parski mo ti pé res kot li. Dimounn ti pou dir tansion mo’nn profité!» Donc, à la maison, avance la sexagénaire en rigolant, lorsqu’Yvon allait au travail, elle se contentait de mettre ses savates et sa crème pour le visage.
Dans les années 60, il était commun pour les familles d’envoyer leurs filles chez des gens aisés pour travailler. Lysbie a été envoyée chez une famille portlouisienne. Yvon et elle se perdent de vue.
Quand les bagarres raciales éclatent, la famille chez laquelle travaillait la jeune Lysbie décide de quitter la capitale. Notre interlocutrice va alors travailler à St-Pierre.
À l’âge de 15 ans, Lysbie rencontre Arthur. Celui qui deviendra, quelque temps après, son mari. Lysbie a des rêves. Elle espère que la vie lui sourira enfin. Qu’elle sera heureuse. Mais elle déchante vite. «Li ti baté boukou! Mo’nn sap dan karay, mo’nn tonb dan difé!» dira-t-elle en se remémorant ses années de mariage. Union qui lui donnera sept enfants.
Malgré ses défauts, Arthur est resté à ses côtés, jusqu’à sa mort à 39 ans. Yvon viendra aux funérailles. Veuve à 33 ans, avec 7 enfants à grandir, Lysbie continue sa traversée seule. Elle voit grandir ses petits et au cours de sa vie, de temps en temps, elle reverra Yvon, laboureur sur la propriété sucrière de Médine. La toute première fois qu’elle le croise, c’est lorsqu’elle accompagne son fils pour demander la main d’une jeune fille habitant non loin de celui-ci.
«C’est là qu’il m’a annoncé que sa mère venait de mourir et qu’il venait de s’occuper des démarches funéraires», lâche Lysbie. Après cette rencontre, les deux se perdront de vue encore une fois. Finalement, c’est un rêve qu’elle fera qui les mènera à se réunir une fois pour toutes.
Lysbie indique qu’à 46 ans, elle a rêvé de la mère d’Yvon. Elle lui disait que ce dernier était très malade. Au réveil, elle était persuadée qu’Yvon n’allait pas bien et qu’il fallait qu’elle aille le voir au plus vite. Elle décide alors de se rendre chez lui, à Bambous.
«L’endroit avait beaucoup changé. J’ai cherché sa maison. Les gens m’ont dit qu’il était allé pêcher. Je m’étais dit que je n’avais pas fait tout ce chemin pour ne pas le voir. J’ai donc continué.» Malheureusement, elle tombe sur la… femme d’Yvon. «C’était le choc. C’était elle qui était gravement malade.»
En revenant de sa partie de pêche, Yvon tombe des nues en voyant son épouse et Lysbie dans le salon. Il proposera de lui donner quelque chose à boire. Les trois échangeront quelques mots puis Lysbie s’en va. Elle n’était pas sûre de le revoir d’aussitôt. C’était au début de décembre.
«À la fin de décembre, Yvon perd son épouse. On s’est revu par la suite.» En septembre de l’année suivante, Lysbie s’est rendue chez les enfants d’Yvon. Il rencontre les siens à son tour.
«En décembre de la même année, nous étions mariés, poursuit Lysbie. Cela remonte à 18 ans maintenant. Soit 18 ans depuis que je connais le vrai amour. C’est une chance, une surprise. Cela n’arrive pas à tout le monde de rencontrer son premier amour après tant d’années.»
Un mari attentionné
Aujourd’hui, le couple vit à St-Pierre. Yvon a emménagé chez Lysbie. Dans leur petite maison, les murs sont remplis de photos d’eux. L’ancienne femme de ménage s’occupe à présent de ses deux tortues, Pépé et Pédro, pendant qu’Yvon soigne ses poissons.
Les retraités se sont inscrits dans un club de troisième âge et affirment avoir une vie sociale bien épanouie. Entre les visites régulières à l’île Rodrigues ou encore les sorties à la mer, ils se disent très heureux.
Yvon est un mari attentionné. Pour lui, tout peut arriver et il n’ose pas penser perdre Lysbie encore une fois. «Nou trankil aster. Nou viv nou lavi bien, nou sorti, nou zwenn dimounn, nou bien ansam», nous dira Yvon.
Il n’ajoutera pas grand-chose, estimant que sa femme a tout dit.
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