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En Australie depuis 50 ans, ils racontent le départ en créole

1 octobre 2018, 17:07

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En Australie depuis 50 ans, ils racontent le départ en créole

«Story-telling» et «englobant la vision des expatriés mauriciens». C’est en ces mots que Bernard Ferrière, récemment de passage à Maurice, décrit Le retour, un album de musique en créole qu’il a produit en Australie, 50 ans après avoir quitté son île natale. Cet opus, chanté par Jacques Dorel, comprend cinq titres auxquels devraient s’ajouter dix autres bientôt.

Loin des yeux près du cœur. Maurice a toujours eu une résonance spéciale dans la vie de ce père de quatre enfants. Il avait tout juste 12 ans lorsque sa famille, comme beaucoup d’autres, quitte Maurice avant l’Indépendance, le sort du pays leur étant inconnu. «Les chansons sont très spécifiques à ce voyage d’ici à l’Australie, et les peurs associées à ce qui allait se passer pour Maurice», souligne le producteur, en creusant dans ses souvenirs lointains.

Lorsque Jacques Dorel signifie son intention de raconter les souvenirs de leur départ en Australie, alors qu’ils n’étaient que des enfants, l’idée séduit tout de suite le psychologue clinicien, qui aujourd’hui n’exerce qu’à temps partiel. Aussi directeur de la société de production Pigback Records, ce Mauricien installé en Australie s’embarque alors dans cette aventure. Il pourra compter sur son épouse, son fils et sa fille, entre autres, pour l’aider à donner forme à cet assemblage de musiques en tout genre.

«Sur l’album, j’ai utilisé plusieurs instruments de l’étranger, comme des congos, des tablas, le djembé d’Afrique…», déclare Bernard Ferrière. En effet, ce sont cinq titres aux sonorités hétéroclites, mêlant des instruments divers, qui se sont matérialisés. Les thématiques, elles, sont toutefois moins dispersées ; elles s’opposent, ça parle de départ et de retour. Le chanteur, de sa voix marquée par les années, revient sur ce départ inopiné. Ce déracinement vers une terre nouvelle, l’Australie, qu’a vécu une génération de Mauriciens. Il chante ces familles qui ont vendu leur maison, abandonné leur travail et fait leurs valises en espérant trouver l’Eldorado.

Malgré la distance et le temps, rappelle Jacques Dorel sur l’album, il se sent «touzour Morisien». «Mo finn boukou voyazé – Boukou péi mo finn vizité – Mé dan mo léker – mo préfer péi kot mo ti né», pousse-t-il dans Retourné. D’où Le Retour qui, aujourd’hui, leur semble, au chanteur comme au producteur, logique. Revenir au pays pour quoi faire ? Justement, à cette question, Bernard Ferrière affirme que, lui, il souhaite «give back to the community». Fort de ses 32 ans en tant que psychologue, il se dit prêt à aider ceux qui débutent dans le métier. D’ailleurs, il a longtemps été Lecturer.

Outre la médecine, il veut collaborer avec des artistes mauriciens. Pour mettre le pied à l’étrier, le passionné de musique songe déjà à un projet, sous forme de concert. Celui-ci, s’il se concrétise, devrait avoir lieu en avril. Entre-temps, il invite les artistes mauriciens qui souhaiteraient y participer à le contacter à travers son site Internet pigbackrecords.com. au. Reste à savoir si le retour sera à la hauteur de ses espérances.