Beaucoup de maladies dont nous, humains, souffrons, existent aussi chez nos amies les bêtes. Le cancer en est une. Selon le site Le Journal de Montréal, «l’Animal Cancer Foundation (ACF) estime que le cancer est diagnostiqué chez près de 12 millions d’animaux chaque année. Cette maladie toucherait un chien sur deux et un chat sur trois au cours de leur vie. Par ailleurs, l’American Medical Veterinary Association (AMVA) rapporte que le cancer est la cause de 50 % des mortalités chez les animaux domestiques âgés de plus de dix ans.»

Pour le Dr Eric Bestel, vétérinaire avec 36 ans d’expérience, le cancer chez les animaux est identique à celui chez les humains. Tous les cancers que nous pouvons diagnostiquer chez les hommes, nous les retrouvons sous une forme un peu similaire chez les animaux. Généralement, les traitements sont basés sur les soins humains.  «Le cancer, c’est une cellule qui se multiplie de manière désorganisée. Cela, pour une raison quelconque. Cela peut être génétique, à cause de l’environnent ou en raison de la nutrition. On peut le voir chez toutes les espèces animales ; les chiens, les chats, les hamsters, les tortues et ainsi de suite», explique le Dr Bestel.

Les cancers les plus communs sont ceux des mamelles chez les chiennes. Il y a également la tumeur vénérienne transmissible (TVT), aussi connue comme le sarcome de Sticker, très commune à Maurice. Il s’agit du cancer de la vulve chez les femelles et du pénis chez les mâles. Il est cependant facile à éliminer, comparé aux autres tumeurs. Le Dr Bestel, qui a également travaillé avec des singes, dit avoir aussi rencontré une tumeur de l’ovaire chez une guenon.

Toutefois, comparé aux humains, le facteur du temps diffère. Si un animal guérit, il peut retomber malade beaucoup plus vite qu’un humain. «Chez les humains, quand on traite un cancer, des rémissions peuvent aller jusqu’à cinq ans ou ils guérissent tout simplement. Or, chez les animaux, (…) la tumeur peut revenir après six mois ou un an.»

Apparition de grosseurs

Les symptômes de cancer chez les animaux sont généralement l’apparition soudaine de grosseurs. Si c’est une tumeur du cerveau, on ne la verra pas mais l’animal démontrera des symptômes nerveux comme une mauvaise coordination de ses mouvements ou il deviendra aveugle. Concernant les traitements, le Dr Bestel explique qu’il n’y a que la chimiothérapie, la cryothérapie qui ne peut se faire qu’avec un dermatologue ou encore la radiothérapie. Malheureusement, cette dernière n’est pas offerte à Maurice pour les animaux.

La chirurgie est également possible, mais elle comporte le risque que la tumeur revienne et se répande en l’animal. Dans ce cas, il est conseillé aux propriétaires d’euthanasier leurs compagnons pour apaiser leurs douleurs. Cependant, l’animal peut subir une chirurgie accompagnée de chimiothérapie. Les produits pour la chimio sont efficaces mais aussi très toxiques car ils ont pour mission de tuer les cellules cancéreuses. Les effets secondaires sont importants, jusqu’à rendre l’animal cardiaque.

Le Dr Bestel ajoute qu’il existe également des traitements à base de plantes, mais ceux-ci s’adressent davantage aux tumeurs bénignes. Ils s’étalent sur le long terme. Or, les tumeurs malignes se développent très vite. Le temps de mettre la thérapie en place, l’animal peut mourir.

La chimiothérapie peut se faire sur tous les animaux. La dose ne se calcule en se basant sur le poids de l’animal, mais par sa taille au mètre carré. Pour une chimiothérapie adéquate, des protocoles sont à respecter. Il faut d’abord faire une prise de sang afin de s’assurer que le corps est assez fort. Faire des tests pour voir l’état des reins et du foie. De plus, la femelle ne doit pas être enceinte car une chimio tuera les bébés et l’animal sera intoxiqué à cause de la mort de ses petits dans son ventre.

Quid des prix ? Les coûts varient avec le traitement. «Quand une personne s’engage à emmener son compagnon pour une chimio, par exemple pour une TVT, c’est quatre à cinq injections, une par semaine, à raison de Rs 800 à Rs 1 500 l’injection. Mais pour d’autres genres de chimio, avec des tests sanguins etc., cela coûtera dans les environs de Rs 3 000 pour les tests, plus le prix des injections de chimiothérapie, qui monte à Rs 6 000 environ…»

«On ne veut pas la tuer»

Avoir un animal qu’on aime et le voir souffrir de cette maladie incurable est très douloureux. Franki et Deborah Adeline ont adopté Zoya il y a six ans. Cette chienne a eu une tumeur aux mamelles il y a un an. Elle en est au stade terminal. «Nous l’avons emmenée chez le vétérinaire. Il nous a expliqué que si on l’opérait, ce serait seulement visuel. Elle est condamnée», confie Franki.

Cette nouvelle a eu l’effet d’un coup de massue sur la tête de ce jeune couple car leur chien est un membre de leur famille. Cependant, Zoya est une battante malgré sa maladie. Elle demeure la chienne câline qu’elle a toujours été. L’euthanasier a été envisagé et même conseillé.

Néanmoins, pour Franki et Deborah, ce n’est pas une décision si facile à prendre. «Nous avons eu Zoya et sa soeur Mia avant notre propre enfant. L’euthanasier ce n’est pas si facile car elle est toujours pleine de vie, même si elle souffre. Beaucoup de gens pourront dire que nous sommes cruels mais c’est comme une personne humaine. Quand on apprend qu’elle a le cancer, on ne la tue pas. On attend le moment où nous verrons qu’elle n’en peut plus et là nous le ferons», déclare Déborah. Ils profitent des moindres moments avec elle et se préparent à lui dire au revoir. En espérant ne pas avoir à l’euthanasier et qu’elle s’en aille en paix, sans souffrance.