Son histoire bouleverse mais donne surtout du courage. La misère, Sachita Luchumun l’a connue, elle ne possédait rien. Elle y a survécu. A 46 ans, elle est la mère de quatre enfants et grand-mère d’un petit garçon, aussi sous sa garde.

Elle a dû se battre contre vents et marées, seule, comme une guerrière. «Mo misié ti pébwar (…) bann zanfan inn bien pass mizer.» Cette femme, mère au foyer à l’époque, se retrouve abandonnée par son mari, qui a préféré l’alcool à sa famille. À ce moment-là, elle n’a pas un sou en poche et quatre bouches à nourrir. Faute de moyens, elle ne peut envoyer ses enfants à l’école, comme toutes les mères rêvent de le faire. «Ena zour nou ti ena manzé, éna zour pa ti éna ditou.»

Ayant une fille autrement capable, elle ne peut travailler car elle doit rester à la soigner. À contrecœur, elle accepte la proposition de son fils aîné Rajiv, âgé de 12 ans à l’époque, qui souhaite s’atteler à de petits boulots pour aider sa famille. Malgré le sacrifice de son fils, l’argent manque toujours. La cadette, Deepika, qui ne part pas à l’école non plus, accepte de surveiller sa sœur handicapée, Suneeta. Sachita peut commencer à travailler dans une usine, pour un maigre salaire. Malgré cela, elle arrive à sortir un peu la tête hors de l’eau.

Comme les malheurs n’arrivent jamais seuls, un jour, pendant que Sachita est au travail, un feu éclate et ravage sa maison. Ses filles, y compris sa fille handicapée, s’y trouvaient. Heureusement, les enfants sont sains et saufs. Mais son domicile est détruit. Elle se voit encore faire un pas en arrière. Comme si cela ne suffit pas, en 2012, l’usine où elle travaille ferme ses portes. Elle se retrouve à nouveau au chômage et sans aide sociale. «Nou pa ti éna ni delo ni elektrisité, tou tinn koupé akoz nou pa ti éna kass pou payé (…) enn vwazinn ti pé bizin donn nou delo par lans ou mo ramas delo lapli pou mo servi», pleure-t-elle, repensant à ce calvaire qu’elle a vécu.

Les voisins, ayant eu vent que ses enfants ne vont pas à l’école, la signalent auprès de SOS Children’s Villages. Sans s’y attendre, cette plainte changera sa vie. En ayant contact avec SOS Children’s Villages, Sachita obtient des dons de nourriture. Ses enfants, y compris Suneeta, peuvent aller à l’école ou suivre des cours.

Deepika commence cependant à avoir de mauvaises fréquentations et se retrouve enceinte. Quand elle accouche, elle commence à avoir des problèmes mentaux et elle est diagnostiquée schizophrène. Dégoûtée et découragée, Sachita est encore une fois désespérée par les tours que lui joue la vie. Elle se retrouve à devoir s’occuper de son petit-enfant également. Toutefois, SOS Children’s Villages ne l’abandonne pas. Vu l’ampleur des problèmes mentaux de Deepika, l’organisation aide Sachita à la placer dans un foyer pour sa sécurité et intègre le petit dans l’école de SOS Children’s Villages. Ce qui permet à Sachita de travailler.

 Aujourd’hui, six ans après, Sachita revit. Elle peut enfin profiter de la vie. Celle qui n’avait rien possède aujourd’hui trois téléviseurs dans sa maison. Elle le dit elle-même : c’est le symbole du combat qu’ont mené ses enfants et elle pour arriver à vivre comme toutes les familles. «Zordi mo éna tou seki mo bizin, mo lakaz prop, mo éna manzé, delo, lalimier ek mo bann zanfan na pas mank nanié. Mo kav dir anfin mo erez ek sé pou sa mo vréman remersié SOS Children’s Villages.»

<p>&nbsp;Sachita Luchumun a eu droit à &laquo;The Family Strenghthening Programme&raquo;, mis en place par &laquo;SOS Children&rsquo;s Villages&raquo; en 2006. Le but de cette organisation : combattre la pauvreté et permettre aux parents qui sont très pauvres à conserver la garde de leurs enfants en les épaulant et les encourageant à assumer leurs responsabilités. Les enfants aussi sont suivis par l&rsquo;organisation, l&rsquo;école maternelle leur est offerte ou des cours pour acquérir une profession. Comme Sachita, il y a à ce jour 233 familles et 700 jeunes qui font partie de ce programme.</p>