Publicité

Visite guidée dans le jardin magique des rastas

4 novembre 2018, 15:36

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Visite guidée dans le jardin magique des rastas

Au pied de la colline, à Chebel, Beau-Bassin, une trentaine de rastas se sont approprié un terrain de Médine Limited il y a deux ans de cela. Cependant, selon eux, ce n’est pas pour y faire «n’importe quoi». Ils ont trouvé sur ces terres, un travail, une passion et une manière d’éviter que les jeunes de leur quartier ne tombent dans la délinquance. 

On y trouve de tout : choux, haricots verts, betteraves, tomates, coriandre, laitues et autres légumes et fines herbes. Tout est bio, l’utilisation de pesticides ne faisant pas partie de leur «culture». Dans ce jardin d’Eden, il y a également des canards, des poissons et des chiens, notamment. 

L’endroit est calme, propre et paisible. Les plants de piment mènent vers une cabane perchée dans un arbre et un petit campement en tôle avec des prélarts en guise de toit. C’est l’endroit où chacun monte la garde, tour à tour, le soir. Il faut veiller sur le précieux potager, qui aide la communauté à gagner son pain car ses légumes sont revendus en partie. Dans leur petit coin, les canards gambadent gaiement, des chiens profitent du soleil, un petit bassin accueille des poissons. Les rastas fabriquent également leur propre charbon… 

Ce petit coin de paradis s’appelle le jardin Quatre Sous. Julio Gebert, le chef de la bande, affirme que «ses frères» et lui sont tous des enfants de Chebel. Ayant grandi là, ils ont toujours vu que ce terrain appartenant à Médine était laissé à l’abandon, envahi par la végétation. Après avoir pris quelques cours, ils ont décidé de se lancer dans la culture. «Cela n’a pas été facile, nous n’avions pas beaucoup de sous en poche. C’est pour cela que nous l’avons appelé Jardin Quatre sous. Nou’nn travay dir pou kapav fer sa vinn koumsa…» 

Seul bémol: le terrain ne leur appartient pas. Ils ont entamé plusieurs démarches auprès du ministère afin d’obtenir ces terres mais en vain, Médine leur a demandé de partir. «Pe ras bousé manzé plizir fami. Anplis tou bann ki res dan kartié abitié aster nou légim akoz péna prodwi simik ladan.» 

Julio, nous explique aussi que ce petit jardin n’est pas seulement un potager. C’est aussi l’endroit où plusieurs jeunes, qui auraient pu sombrer dans la délinquance, trouvent un travail et une manière d’occuper leurs journées. Les chiens errants, ceux qui ont été abandonnés dans les bois, y sont également heureux. Les rastas les hébergent, les soignent et les nourrissent. En contrepartie, les toutous jouent les gardiens pour chasser les voleurs. 

Toute la bande est désemparée à l’idée de tout quitter. Où vont-ils bien pouvoir aller ? Leur jardin de Quatre Sous sera-t-il bientôt qu’un lointain souvenir ?

Du côté de Médine, on affirme que «le terrain dont [vous] faites mention et qui est illégalement occupé depuis deux ans est la propriété de Médine depuis 1964. Le groupe exerce son droit légitime en récupérant ses terres et a donné un mois avec comme date butoir le 30 octobre 2018, aux personnes occupant illégalement lesdites terres, pour évacuer le terrain et s’organiser pour le déménagement ou la réinstallation de leurs cultures».

Les rastas devront ainsi aller recréer leur petit paradis, ailleurs.