«Sak kou pa kapav mem zafer !» La révolte se lisait sur les visages des habitants de Cottage, Baie-du-Tombeau et Cité Roma hier, mardi 9 avril. Ces régions, parmi tant d’autres, ont été affectées par la rapide montée des eaux suivant les grosses pluies qui s’abattent sur le pays.

De l’eau jusqu’aux genoux, des maisons inondées, des chemins impraticables… À Cottage, plus de 150 habitants ont vécu un véritable cauchemar. Impossible même d’entrer dans plusieurs maisons inondées. Depuis 16 heures, la Special Mobile Force (SMF), les éléments du Groupe d’intervention de la police mauricienne et les pompiers étaient à pied d’oeuvre pour évacuer les résidents. À 21 heures, aucune amélioration. Toutefois, selon la SMF, les plus affectés ont été évacués : «Nou pou azir kot bizin.»

Les sinistrés, regroupés sur la route principale, ne décolèrent pas. Et réclament la présence des députés et du Premier ministre, Pravind Jugnauth. «Nou pa pou kav dormi, nou éna enn frayer dan nou», s’indignentils. «Pou bizin éna mort d’homme pou zot réazir-la !» lance Vinay Dookhee, le président des forces vives de la région.

Scène de désolation

Les habitants sont d’autant plus révoltés car des drains à plusieurs millions de roupies devaient être aménagés prochainement. «Kan pou éna ? Kan tou dimounn fini mor !» fulminent-ils.

Même scène de désolation et de révolte à Baie-du-Tombeau. Chez la famille Seewoo, l’eau a envahi la maison et menaçait même de pénétrer les chambres à coucher, à l’heure où l’express s’est rendu sur place. «On a appelé les sapeurs-pompiers depuis 18 h 30, on attend toujours. Mo tansion inn mont for tou», lâche la matriarche, Bidwantee Seewoo, 66 ans. D’ajouter qu’elle a dû emmener sa petite-fille de deux mois à l’étage. «Nou pou bizin dormi déor. Nou pou bizin rod blok met lili lor la, mo pa koné mwa.»

Par ailleurs, devant le supermarché Smart Choice Manoo Ltd, la route a été transformée en une mer boueuse. Les proches du propriétaire Manoo Veerapen-Chetty ainsi que leurs voisins s’attelaient à empêcher l’eau d’entrer. «Mo bien kontan nou pé gagn drin an septam, zour mo laniverser mo krwar…» lance le propriétaire.

À Cité Roma, une cinquantaine de personnes se trouvaient depuis 16 heures pieds dans l’eau, leurs maisons ayant été inondées. Ce n’est qu’à 20 heures que les éléments de la SMF sont descendus sur place pour un constat. Les habitants affectés cherchaient toujours un refuge à hier soir.

«Ce n’est pas la première fois que cela arrive», confie à l’express Juliana Azor, qui est enceinte. Francesca Francois, une autre habitante, se dit, elle, à bout. «J’ai encore tout perdu.» C’est en effet la seconde fois cette année que Cité Roma est touchée par les inondations. Le 17 fevrier dernier, le même scénario s’était joué dans le quartier.