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Rosemone Aurélien: «Mo per pou retourn kot mwa»
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Rosemone Aurélien: «Mo per pou retourn kot mwa»
La photo de Rosemone Aurélien, prise par des proches, a fait le tour des réseaux sociaux et a ému les internautes. On l'y voit alitée, impuissante, sur un lit qui s’est transformé en radeau pendant les inondations. Sa maison a été inondée et toutes ses affaires ont été emportées par les eaux. Depuis, elle a trouvé refuge chez son gendre. La vieille dame a désormais peur de rentrer chez elle, surtout que la météo prévoit d'autres inondations...
C’est à Résidence Mère-Teresa, Triolet, que nous l’avons rencontrée. La ruelle où se trouve sa maison porte toujours les «marques» des inondations qui ont frappé plusieurs régions, le mardi 9 avril. Les voisins s’attellent toujours, en ce vendredi 12 avril, à nettoyer l’eau boueuse dans leur cour, pendant que d’autres tentent tant bien que mal de faire le tri parmi les affaires abîmées.
Chez Rosemone, c’est le chaos. Dans sa cour habitent plusieurs membres de sa famille, qui eux aussi, ont presque tout perdu. Des matelas ont été «installés» sur les toitures en tôle afin qu’ils puissent sécher… Dehors, des paniers remplis de vêtements mouillés et des babioles sont entassés. Sur le rebord de la fenêtre, des sachets de sel et de sucre, qui ont pris l’eau.
Rosemone, elle, est clouée au lit. Elle contemple avec lassitude le va-et-vient à travers la fenêtre. À cause du diabète et d’autres complications, elle a perdu l’usage de ses jambes depuis trois ans. Cette vieille dame de 76 ans ne cesse d’accumuler des mésaventures depuis le début de l’année et les inondations de cette semaine ont été la goutte d’eau, en quelque sorte…
«Dépi koumansman lané monn fini perdi dé zanfan. Enn ena zis 15 zour, mo’nn perdi enn. Ala sakou-la mo perdi tou mo zafer dan lakaz», se lamente la septuagénaire. Même son lit, celui dans lequel elle dormait lorsque l’eau a pénétré dans sa maison – et sur lequel elle a été prise en photo – n’est plus utilisable. Ses provisions, ses couches, son réfrigérateur, entre autres, ont tous été emportés par les eaux.
«Pa ti koumsa avan ein…» lance Rosemone, en se demandant pourquoi le sort s’acharne sur elle. Elle habite le quartier depuis des décennies et se souvient encore du passage du cyclone Carol, en 1960. Pourtant d’après ses souvenirs, elle n’a jamais eu à affaire à ce genre d’inondations. «Aster ena tro boukou konstriksion partou, delo pa gagn alé…»
Vie de malheur
Depuis mardi, elle a trouvé refuge dans la maison de sa fille décédée. Ce sont ses petites-filles qui s’occupent d’elle. Malgré toutes ses tentatives, elle ne parvient pas à faire en sorte qu’un médecin vienne lui rendre visite à domicile. Son seul revenu : sa pension de vieillesse. «Mo trasé mo asté mo bann zafer.» En même temps, ses proches sont aux petits soins. Un bonheur entrecoupé de malheur, Rosemone ayant perdu sept de ses 10 enfants. «Mo éna mo bann ti-zanfan ek mo bann aryer tizanfan.» Leur rire égaye ainsi les journées de la vieille dame marquée par les aléas de la vie.
Même si elle a parfois le sentiment que celleci est injuste envers elle, Rosemone garde le sourire et sa bonne humeur. Désormais, elle souhaite vraiment pouvoir regagner sa maison. «Kan ou kot ou enn lot em sa.» Toutefois, elle devra patienter, histoire que les dégâts soient réparés.
Jusqu’aux prochaines grosses averses…
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