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Léa Ratna: sa vie, son combat

2 juin 2019, 18:30

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Léa Ratna: sa vie, son combat

Elle comptait entamer, en toute discrétion, des démarches pour pouvoir continuer à vivre à Maurice. Ce, après que le Passport and Immigration Office (PIO) lui a demandé de quitter notre pays. Mais elle a été projetée sous le feu des projecteurs malgré elle, surtout lorsqu’elle a été reçue par le Premier ministre (PM), le lundi 27 mai. Elle, c’est Léa Ratna.

Avec un grand sourire et soulagée, cette femme de 43 ans, nous a accueillis chez elle, mercredi. Et pourquoi pas ? Lundi, elle a eu l’assurance de nul autre que le PM qu’elle pourrait continuer à vivre à Maurice tranquillement. «Je suis très heureuse que le PM m’ait dit que je pouvais rester ici car je détiens la citoyenneté et que j’ai les mêmes droits que les Mauriciens. Personne ne peut me dire de partir. Aster mo kapav res trankil. Personn pa pou kapav fatig mwa.»

Léa Ratna a été projetée sous le feu des projecteurs malgré elle.

Si Léa Ratna a toujours de la famille au Madagascar, y retourner signifie tout recommencer à zéro… Et ce ne sera pas sans incidence sur ses enfants qui aiment bien y aller en vacances, mais aiment tout autant leur vie à Maurice. «Lorsque ce problème s’est présenté, mon fils m’a dit qu’il allait pleurer jusqu’à la mort si je devais partir…»

Quid des dires du patron du PIO, l’assistant surintendant de police (ASP) Manoj Luchan, sur le fait que la principale concernée soit restée injoignable au téléphone pendant une semaine ? Léa Ratna déclare qu’elle n’a reçu aucun appel du PIO. Ni sur son téléphone fixe, ni sur son portable. Pas de lettre non plus lui demandant de se présenter avec ses documents. «Je reconnais les numéros de Port-Louis puisque j’entame toujours des démarches pour obtenir la pension de vieillesse et l’allocation pour mes enfants. Si j’avais eu un appel manquant de Port-Louis, j’aurais définitivement rappelé.»

Léa Ratna a été projetée sous le feu des projecteurs malgré elle.

En 2001, Léa Ratna foule le sol mauricien pour travailler dans une usine. Six mois plus tard, elle repart à Madagascar pour trois mois, avant de revenir. L’année qui suit, elle prend de l’emploi chez Corona Clothing, à Curepipe, où elle rencontrera celui qu’elle épousera en 2005. «Nou ti pé fer tou ansam. On a construit notre maison.» Les Ratna habitent à Morcellement Belle-Vue, Poste-de-Flacq, depuis que le beau-père de Léa Ratna a obtenu un lopin de terre après avoir pris sa retraite auprès de l’établissement sucrier Constance.

La quadragénaire perd son mari, Louis Mario Ratna, en novembre dernier, lors d’un accident survenu à Flacq. Depuis, elle élève seule ses deux enfants – Emmanuel, 12 ans ; et Naomi, 8 ans. Heureusement qu’elle peut compter sur le soutien de sa belle-famille. Comme un malheur ne vient jamais seul, Léa Ratna se retrouve sans emploi lorsque l’usine qui l’embauche ferme ses portes, en février. Usine qui n’est autre que Palmar Ltée, comme une ironie de l’actualité. Depuis, elle est à la recherche d’un emploi qui lui permettra d’assurer l’avenir de ses enfants.