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Chanteur de «Zoli»: «Si péna enn fam, zom la kouma enn bato san gouvernay, li derivé »
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Chanteur de «Zoli»: «Si péna enn fam, zom la kouma enn bato san gouvernay, li derivé »
Son tube fait un tabac sur les ondes et se positionne comme le disque de l’année. Jeff Steeve Bonne, jeune chanteur, raconte sans aucune prétention son parcours musical et ses rêves d’artiste…
«Zoli, zoli, vrémem ou zoli… Madam, madam, madam, ou réyonn mo lavi…» Ce séga, vous avez dû l’entendre en boucle à la radio ces dernières semaines. Ou vous avez peut-être visionné le clip officiel qui, depuis sa publication sur YouTube, le 11 octobre, a recueilli plus de 1,6 million de vues. L’express a rencontré l’interprète principal du morceau, Jeff Steeve Bonne – JSB Morning Game – de son nom d’artiste, à sa résidence à Glen-Park, Vacoas.
Entretien réalisé tantôt sous la varangue, avec le chant des oiseaux en arrière-plan (il y a aussi un singe, des canards, des lapins, etc., chez lui mais il n’a pas le temps de s’en occuper, malheureusement). Tantôt dans le salon qui lui sert aussi de studio, en attendant qu’il en ait un en bonne et due forme dans une salle événementielle adjacente.
Alors que son morceau figure parmi les favoris pour le disque de l’année, JSB, un jeune homme de 24 ans adopté à la naissance, n’a pas la moindre prétention. «C’est le public qui décide. Nous le laissons voter. Mais si Zoli remporte le titre, ce sera la concrétisation d’un de mes objectifs. Un but que je partage d’ailleurs avec un ami, un frère», confie-t-il, en référence à l’artiste Madii Madii. Les deux hommes se sont rencontrés lors du lancement de l’album d’un confrère, Jah Mike, en mai dernier. JSB, qui est originaire de Belle-Rose, exprime alors le souhait de travailler sur un projet avec Madii Madii.
Mais plus tard, lorsque JSB arrive à composer le refrain pour Zoli (sous sa douche, précise-t-il), ce n’est pas à Madii Madii qu’il pense en premier. «Je me suis alors dit pourquoi ne pas solliciter l’avis de mes fans sur la question. Avec qui me voit-on réaliser une collaboration ? Plusieurs noms m’ont été proposés. À savoir Big Franki, Jah Mike, El Passi, Madii Madii. Ce dernier était suivi par beaucoup de monde, pour ses vidéos acoustiques», raconte JSB. S’ensuit un appel en visioconférence où l’un interprète son refrain et l’autre gratte sa guitare. Les deux artistes se mettent d’accord pour se retrouver le lendemain pour travailler sur le projet.
Le jour venu, ils complètent la chanson en une heure ou une heure et demie. «On devait se rendre à une fonction commune. On s’est lancé une compétition : gété kisannla éna pli zoli dialog… Et on a réalisé Zoli.» Y a-t-il justement enn zoli mamzel qui a inspiré ses paroles ? «Tou ban zoli mamzel inspir mwa. Elle peut être une mère, une cousine… Mo zoli mamzel osi. À travers cette chanson, on se rappelle toutes ces dames dans nos vies, et pas que la mienne. La fam enn ankraz pou enn zom. Si péna enn fam, zom la kouma enn bato san gouvernay, li derivé», estime le jeune chanteur.
Après la sortie de leur séga (le jour de l’anniversaire de JSB le 26 juin), Madii Madii et lui sont loin de se douter que celui-ci va connaître un si grand succès. À Maurice comme dans la région – Rodrigues, La Réunion, les Seychelles. Le clip a, lui, été réalisé en juillet. Zoli est ainsi l’une des chansons qui figureront sur le futur album de JSB, La vi labirinthe, un mélange de sega et d’afro. JSB avait 14/15 ans lorsqu’il a commencé à faire de la musique. «Un jour, alors que mon frère et moi, nous nous occupions de notre élevage de porcs. Pendant l’heure de la pause, j’ai voulu écouter de la musique que j’avais téléchargée la veille, notamment Pitbull de Booba. Je ne savais pas que j’avais téléchargé la version instrumentale karaoke. Du coup, je m’attendais à écouter les paroles, en vain. Je me suis dit pourquoi ne pas écrire un texte en français pour accompagner cette musique.» Le lendemain, cet ancien étudiant du collège St. Mary’s West, à Petite-Rivière, a voulu avoir l’avis d’un ami sur sa création.
Si ce dernier aime le morceau, il doute, toutefois, que JSB en est l’auteur. «Il y a une grande différence entre ce que j’écrivais à mes débuts et maintenant. Mais à l’époque, pou mwa ti enn mari gran zafer mo’nn rési fer enn ti zafer», confie-t-il. Sa mère l’en dissuade en disant qu’il n’y a pas d’avenir dans la musique. Mais ce n’est pas pour autant qu’il se laisse décourager. Aujourd’hui, elle est heureuse que son fils arrive à vivre de sa musique.
À la base, JSB a commencé avec le rap. «C’est La Fouine qui m’a inspiré. Il est parvenu à faire toute la France accepter son style musical. J’ai voulu en faire de même à Maurice, mais le rap n’a pas un grand public ici.» D’ajouter qu’il a, d’ailleurs, essuyé beaucoup de critiques. «On m’appelait La Fouine lokal. Je me suis alors dit que je dois créer ma propre identité. J’ai donc commencé à chanter en créole, alors qu’initialement j’écrivais en français. J’ai aussi changé de style : dancehall, ragga dancehall, reggae, avant d’atterrir sur le sega.» Mais JSB compte bien retourner à la base avec du rap et du dancehall.
Des projets, le jeune chanteur en a plein la tête, dont le lancement d’un album international avec des artistes qui l’inspirent. Notamment Kaf Malbar, Pompis, Bamby & Jahyanai. Toutefois, dans un avenir proche, JSB ambitionne de reprendre l’écriture de morceaux en français, et de se faire un nom dans la région. «La nou viz pré par lamem. Nou gété kot délo-la amen nou. Petit à petit, l’oiseau fait son nid», fait-il ressortir.
D’ailleurs, JSB a quelque 350 morceaux qui sont prêts. «Après le collège, je n’ai pas travaillé pendant quatre ans. J’ai essayé de trouver un boulot dans les domaines que j’aime – la production, l’audio-visuel, mais en vain. Mo’nn res lakaz mo’nn ékrir tex. Par manque de financement, je n’ai pas pu publier ces chansons. Maintenant que j’ai le soutien du public, pou kapav tir zot dousman dousman», dit-il, confiant.
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