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Dominique Veerasamy en larmes: «Sans l'île Maurice, je ne sais pas ce qu'ils auraient fait de moi»
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Dominique Veerasamy en larmes: «Sans l'île Maurice, je ne sais pas ce qu'ils auraient fait de moi»
Dominique Veerasamy, qui a osé remettre à leur place des activistes du MSM à Mahébourg, vendredi, n’a pas eu à se présenter à la police aujourd'hui, comme initialement prévu. Devenue un symbole, elle se confie.
«Merci à la presse, merci l'île Maurice et merci à tous ceux dont toutes les femmes qui m'ont soutenue. Sans vous, je ne sais ce qu'ils auraient fait de moi.» Dominique Veerasamy va enfin pouvoir fermer l'œil de la nuit. Du moins pour le moment. Cette Mahébourgeoise devenue une figure nationale au cœur de la catastrophe Wakashio pour avoir osé remettre à leur place des activistes du Mouvement socialiste militant (MSM) identifiables de par leurs banderoles et foulards orange, à l'extérieur du tribunal de Mahébourg, vendredi, ne se présentera pas à la Criminal Investigation Division (CID) de Mahébourg, aujourd'hui, comme initialement prévu.
Hier matin, cette épouse et mère de pêcheurs, a reçu un appel de la police, l'informant «ki pli tar pou pran mo lenket».
Ce tournant positif, cette mère de trois filles de 25, 19 et 16 ans et d'un fils de 27 ans, qui a reçu l'express sous sa coquette terrasse soigneusement fleurie, hier, en avait grandement besoin. «Aster mo santi enn lape dan mo leker.»
Après des applaudissements de toutes parts, son cri du cœur à l'extérieur du tribunal, où comparaissaient les ministres Kavy Ramano et Sudheer Maudhoo pour «culpable omission», vendredi, lui a valu des harcèlements policiers.
Un véritable stress pour cette Mahébourgeoise de 50 ans, mariée à Kistnasamy Veerasamy, plus connu comme Rambo, pêcheur, et également parmi les meilleurs régatiers de ce village lourdement touché par le déversement des hydrocarbures du Wakashio.
«A sak fwa enn transpor passe, mo dir aster ban CID pe vini. Je ne suis pas la seule à avoir été affectée mais mes enfants aussi au point où j'ai dû m'acheter des anti-dépresseurs», confie notre interlocutrice.
Tout a commencé samedi lorsqu'elle reçoit un appel de la CID. Auparavant, vers 9 h 30, c'est à la National Housing Development Co Ltd de Villenoire où elle réside que des policiers sont allés la chercher. «Comme j'étais partie faire du repassage chez une personne, un policier m'a appelée sur mon portable. Il m'a demandé de me présenter au poste de police aussitôt possible. Quand j'ai fait savoir que je finirai vers 14 heures, le policier m'a dit que ce sera trop tard et qu'il peut venir me chercher sur mon lieu de travail. J'ai refusé. Jamais je n'ai eu de démêlés avec la justice jusqu'ici. Nou kapav mizer me nou pa kokin personn.»
Depuis, son téléphone n'a cessé de sonner. Elle en tremblait et était paniquée à chaque fois. Le fait que les frères Josué et Jonathan Dardenne avaient été arrêtés tôt samedi matin et avaient dû passer la nuit en cellule n'arrangeait pas les choses.
Une des filles de Dominique Veerasamy, après avoir pris contact avec l'homme de loi Adrien Duval, a finalement indiqué à la police que sa mère se présenterait avec son avocat.
Après que la nouvelle de la convocation de Dominique Veerasamy s'est répandue, d'autres avocats se sont manifestés pour la représenter probono.
Mais, la Mahébourgeoise est convaincue. C'est cet élan de soutien national qui l'a enveloppé telle une armure qui a fait reculer la police. Du moins, pour le moment. Dans son village, elle peut compter sur le soutien de ses voisins, amis et proches de notre nation arc-en-ciel.
Dominique Veerasamy revient également sur les circonstances dans lesquelles elle s'est retrouvée à Mahébourg, à ce moment précis, vendredi. «Chaque matin je vais m'occuper de mon père qui a fait une attaque cérébrale. Je dois donc emprunter ce chemin et au retour j'ai entendu ces personnes qui faisaient beaucoup de bruit. Lorsqu'ils ont dit kouma dir ban maebourzwa pe mor de faim, je n'ai pas pu me retenir. Mo la bouss li gran wi me mo tousel konn soufrans dan mo leker. Bizin dir nou tou somer dan mo lakaz. Mo mari ek mo garson peser. Mwa, depi ki touris nepli pe vini, mo nepli al repase kouma avan. Nou ena loan pou paye ek mwena zanfan lekol. Se mo leker kinn koze.»
Les activistes du MSM, soutient-elle, ne connaissent pas la souffrance de tous ces pêcheurs et autres gens de la mer. «Zot kone komie madam al ramass mangouak? Zot pa koné kouma nou fer pou zwen de bout ici ?»
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