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L’ex-lauréat Leckraj Hurbhookun: «Al tap laport minis pou gagn travay, non»

25 mars 2023, 19:00

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L’ex-lauréat Leckraj Hurbhookun: «Al tap laport minis pou gagn travay, non»

Après trois ans d’études en informatique, en Inde, le lauréat de la cuvée 2019 brise le silence. Il affirme avoir choisi de se rendre en Inde parce qu’il s’est senti forcé. À la base il voulait se rendre en Europe. A son retour, des agents politiques lui auraient conseillé d’aller voir des ministres pour obtenir de l’emploi. Pas question, affirme Leckraj Hurbhookun

Leckraj Hurbhookun. Ce nom, beaucoup s’en souviendront certainement. Et pour cause. Dans la cuvée 2019 du Higher School Certificate (HSC), Leckraj Hurbhookun, alors âgé de 18 ans, avait été le premier lauréat du Piton State College dans la filière des arts. Une nouvelle qui avait ému plus d’un. Leckraj avait été acclamé comme le héros du collège pour le plus grand plaisir de ses proches et amis. Aujourd’hui, quatre ans plus tard, Leckraj Hurbhookun est de retour sur la scène médiatique. Agé maintenant de 22 ans, il est rentré au pays au début de l’année après trois ans d’études en informatique au Krupanidhi Degree College, affilié à la Bangalore North University, en Inde. Il prend le temps de se retrouver, de retrouver ses passions oubliées ou délaissées alors qu’il s’investissait à fond dans ses études. Qu’est devenu le lauréat que beaucoup avaient qualifié de silent fighter ?

L’herbe pas plus verte ailleurs

Après sa réussite aux examens, Leckraj s’est rendu en Inde pour ses études en informatique. Choix qu’il qualifie qu’il aurait pu faire car il s’est senti forcé. «J’ai eu beaucoup de mal à m’adapter en Inde, avec le système éducatif surtout. J’ai aussi remarqué beaucoup de favoritisme dans cette école en Inde. Je n’étais pas prêt. Ces choses m’ont fait comprendre que j’avais fait un très mauvais choix», confie cet habitant de Roche-Bois.

Durant ses trois ans d’études en Inde, Leckraj aura à s’adapter à la vie, à la culture indienne et confie avoir été victime d’inégalité et de favoritisme. «Ena zelev ti pe fer ti toutou profeser. Zot fer tou bann travay profeser la. Akademik zot pa ti pe travay. Lafin lane zot gagn plis pwin ki ou ki pe aprann.» Cette situation poussera Leckraj, lors d’une session de toast mastering, à faire un exposé sur son vécu durant lequel il dénoncera tout ce qu’il a vu. Trois ans plus tard, il rentre au pays.

«Al tap laport minis pou gagn travay ?»

A son retour au pays, Leckraj en a vu de toutes les couleurs. Plusieurs personnes l’ont sollicité dont des agents politiciens. «Certains me disaient d’aller voir des ministres pour obtenir un job. C’est mauvais. Le “backing” ne tient pas. Il faut savoir construire sur du roc», confie Leckraj. Autre point qu’il déplore, c’est la pression des aînés qui tentent de décider à sa place. «Vinn dir al pran form al travay X plas. Nou bizin kapav deside nou mem.»

Leckraj tient bon et s’adonne aux activités qu’il n’a pu faire pleinement durant sa scolarité, notamment le foot dont il est passionné. Pour lui, on n’a pas forcément besoin de passer par la politique pour se bâtir une identité car «tout fason nou tou kone dan moris politik malang». Leckraj jette aussi un œil sur l’actualité mauricienne même s’il était déconnecté du pays pendant trois ans. Il exprime sa tristesse quant à la polémique autour d’un chant raciste, faisant le parallèle avec une situation qu’il a vue en Inde où une école était accusée de pratiquer le castéisme. «Enn mama ti dir si dan iniform bann zanfan la pe koz koumsa, si demin zot met palto ki zot pou fer», déplore Leckraj Hurbhookun. Il dénonce avec force le racisme. Il confie qu’il en a été lui-même témoin. «Mo rapel lepok kan ti pe al raporte, bann direksion dir ignor li parski zot per pou met lame ladan. Zot tret sa ek humour ena fwa nou gagn etiket tou.»

Leckraj se prononce aussi sur l’affaire Franklin et se dit outré que ce soit grâce à La Réunion que cette affaire a été rendue publique à Maurice. Il parle d’une politique de deux poids deux mesures et déplore l’inaction de certaines organisations socio-culturelles après avoir appris l’existence d’un lieu de fête proche du lac sacré de Grand-Bassin. Leckraj Hurbhookun encourage les jeunes à s’exprimer et à ne pas nourrir la frayeur. Il demande aux jeunes de faire le bon choix et de faire ce qu’ils aiment.