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Ashok Aubeeluck, économiste: «Déçu par les précédents budgets de XLD»

6 novembre 2013, 13:11

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Ashok Aubeeluck, économiste: «Déçu par les précédents budgets de XLD»

Ancien directeur du budget et désormais conférencier à l’Université des Technologies entre autres, Ashok Aubeeluck se montre très critique vis-à-vis d’une gestion économique qui laisse trop de places à l’approximation. Il plaide pour un budget 2014 qui encourage la créativité. Xavier-Luc Duval (XLD), ministre de tutelle, a aussi l’occasion, selon lui, de se libérer du joug d’Ali Mansoor.

 

D’emblée,  Ashok Aubeeluck se dit déçu par les précédents budgets de XLD. Pour lui, ce sont autant d’occasions ratées de relancer l’économie mauricienne. Il est vrai qu’en prenant le portefeuille des Finances à Pravind Jugnauth, XLD donnait le signal d’une rupture. Connu pour ses options libérales, on attendait un ministre de tutelle plus ouvert aux vents du changement. Dans tous les cas de figure, c’était la perception que laissait Navin Ramgoolam en choisissant de nommer XLD comme Grand Argentier. «Toutefois, l’influence d’Ali Mansoor sur XLD était disproportionnée… L’accent a été trop mis sur la gestion des dettes et le contrôle du déficit budgétaire. C’était bien lorsque nous avons pris cette direction mais, lorsqu’on pousse une logique à ses limites, cela a des effets néfastes», assure Ashok Aubeeluck.

 

Des indicateurs au rouge

 

Procédant à un rappel du chemin parcouru jusqu’ici, il précise qu’on avait préconisé un déficit de 2.5% et qu’on pouvait pousser jusqu’à 3% pour l’année qui s’écoule.«Il y a beaucoup de zones où on peut faire des économies… On investit mais on ne donne pas l’argent pour effectuer des réparations lorsque c’est nécessaire ou pour faire le suivi en termes d’entretien des équipements… A l’époque de Lutchmeenaraidoo, on inventait des secteurs», avance notre interlocuteur.  

 

A présent, ajoute-t-il, on a des secteurs mais on ne saisit pas les opportunités. Par exemple, pour le dossier énergétique, il faut un ministre très dynamique pour maintenir le rythme… Notre importation de l’énergie fossile s’élève à 24.5% de toute notre importation. Le déficit de notre compte courant, c’est quelque 10% à 12%. L’exportation ne marche pas et s’élève près à Rs 89 milliards alors que le déficit est presque du même montant. L’exportation stagne alors que l’importation est en excès. Il faut couper les dépenses liées à l’importation, plaide l’économiste.

 

Répétition des erreurs

Des carences, il en relève dans de nombreux secteurs. Plus important encore est le fait que les nouveaux projets ne sont pas soumis à des exercices avérés de planification. Ashok Aubeeluck cite, à cet effet, l’exemple d’Ebène ou encore celui de la construction de nouvelles routes et d’autres projets environnementaux. A bien des égards, Maurice a raté des rendez-vous clés. Comment, dans un tel contexte, faire évoluer l’économie mauricienne? Aux grands maux, de grands remèdes. Pour notre interlocuteur, il faut investir et se consacrer davantage à l’économie de l’océan.

 

L’économie de l’océan

«Il faut un plan directeur à l’économie de l’océan. On veut émuler Singapour qui, en superficie, fait le tiers de Maurice. Or à Singapour, les chemins et chaussées sont larges. Nous, nous ne faisons que reproduire les mêmes erreurs du passé. La cyber-cité, c’était une occasion en or de réussir quelque chose de grand. Or, nous l’avons raté. Cela démontre que ceux qui ont conçu son développement n’avaient pas une grande vision. Aujourd’hui, dans tout ce que nous faisons, il faut une approche pluridisciplinaire. On ne peut pas dire que c’est parce qu’on est économiste, comptable ou ingénieur qu’on maîtrise toutes les données. Personne n’a le monopole des idées», insiste Ashok Aubeeluck avant de conclure que pour faire face à la compétition internationale, il faut que nous soyons parmi les meilleurs, parmi les plus productifs.

 

XLD prend-il la pleine mesure du chantier qui s’offre à lui? Il faut toujours, pour reprendre un poncif qu’utilise Ashok Aubeeluck, ne pas perdre confiance et espoir. Mais il n’est pas sûr que nous ayons la volonté de «think out of the box»! L’espoir et l’originalité ne riment pas toujours.

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