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Philippe Lam: Pas le droit à l’erreur

1 novembre 2013, 11:45

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Philippe Lam: Pas le droit à l’erreur

L’économiste Philippe Lam se veut réaliste. Les considérations électoralistes doivent être reportées. L’économie mauricienne nécessite une chirurgie radicale et non un traitement à doses homéopathiques afin de faire face à un environnement mondial incertain.

 

Les temps de l’Etat tuteur sont écoulés. On est à l’ère de l’Etat arbitre. Cette logique est martelée par de nombreux acteurs de l’économie à travers le monde. Même ceux qui se réclament de la gauche revendiquent une conception moins interventionniste de l’Etat dans la vie économique d’un pays. C’est l’un des points de vue que défend l’économiste mauricien Philippe Lam.

 

Celui-ci interprète mal l’obsession des gouvernements mauriciens à vouloir jouer un rôle prépondérant dans la vie économique du pays. Serait-ce dû à une certaine pusillanimité des agents des forces du marché. Le secteur privé mauricien est, en effet, souvent décrié. Certains n’hésitant pas, au sein de l’actuelle classe politique dirigeante, à le décrire comme une société de rentiers. D’autres plus modérés dénoncent sa propension à réclamer continuellement des mesures incitatives. Enfin ses principaux animateurs ne cessent de rappeler que le secteur privé mauricien est très ouvert aux changements et participe pleinement à l’œuvre qui consiste à lui insuffler une nouvelle dynamique. La vérité est toujours située entre les extrêmes et les interprétations sont également figées dans le temps.

 

Reste l’Etat mauricien. Il a développé ces dernières années un discours où, dans tous les cas de figure, il a le beau rôle. Toute critique de son action est vite assimilée à une attaque contre les classes vulnérables. C’est, cependant, une manœuvre simpliste. Car, l’enjeu est ailleurs. Il n’est pas chez l’Etat moralisateur et encore moins chez l’Etat lénifiant et pontifiant. «Certes, l’Etat a un rôle très important à jouer», assure Philippe Lam en ce sens.

 

C’est ce qui pousse l’économiste à soutenir que l’Etat tentera de mener une politique plus prononcée en faveur du développement. «On a trop tendance à croire que l’Etat est seulement facilitateur. Ce n’est pas suffisant. Il doit jouer un rôle plus entrepreneurial. Nous avons atteint un stade de développement où nous sommes un peu coincés. Les opportunités ne peuvent pas être saisies par le secteur privé à lui-seul. L’Etat doit contribuer à créer de nouveaux espaces économiques», rappelle l’économiste.

Il est des défis autrement plus importants à relever. Comme une diversification économique qui s’ouvre à des horizons neufs, comme l’économie de l’océan, comme les moyens à déployer pour faire front au vieillissement de la population, comme cette société de l’information qui présente autant d’opportunités que de pièges à éviter… «Le vieillissement de la population, et bien d’autres enjeux, ont des effets qu’il faut prendre en compte. Si on pense que l’île Maurice peut se contenter chaque année d’un exercice comptable comme le budget, l’avenir du pays deviendra de plus en plus incertain. Je crains fort que nous raterons le train ainsi… En économie, cela ne se pardonne pas. On n’aura pas une deuxième chance», prévient Philippe Lam.

 

Autant de raisons qui font qu’il est impératif de surmonter les aléas et les calculs de la vie politique. Remplacement de Pravind Jugnauth par Xavier-Luc Duval, celui d’Ali Mansoor par Dev Manraj, Navin Ramgoolam comme marionnettiste ou visionnaire… Peu importe. L’essentiel, c’est de ne pas manquer rendez-vous. «Il ne faut pas oublier que c’est le budget du gouvernement», souligne, à cet effet, Philippe Lam. Les techniciens des Finances sont, eux, là pour garantir la continuité de politique générale malgré les bouleversements qui ont lieu autour.

 

Mais à une semaine de la présentation du budget, les premiers signes ne sont pas de bon augure. Les deux principaux camps ont déjà déclenché les hostilités. C’est dire que les contingences de la scène quotidienne risquent de nuire à la grande pièce que se prépare à interpréter Xavier-Luc Duval et son gouvernement.

 

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