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Zaahirah Muthy : les épreuves et les triomphes d’une nouvelle vie
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Zaahirah Muthy : les épreuves et les triomphes d’une nouvelle vie
«À Maurice, on me connaît surtout comme curatrice ou la fondatrice de la Mauritius International Art Fair (MIAF), moins comme artiste. Je souhaite que les Mauriciens redécouvrent l’artiste que je suis.» C’est le souhait de Zaahirah Muthy. À la tête de ZeeArts, notre compatriote installée à Dubaï est actuellement à Maurice, pour son exposition solo qui se tiendra du 6 au 20 septembre à The Hybrid, Telfair, à Moka.
L’exposition, intitulée A Chronicle Voyage, retrace le parcours de Zaahirah Muthy, avec ses épreuves et les triomphes de la création d’une nouvelle vie dans un pays étranger. Derrière les formes naïves et les couleurs chatoyantes se dessinent une self-made woman. «En 2011, je voulais voir ce qui se faisait ailleurs et j’ai choisi de m’installer à Dubaï. Un pays que je connaissais pour y être allée plusieurs fois. It is the safest country in the world.» Elle débarque à Dubaï sans connaître personne. Son fils aîné reste à Maurice. «J’ai été très courageuse. Les débuts n’ont pas été roses. Je suis tombée à plusieurs reprises. J’ai changé six fois de carrière avant de créer ZeeArts. J’avais soif d’apprendre et de découvrir de nouvelles choses. La peinture a toujours fait partie de ma vie.» Le premier événement qu’elle organise à Dubaï est en 2012 dans un centre commercial. «Mon départ pour Dubaï a transformé ma vie», explique-t-elle.
A Chronicle Voyage est une collection qui reflète intimement ce voyage profond, englobant difficultés, triomphes et souvenirs. Du rose, du fuchsia, du jaune, du bleu, les couleurs vives et les contours naïfs apportent à l’ensemble des œuvres de Zaahirah Muthy des notes joyeuses et ce, même si elle parle de défis à relever. Chaque œuvre fait ressortir la résilience et le désir de croissance personnelle qui l’ont poussée à réaliser ses rêves, malgré les obstacles.
L’exposition comprend 40 œuvres : 15 tableaux ramenés de Dubaï, cinq de France. Le reste a été fait ici. «Mon papa et mon fils cadet m’inspirent beaucoup. Mes tableaux ont une approche naïve. C’est aussi une façon de me reconnecter avec mes racines», souligne-t-elle. Après la pandémie, sa peinture change. «Avant, mon œuvre était influencée par le monde arabe, notamment les minarets. Maintenant, ma peinture s’est tournée davantage vers Maurice.»
Zaahirah Muthy dessine sa chambre à Maurice ou encore des poussins qui, dit-elle, la représentent. Signe de fragilité, mais aussi de résilience. Le tout, dans une diversité de techniques incluant le graffiti et les techniques mixtes. L’une des approches signatures de Zaahirah Muthy est le collage de papier recyclé pour souligner son engagement en faveur de la durabilité. «Le message de l’exposition est de ne jamais baisser les bras.»
Avant son départ pour Dubaï, elle avait proposé deux expositions à Maurice, l’une en 2006 et l’autre en 2009 à l’Alliance française.
Zaahirah Muthy a reçu de nombreuses récompenses durant sa carrière, dont le Leonardo Da Vinci Universal Artists Award en Italie en 2018 et le Femina World Women Leadership Award en Inde en 2018. *Zaahirah Muthy sera à la salle d’exposition le 6 septembre de 15 à 19 heures. Horaires d’ouverture : du mardi au samedi de 10 à 15 heures et les vendredis de 15 à 19 heures.
La biennale océan indien lancée l’année prochaine
Pas de quatrième édition de la MIAF cette année. «La MIAF se transforme, devenant une biennale réunissant les îles de l’océan Indien : Maurice et Rodrigues, La Réunion, les Seychelles, les Comores et Madagascar. Cette biennale sera lancée à Maurice vers juillet-août l’année prochaine. Elle se tiendra tous les deux ans dans les différentes îles. Dans cinq ans, nous souhaitons inclure les Maldives et le Sri Lanka», explique Zaahirah Muthy.
La MIAF avait pour objectif de faire de Maurice un hub artistique. Il y a eu trois éditions de la MIAF en 2019, 2022 et 2023. «Quand j’ai commencé la MIAF, cela a été un vrai défi. Personne ne me connaissait. Une centaine d’artistes a exposé lors de la première édition. J’avais pour invitée une personne qui gère 16 musées aux Émirats. À la deuxième édition, nous avons pu construire notre réseau et nous avons invité Deloitte de Luxembourg et pour la troisième édition, nous avons fait venir Christie’s à Maurice», explique-t-elle.
Si Zaahirah Muthy se dit satisfaite d’avoir fait venir tout ce beau monde à Maurice, elle fait ressortir: «Ces personnes sont au cœur de l’univers artistique au niveau international. Quand elles viennent à Maurice, le pays doit être prêt à les accueillir et à saisir l’occasion qui se présente.» Ce qui n’a pas été le cas, déplore-t-elle.
Maurice doit se réveiller, prendre conscience que l’univers artistique peut être un pilier économique et mettre en place les structures adéquates. «Le monde est devenu petit ; il est important de booster les îles qui n’ont pas une grande visibilité dans les biennales internationales. À travers Arts Connects Women qui réunit des centaines de femmes à travers le monde, je travaille déjà avec plusieurs artistes des îles de l’océan Indien. Arts Connects Women vient d’être officiellement reconnu comme une initiative CSR» , conclut Zaahirah Muthy.
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