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Manière de voir
Zaho de Sagazan: Zèbre la chanson française
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Zaho de Sagazan: Zèbre la chanson française
Si vous aimez seulement la variété, le rap en français, la dance music ou la techno, alors vous n’allez pas vous sentir concerné par tout ce qui suit. Si, en revanche, vous aimez la chanson française de haute facture, surtout Jacques Brel ou Barbara, alors vous allez découvrir et adorer une nouvelle venue inattendue sur ce terrain-là.
Écoutez à la radio si ça passe, sur YouTube ou ailleurs, la chanson La symphonie des éclairs interprétée par Zaho de Sagazan (c’est son vrai nom), alors vous la réécouterez sans cesse pour la voix et les paroles. Sans crier gare aux dernières Victoires de la Musique à Paris, elle a remporté pas moins de quatre Victoires : meilleur album, révélation de l’année, révélation féminine, disque d’or pour les ventes de l’album qui porte le même titre que la chanson précitée. Une razzia avec 115 concerts durant l’année 2023, dont celui à l’Olympia, tous à guichets fermés. La presse et les médias la qualifient de «tourbillon».
Antistar
Venue de la ville de Saint-Nazaire et âgée de 24 ans, Zaho a tout de l’antistar. Elle ne s’entoure que de ses amies proches et fuit les mondanités. Elle connaît une adolescence difficile marquée par beaucoup de complexes, dont son poids qui a depuis diminué, une hypersensibilité, des addictions à la cigarette et au cannabis, des petits boulots comme garde-malade de personnes âgées… Aussi, elle passe son temps à pleurer et à crier, souffre de troubles alimentaires, se trouve moche et tente la danse pour s’en sortir. Rien n’y fait.
À la fin de l’adolescence, Zaho découvre «qu’aucune drogue n’est cool», pleure sur son piano sur lequel elle découvre que tous ses défauts, notamment sa sensibilité, sont peutêtre des qualités. Alors, dit-elle, «on ne naît pas talentueux», mais compose la musique et écrit des paroles à fleur de peau. Adieu la dépression et l’angoisse, elle soigne sa santé mentale grâce à ses chansons et aussi à sa voix étonnante. Zaho retrouve une énergie dans sa voix basse et claire qui fend le cœur et vous prend parfois aux tripes. Une passionnée dont la parfaite élocution agit comme un éclair magnifique. Difficile de rester insensible.
«La symphonie des éclairs»
La singularité de son album et sa simplicité naturelle loin des paillettes la catapulte dans les radios en France. Tous les médias se l’accaparent, mais Zaho reste simple, indépendante, répond aux questions avec une franchise déconcertante sur ses moments difficiles. L’antistar ne se permet qu’une fantaisie, des cheveux peroxydés. Elle choisit d’être et non de paraître.
Sa chanson La symphonie des éclairs est déjà devenue un classique de la chanson française. Mais il faut écouter toutes les chansons de l’album, surtout les textes. Elle s’accompagne au piano et parfois avec une légère touche électronique. Sur scène, vêtue très simplement de ce qu’il faudrait appeler son bleu de travail, elle propose des versions métamorphosées de son répertoire.
Zaho n’a pas changé son monde d’un iota. Toujours ses mêmes amis malgré le succès fulgurant et les éloges. De tous ses défauts d’antan elle en a fait des qualités qui abreuvent ses chansons parfois intimistes mais vraies. Certains évoquent une profondeur d’âme. Tous les amoureux de la chanson française savent maintenant quoi faire. Écoutez sine die La symphonie des éclairs par Zaho de Sagazan. Please! Pourvu que les radios programment cette chanson. Dégazé!
Aya Nakamura chantera aux J. O. de Paris
La nouvelle a fait l’effet d’une bombe tant dans les milieux musicaux que politiques. Après une rencontre avec la chanteuse malienne Aya Nakamura, qui vit en France et casse la baraque actuellement avec le titre Djadja, le président français, Emmanuel Macron, lui a demandé de chanter une chanson française à l’occasion de l’ouverture des Jeux Olympiques (J. O.) à Paris dans quelques mois. Elle a répondu qu’elle aimait beaucoup Edith Piaf.
Depuis que la nouvelle s’est répandue, la polémique va bon train. Les milieux élitistes auraient préféré un chanteur ou une chanteuse française. Les organisateurs des J. O. non-avertis s’étonnent et ne s’expriment qu’en catimini. Le grand public français ne semble pas réagir mais les fans d’Aya Nakamura sont enthousiastes. Ce serait projeter une image métissée de la France d’aujourd’hui.
Mais qui est-elle ? Elle a déjà trois albums à son actif qui ont tous été disques d’or durant ces dernières années. Elle collectionne les prix, était nominée aux Victoires de la Musique et a remporté l’Energy Music Award. Elle compte déjà plusieurs hits mais c’est surtout son hit Djadja qui bat les records de vente. Cette chanson cartonne auprès des ados et des jeunes.
Auteure/compositrice/ interprète, tous les organisateurs de spectacle la réclament, sûrs de faire salle comble. Tous les billets pour son concert à L’Olympia ont été enlevés en quelques heures. Pour ses trois concerts consécutifs à l’Arena Paris/ Bercy, tous les billets se sont vendus en quelques heures aussi.
Aya Nakamura est actuellement l’artiste francophone la plus écoutée et diffusée dans le monde. Son style s’apparente à l’afro-beat zouk, teinté de RnB. Sa mère déjà au Mali était une griotte, c’est-à-dire la gardienne de toutes les traditions. Faisant preuve d’une grande féminité et non de féminisme, elle enchante et séduit. Des grands noms comme Rihanna et Alicia Keys n’ont pas hésité à la rejoindre sur scène pour quelques pas de danse lascive. Elle a récemment rencontré son idole, la top model Naomi Campbell.
Ses ventes de disque se montent à 500 000 exemplaires pour chaque album en France et 1,5 million dans le monde. Déjà mère mais indépendante, Aya Nakamura enchaîne les tournées en France et sous peu en Afrique francophone et aux Antilles françaises. Sa prestation aux J. O. est presque assurée, mais certains mettent des bâtons dans les roues de ce projet inattendu. Les controverses se poursuivent sur le choix de cette chanteuse. Le vétéran Michel Polnareff a soumis sa proposition. Une de ses chansons intitulée Lettre a France. Selon un sondage, 63 % des Français sont contre ce choix. Ils auraient préféré une chanson de Goldman ou de Sardou. La médaille d’or sur scène à l’ouverture ?
Come-back de Céline Dion-Jean Jacques Goldman ?
Oui et non. Non, Jean Jacques Goldman, qui s’est volontairement retiré depuis 20 ans, ne va pas se reproduire sur scène. Malgré son silence, le chanteur/auteur/compositeur/ interprète reste, selon les sondages, la personnalité préférée des Français. Mais alors, pourquoi parler de come-back ?
Céline Dion, pour sa part, a dû tout abandonner en raison d’un syndrome rare qui atteint le système nerveux central, «la maladie de la personne raide». En raison de cette rigidité du tronc et des membres accompagnée de spasmes, elle ne peut ni marcher correctement et encore moins chanter. Tout a commencé il y plus d’une dizaine d’années, d’où le fait qu’elle était toujours accompagnée en coulisses d’un masseur. Pourquoi alors parler de come-back ? C’est pour un projet qui devait absolument avoir à la fois l’aval de Céline Dion et celui de Jean Jacques Goldman. Quelques artistes, dont en premier lieu Vincent Niclo, ont imaginé un spectacle hommage à Céline Dion à Paris qui ne comprendrait que les compositions de Goldman taillées sur mesure pour la chanteuse sur l’album intitulé D’eux, l’album de chansons francophones le plus vendu dans le monde.
Les deux artistes ont accepté le projet à condition qu’ils valident le choix des morceaux. En cas de non, la chanson serait rejetée. Après ce choix minutieux, toutes les chansons de l’album D’eux et quelques autres de Céline Dion ont toutes été validées par les deux. Et c’est ainsi que début mars à Paris a eu lieu cet hommage en l’absence des deux concernés. Les chanteurs et chanteuses étaient accompagnés par l’Orchestre philharmonique du Québec (40 musiciens) sans guitare électrique, sans instrument électro et sans batterie.
Voilà comment et pourquoi les deux se sont retrouvés mais pas du tout pour de nouvelles chansons. Jean Jacques Goldman s’est retiré à nouveau par la suite. Quant à Céline Dion, soumise à un traitement lourd, elle sait qu’on ne guérit jamais de ce syndrome. Avec le temps et les traitements, il se stabilisera. Peut-être alors pourra-t-elle chanter à nouveau mais dans quelles conditions ? Ce spectacle hommage se donnera-t-il ailleurs qu’à Paris ?
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