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À la rencontre des Kokni: piliers du port, pionniers des «lotel dite»
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À la rencontre des Kokni: piliers du port, pionniers des «lotel dite»
Tim Taylor (à dr.), «chairman» de Scott Ltd, présent au lancement du livre d’Assad Bhuglah, a témoigné de la longue association entre sa famille et celle de Cadjee Mamode, un Kokni, dans le port.
Les Kokni, un groupe bien distinct parmi les Mauriciens de foi musulmane. C’est l’histoire de ces hommes de la mer, maillon essentiel des activités portuaires, qui se sont ensuite tournés vers des activités commerciales à terre, que nous raconte Assad Bhuglah dans «Kokni diaspora in Mauritius». L’ouvrage a été lancé le jeudi 7 septembre au «Hennessy Park Hotel».
Deux bonnes adresses incontournables de Port-Louis: Hôtel Providence et Hôtel Pakistan. Leur pain-gâteaux piment et tant d’autres bonnes choses à manger ont fait leur renommée. Saviez-vous que leur mélange si particulier d’épices est un héritage culturel des ancêtres des propriétaires de ces lotel dite. Ce sont des Kokni originaires d’Inde. Ils forment un groupe distinct parmi les Mauriciens de foi musulmane. Un groupe dont l’histoire est liée à la colonisation – ils ne sont pas venus comme travailleurs engagés – et au développement du port.
L’ancien «Hôtel Pakistan».
C’est tout cela et bien plus encore que partage Assad Bhuglah. Son cinquième ouvrage, Kokni diaspora in Mauritius, a été lancé le jeudi 7 septembre au Hennessy Park Hotel.
Hassen Mian Faki, né à Chimao au Konkan en 1907, est devenu propriétaire d’une flotte de bateaux de pêche.
On suit les Kokni, dignes successeurs des marins lascars. Si les Lascars sont arrivés pendant la colonisation française pour travailler au port, les Kokni sont eux du temps de la colonisation britannique. Les aptitudes de ces hommes de la mer – originaires de régions côtières indiennes konkani (aujourd’hui le Maharastra) font d’eux aussi des travailleurs du port. Ils sont employés pour l’amarrage des navires, le transport des employés chargés d’embarquer et de débarquer les marchandises des bateaux. «At a time, when all the operations of mooring and unmooring the ships were done manually, I would venture to say that without the Koknis, the harbour would come to standstill», a affirmé l’auteur lors du lancement.
Mamoodkhan Allykhan, fondateur de l’«Hôtel Providence», derrière son comptoir. Photo prise le jour de l’inauguration.
Assad Bhuglah s’intéresse aussi à la mobilité sociale. Celle d’un ensemble qui pratique l’endogamie, c’est-à-dire les mariages à l’intérieur du groupe. «If they could not find a Kokni partner in Mauritius, they would go to Konkan to fetch their spouses.» Résultat : ce groupe soudé et travailleur, «in the lapse of one generation, some Koknis have moved up from the status of boat rower to the status of ship owner or property holder. There are evidences to show that few Koknis became so powerful financially that they could assist their Anglo-Mauritian employers in the re-structuration of their companies». L’auteur consacre un chapitre à la success-story d’un Kokni, Ali Parkar, fondateur de Star Knitwear, aujourd’hui âgé de 95 ans. «Ali Parkar could have led a comfortable life in Bombay where his cousin Antolay would become the Chief Minister of Maharashtra. But the spirit of adventure runs in the veins of the Koknis.»
La couverture est signée l’artiste Nasreen Banu Ahseek. Elle a réuni les caractéristiques des Kokni : le port, comme il était au début du 20e siècle, la barque artisanale en bois, le bateau de pêche «Faki 1», symbole de mobilité sociale des Kokni, et le fez rouge pour leur attachement aux traditions. © Sumeet Muhdoo
Environ 15 000 Kokni à Maurice
Selon Shameem Abdoolakhan, président de la Cockney Hudayetool Islam Society, «3500 familles» sont enregistrées auprès de l’association. Il estime le nombre de Kokni à Maurice autour de 15 000. Assad Bhuglah écrit qu’environ «7 % of total 200 000 muslims» sont des Kokni. Ils sont majoritairement à Port-Louis.
Les différents groupes
Les origines géographiques des Mauriciens de foi musulmane sont diverses. C’est ce que détaille Moomtaz Emrith en préface de Kokni diaspora in Mauritius.
● Les Lascars venus du sud de l’Inde, en 1735, avec Mahé de La Bourdonnais. Artisans et dockers, ils travaillent à l’édification du port. «Despite the official policy of the French colonial government which was not to encourage the practice of any other faith but catholicism, the lascar-Muslim would convince the French authorities in 1805 to grant them a permit to build ‘une chapelle pour l’exercice de leur culte’ (…) The ‘chapelle’ (mosque) still stands today (…) under the name of Al-Aqsa Mosque. It is a historic landmark edifice which stands as a stark reminder of the presence of Islam in the island since the beginning of its history.»
● Il y avait des Kokni parmi les Lascars arrivés sous La Bourdonnais, mais il y a peu d’information les concernant, précise Assad Bhuglah. «However, the Koknis who came as from the 1850s have been well documented by Amenah Jahangeer-Chojoo. They landed in Mauritius as free passengers.»
● Les musulmans Biharis, originaires du Bihar et d’Uttar Pradesh. Ils sont venus comme travailleurs engagés à partir de 1834.
● Les Meiman et Surtee, commerçants et marchands non-contractuels. Ils sont venus du Gujerat, de Surat et de la région de Kathiawar.
Noms de famille, reflets d’un métissage
Assad Bhuglah identifie les familles d’origine kokni. L’auteur explique qu’elles sont issues de métissages. De la rencontre des Arabes, des Perses, avec la population autochtone des régions côtières de l’Inde au Konkan, aujourd’hui le Maharastra, Bombay, Goa, le Kerala et le Karnataka. «The names and surnames of the Koknis reflected the Arab, Persian, Afghan terminologies such as Saleh, Fateh, Meean, Beg, Khan, Abdool, Gaffoor, Rosunally, Rosunkhan, Hyderkhan, etc.» À la fin du livre, l’auteur donne la parole à des Kokni de la jeune génération.
Dans une comparaison avec les lascars, Assad Bhuglah souligne que les Kokni «were better positioned than the lascars. During the French colonisation, the lascars faced many hurdles and restrictions in the practice of their religion and culture. (…) Even their names were Christianised. Many of the muslim names were distorted such as Mamedy (instead of Mohammady), Cadinouche (instead of Kazi Yunus), Bacosse (instead of Bacus), Bakor (instead of Bakar), Mamode (instead of Mohammad), etc.»
Le savoureux partage de Tim Taylor
Tim Taylor, chairman de Scott Ltd, était présent au lancement de l’ouvrage d’Assad Bhuglah, jeudi dernier au Hennessy Park Hotel. Il a livré un savoureux témoignage que l’on retrouve dans l’ouvrage, sous le titre Kokni briani at Christmas. «Every Christmas morning, as part of a tradition going back for over 100 years now, Cadjee Mamode arrives at the Taylor (previously also the Smith’s) residences with a large dekti of briani. Currently, Cadjee brings briani to Derek’s and my homes. Sixty years ago, it was Cadjee’s grandfather who brought briani to George and Duncan. Thirty yers ago, Cadjee’s father brought briani for Percy and Dennis (…)
It is interesting to try to understand why there is this tradition. The Cadjee Mamode family (Koknis) have various activities in the harbour of Port-Louis. When PortLouis was a lighterage port prior to 1980, their activities were much more substantial and they also ran the boats that took the Taylor&Smith stevedores to and from the ship that were moored on the buoys in the stream. Sandy Taylor therefore worked closely with the Cadjees when he was developing the stevedoring business at the end of the nineteeth and the beginning of the twentieth centuries.
Tradition has it that Cadjee lent money to Sandy during this period when Sandy was restructuring the largely bankrupt business of the Black and Smith. However, if Cadjee lent money to Sandy, why is it that they are bringing briani to the Taylors – surely it should be the other way around and it should be the Taylors that should be taking turkey and Christmas pudding every Christmas – or perhaps Eid – to the Cadjees!
Not even Cadjee is very clear why he is still bringing the briani as the Taylors are no longer customers of his in the harbour. However, I think that it is a wonderful tradition and long may it last».
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