Faire du neuf avec du vieux. C’était le principe de la construction du nouvel hôpital ENT à Vacoas. Avec la garantie que les pierres de l’édifice existant seraient intégrées au nouveau bâtiment. Le rapport de l’Audit, déposé le 2 avril, revient sur le sort réel de ces pierres. De quoi alimenter les débats aujourd’hui, 18 avril, Journée internationale des monuments et sites.

Le volet consacré au ministère de la Santé soulève un point troublant. «The present location of several dismantled items, following the demolition of the old hospital could not be ascertained.» L’Audit précise que le 20 février 2018, le ministère de la Santé, en réponse au National Heritage Fund (NHF), a indiqué que les pierres récupérées de la démolition de l’ancien hôpital ont été entreposées et restent la propriété du ministère. «However, evidence of the present whereabouts of the historic stones and wood were not produced.»

D’ajouter que le 25 juillet 2018, le NHF a demandé à l’entrepreneur d’être autorisé à inspecter le lieu où sont entreposés les pierres et le bois du chantier. «As at date, no reply from the contractor was seen in file. This ministry has relaunched the matter of the historic stones. A reply is awaited.»

Au ministère des Arts et du patrimoine culturel, on indique que l’entrepreneur est tenu de «numéroter les pierres, de les documenter avant la démolition. Elles sont gardées dans un endroit sécurisé». Les pierres restantes sont «retournées au client». Dans le cas de l’hôpital ENT, c’est le ministère de la Santé. Ce qui nous ramène au point de départ. Au ministère des Arts, une source soutient que des pierres ont été «utilisées pour le revêtement des murs».

Y a-t-il un relevé des sites sécurisés où sont entreposées des pierres provenant de la démolition des bâtiments historiques ? Au ministère des Arts et du patrimoine culturel, on explique qu’à «chaque institution sa responsabilité».

Le garant du patrimoine a-t-il un droit de regard sur ces pierres ? «Il y a un suivi. Dans le cas de l’ancien hôpital ENT, même si ce n’était pas un bâtiment classé patrimoine historique, le NHF a recommandé que les vieilles pierres soient réutilisées autant que possible. Ou alors que l’on conserve la mémoire du site».

Commission d’enquête sur le trafic des propriétés culturelles

Dans un courrier au secrétaire permanent du ministère des Arts et du patrimoine culturel, le président de SOS Patrimoine en péril, Arrmaan Shamachurn, souligne que l’Audit «confirme nos appréhensions concernant l’opacité qui entoure le mouvement de pierres taillées, d’objets en fer forgé, de meubles anciens, de parquets etc. de sites historiques». Selon lui, l’hôpital ENT «n’est qu’un parmi de nombreux cas où des objets historiques ont été enlevés de manière ‘légale’ puis suspectés d’avoir été ‘mangés par des rats’». Avant de réitérer la demande pour qu’une commission d’enquête sur le trafic de propriétés culturelles soit instituée. En 2022, répondant à une question parlementaire, le Premier ministre a confirmé qu’une requête en ce sens, datée du 18 décembre 2021 et envoyée par SOS Patrimoine, a bien été reçue. «The request is being examined», a-t-il indiqué. Sur le même sujet, le ministre des Arts et du patrimoine culturel, Avinash Teeluck a répondu que la National Heritage Fund Act sera amendée. Elle prévoit la création d’une «équipe pour assurer le suivi concernant ce trafic».

Sites en fête durant le week-end

À l’occasion de la Journée internationale des monuments et sites, c’est portes ouvertes dans des sites classés patrimoine national, les samedi 20 et dimanche 21 avril. Accès gratuit à 21 sites de 9 heures à 16 heures, dont l’Hôtel du gouvernement, l’Aapravasi Ghat, le Musée de l’esclavage intercontinental, le Musée de Port-Louis, le Musée SSR, La Citadelle, la Tour-Koenig, à visiter à Port-Louis et ses alentours. Le Musée de l’Aventure du Sucre ne sera ouvert que le samedi, à tarif réduit. Alors que le Château Labourdonnais ne sera ouvert que le dimanche.