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Trafic routier

Accidents majeurs et embouteillages : Les défis de la modernisation des infrastructures routières à Maurice

31 août 2024, 21:00

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Accidents majeurs et embouteillages : Les défis de la modernisation des infrastructures routières à Maurice

[Photo d'illustration]

Un camion transportant du carburant s’est renversé mercredi après-midi sur le rond-point de Belle-Terre, paralysant complètement Ébène. L’accident a forcé les autorités à fermer la Verdun Link Road, ce qui a provoqué un énorme embouteillage pendant des heures. Avec plus de 600 000 véhicules en circulation à Maurice, le trafic sur les routes est devenu de plus en plus dense. Pour faire face à cette hausse constante du nombre de véhicules, le Road Decongestion Programme prévoit la construction de nouvelles routes et l’amélioration des axes existants afin de fluidifier le trafic.

Pourtant, chaque fois qu’un accident se produit sur les autoroutes, la circulation reste gravement bloquée et révèle des lacunes dans la gestion des incidents routiers. Avec l’embouteillage massif causé par la fermeture de la voie Terre-Rouge/Verdun à la suite de cet accident, l’on se demande : existe-t-il un plan de contingence pour gérer de telles situations et minimiser les désagréments pour les usagers de la route ?

Dans l’objectif de décongestionner les routes et de faciliter la mobilité des citoyens, plusieurs projets majeurs ont été réalisés cette année, dont le pont Sir Anerood Jugnauth (SAJ) et le nouveau pont de Holyrood. Le pont SAJ, une voie rapide de 330 mètres reliant Chebel à Sorèze en traversant la vallée de Grande-Rivière-Nord-Ouest, a été inauguré cette année. Ce projet est destiné à réduire les temps de trajet, économiser du carburant et alléger les problèmes de circulation. De l’autre côté, le pont de Holyrood, inauguré récemment à Vacoas, relie l’Ouest à la région des Plaines-Wilhems. Ce pont, d’un coût de Rs 60 millions offrant un meilleur alignement de la route, permet le passage sécurisé de la circulation bidirectionnelle, y compris pour les véhicules lourds. Il remplace l’ancien pont de 1876, qui était seulement de 2,9 mètres de large et provoquait des embouteillages importants aux heures de pointe. Parallèlement, la Road Development Authority (RDA) a lancé un appel d’offres pour des services de consultation pour la construction de l’autoroute M4 (Phase 3), de Bel-Air à Grand-Bel-Air. Cette initiative vise à améliorer davantage le réseau routier et à répondre aux besoins croissants de mobilité sur l’île.

Malgré ces avancées, la gestion de la circulation lors d’incidents majeurs, comme le récent accident du camion renversé continue à poser des défis. «Notre idée est de connecter toute l’île avec un réseau moderne d’autoroutes», explique Shanmuga Allagapen, attaché de presse au ministère des Infrastructures nationales. Plusieurs projets ont déjà été réalisés dans le cadre du Road Decongestion Programme, et d’autres sont à venir, notamment le M4, qui reliera Forbach à l’aéroport, le M5, qui connectera les villages du sud à l’aéroport, et le M6, qui reliera le Sud à l’Ouest par sa partie sud. «Une fois tous ces projets opérationnels, la connecti¬vité sera améliorée et la circulation sera fluide à toute heure, à condition de réduire le nombre de véhicules sur les routes», souligne-t-il. Cependant, malgré la construction de nouvelles routes, le nombre de véhicules continue à augmenter, atteignant environ 200 véhicules par kilomètre, soit le double de la norme internationale. «Si nous ne parvenons pas à réduire le nombre de véhicules, nous continuerons à avoir des embouteillages aux heures de pointe, même si le problème de trafic sera atténué», ajoute-t-il, précisant que ce ne sont que les temps de parcours qui seront légèrement réduits.

Selon lui, les flyovers du Quai D et de Pont Fer ont déjà été remplacés, tandis que ceux de Wooton et de Terre-Rouge sont actuellement en construction. D’autres projets de flyovers sont également prévus, notamment à Camp-Fouquereaux, Labourdonnais et Baie-du-Tombeau. Le flyover d’Ébène a été élargi, passant de deux à quatre voies, permettant aux automobilistes de traverser le rond-point d’Ébène et d’accéder directement à Rose-Hill. Par ailleurs, le pont A1-M1 relie l’Est, tandis que le Link Road de La Vigie mène vers Flic-en-Flac. «Notre objectif est de créer une meilleure fluidité du trafic et de réduire au maximum les conflits aux jonctions», explique Shanmuga Allagapen.

En cas d’accident majeur sur l’autoroute, des protocoles stricts doivent être suivis pour éviter tout risque d’explosion, comme dans le cas récent de ce camion-citerne. L’attaché de presse précise que des routes alternatives existent à Maurice, en fonction de l’endroit où se trouve l’automobiliste. Cependant, au milieu de l’autoroute, la situation est plus complexe. «C’est une question de circonstances, car tout dépend du type de véhicule impliqué, de la gravité de l’accident et de la rapidité des autorités à intervenir pour dégager la route», ajoute-t-il.

Vers un système d’alerte par SMS

La police a dû redoubler d’efforts mercredi dernier pour trou¬ver des chemins alternatifs à la suite de la fermeture du Verdun Link Road. Le chef inspecteur de police Ashok Mattar estime qu’il est temps de mettre en place un système d’alerte par SMS afin d’informer rapidement les usagers de la route sur les chemins de déviation disponibles et ainsi garantir un trafic moins dense.

«Nous avons dû fermer la route en raison de la topographie du terrain et trouver des chemins de déviation, ce qui a causé de nombreux inconvénients. L’opération pour retirer le camion a pris du temps», explique-t-il. Malgré les simulations régulières effectuées par la police, l’accident s’est produit à une heure de pointe et à un endroit stratégique, ce qui a amplifié son impact. «Il est essentiel d’améliorer nos communications, notamment par des alertes SMS, car certaines personnes n’écoutent pas la radio. Cela permettrait de les informer sur les routes alternatives», ajoute-t-il. Cependant, l’accident s’est produit à un point névralgique reliant différentes régions, et les déviations, souvent situées à au moins deux kilomètres du lieu de l’incident, ont été complexes à gérer. «Nous avons déjà des plans de déviation, mais cet accident, un déversement de carburant, était particulièrement délicat», précise-t-il et «en cas de déversement, nous devons respecter des protocoles stricts en collaboration avec d’autres autorités, comme les pompiers, pour s’assurer qu’aucun véhicule ou piéton ne se trouve dans le périmètre de sécurité, à l’exception des équipes d’intervention équipées».

Un ingénieur civil opérant dans le privé à Maurice, avec plusieurs années d’expérience dans la conception du trafic routier, déplore qu’un seul accident puisse paralyser tout le pays, alors que des solutions existent pour éviter de tels embouteillages. Selon lui, deux approches efficaces pourraient être mises en place.

La première consiste à gérer les alternatives de circulation immédiatement, sans fermer tous les axes. «Si un accident survient sur une voie, il est possible de réorganiser le trafic, comme cela se fait déjà le matin», explique-t-il. «On pourrait utiliser des glissières mobiles sur les autoroutes pour transformer une voie descendante en voie montante, par exemple. Cela permettrait de gérer le trafic sans le bloquer sur des kilomètres. Actuellement, avec des glissières fixes, on reste bloqué.»

La deuxième solution proposée est de mettre en place des réunions régulières pour préparer un plan d’atténuation efficace face aux accidents majeurs. «Il faudrait un plan d’urgence pour éviter des embouteillages monstres, avec, par exemple, une équipe spécialisée pour dégager rapidement tous les obstacles», ajoute-t-il.

Il reconnaît que la majorité des routes à Maurice sont bien conçues, mais souligne que certaines améliorations restent nécessaires. «Nous avons tout de même amélioré le réseau routier à Maurice, mais il est vrai que nous pouvons mieux faire.»