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Artistes Agaléens
Arnaud Henri: «Li tris ki nou pe bizin promouvwar lamizik agaleen avek nou prop moyen»
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Artistes Agaléens
Arnaud Henri: «Li tris ki nou pe bizin promouvwar lamizik agaleen avek nou prop moyen»
L’artiste était à la batterie lors du grand concert.
Que ce soit à Maurice ou à Agaléga, les problèmes des artistes sont les mêmes. Manque de fonds, manque de reconnaissance, sentiment d’abandon par les autorités… Arnaud Henri, chanteur et musicien, est bien placé pour le savoir.
Son nom de scène est Byron Jah, et à 31 ans, il a plusieurs chansons à son actif. Dans le morceau Zot pe pran partou il parle des constructions massives qui ont eu lieu à Agaléga et évoque les questions que tout le monde, que ce soit dans l’archipel ou à Maurice – le mainland – se posent. «Nou bann zanfan pe poz kestion ki pou ariv zot dimé», demande l’artiste dans cette chanson engagée dans laquelle figure aussi Arnaud Poulay, qui est connu dans le domaine artistique comme Ti Ras Agaléga. Ce ne sont pas les seules préoccupations de l’artiste. Depuis longtemps, il milite pour la même reconnaissance que les autres artistes de la République. «Nous souhaitons que les artistes d’ici aient les mêmes traitements qu’à Maurice, même si nous sommes bien placés pour savoir que même là-bas, tout n’est pas rose. Nous avons suivi avec intérêt la série d’annulations de concerts l’année dernière», dit le chanteur.
La vie d’artiste à Agaléga n’est pas simple, car il n’y a quasiment pas d’événements officiels sur l’île. Jeudi dernier était une exception. Un grand concert avait eu lieu après la série d’inaugurations. Quelques habitants et beaucoup de membres de la délégation officielle qui avait fait le déplacement pour l’occasion y ont assisté. Sur scène se sont succédé artistes agaléens, Clarel Armel et l’orchestre de la police. Ce soir-là, Arnaud Henri était à la batterie pour une partie de la soirée. Sinon, les artistes à Agaléga participent aussi aux mini-événements organisés par les Agaléens pour eux-mêmes, lorsqu’il n’y a ni délégation ni inaugurations. Mais le talent, hélas, «pa ranpli vant». Il travaille pour l’Outer Islands Development Corporation (OIDC) pour vivre.
Arnaud Henri parle d’un problème universel des artistes : les fonds pour au moins pouvoir se produire, si ce n’est pas pour vivre.«Lorsque nous nous déplaçons pour des performances dans les festivals de musique dans la région de l’océan Indien, nous rencontrons des artistes seychellois ou encore réunionnais. Ils nous demandent si, comme eux, les autorités prennent en charge nos frais de déplacement et de logement», dit-il. Il doit répondre par la négative. Les artistes doivent tout prendre à leurs frais. Même pour se déplacer à Maurice, ils font face à des difficultés. L’artiste avance qu’il a déjà participé à trois «Festival Kreol». Il avait envoyé sa candidature et avait été sélectionné. Dans ce cas, les frais de déplacement étaient pris en charge.
Mais le problème ici est le logement. Après le festival, il doit attendre le retour du Trochetia à Agaléga pour rentrer. Sachant que le bateau se déplace chaque trois mois, cela fait une longue attente, et il doit encore subvenir à ses besoins pendant qu’il attend ici. Même problèmes au niveau de la production. Il faut absolument se déplacer à Maurice pour enregistrer, et les mêmes problèmes se posent. «Li tris ki nou pe bizin promouvwar lamizik agaleen avek nou prop moyen. Parfwa, nou pe bizin pran loan akoz nou kontan fer lamizik», déplore-t-il.
En ce qui concerne les démarches, il estime que parfois, la lourdeur administrative est un frein à la création. Par exemple, pour faire un album, il y a des formulaires à remplir et beaucoup d’autres procédures. «Alors que nous ne sommes qu’une dizaine ici.» Face à cette lourdeur, encore une fois, ils préfèrent tout prendre en charge, quitte à s’endetter.
Ces problèmes, il les a évoqués avec Sandra Mayotte, artiste et députée qui faisait aussi partie de la délégation officielle. «J’ai préféré lui parler plutôt qu’au Premier ministre car elle est aussi une artiste. Li pou konpran ki mo pe dir, li pou konpran problem bann artis», explique-t-il. Depuis, il espère que la députée et PPS soulèvera les problèmes des artistes d’Agaléga avec les autorités concernées afin que leurs soucis soient finalement pris en compte.
Satyaprakash maunick, la voix du police band
Armé d’un micro, Satyaprakash Maunick a enchaîné des tubes de Bollywood sur le Trochetia le dimanche 25 février dernier. Puis, après les inaugurations à Agaléga, Satyaprakash Maunick était sur scène et encore une fois, devant son public, il a donné de la voix. Mais avant d’être chanteur, l’homme est sergent dans la force policière. Sans surprise, Satyaprakash Maunick annonce qu’il fait partie du Police Band. «Cela a été un honneur pour moi d’avoir participé à l’événement historique qui a eu lieu à Agaléga», a-t-il confié peu après le concert. «Pendant la performance, j’ai été surpris que même ici, il y a beaucoup de fans de la musique de Bollywood et orientale en général. Les artistes d’ici nous ont accompagnés avec leurs instruments. Pour moi, c’est le signe que la culture plurielle mauricienne ne s’arrête pas au mainland. Cet ensemble m’a vraiment procuré une satisfaction personnelle», dit le sergent. Son répertoire oriental est varié : cela couvre les chansons locales, les classiques de Bollywood des années 1980 à ce jour et des chanteurs modernes tels qu’Atif Aslam et Arijit Singh. «Les morceaux sont choisis par rapport au public que j’ai.» La chanson, il est tombé dedans il y a longtemps. Dès l’enfance, précise-t-il. Mais c’est avec le Police Band qu’il s’est développé. «Il y a eu tout un travail pour que je puisse me présenter devant un public. C’est là qu’être membre de l’orchestre m’a aidé», confie le sergent. Il a été au-devant de la scène lors de plusieurs événements, les célébrations pour l’indépendance, les arrivées des invités de l’État et les banquets, entre autres.
Le chanteur de tubes de Bollywood est avant tout sergent de police.
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