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« Proposer des alternatives aux familles démunies »

13 juin 2010, 09:42

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Alain Muneean:Terre de Paix La Fondation pour l’enfance

Deux cent quinze millions d’enfants travaillent dans le monde. On est loin de l’objectif fi xé pour 2016 ...

Ce constat est édifi ant et peu étonnant. L’économie mondiale a toujours eu besoin de diverses formes d’exploitation pour se maintenir un tant soit peu à flot. Dont celle de la main-d’œuvre infantile, surtout dans les pays du Sud. Les dérégulations prônées par la mondialisation ces vingt dernières années sont en contradiction avec les objectifs du BIT. Elles violent impunément les provisions de la Convention relative aux droits des enfants.


Le consommateur achète tous les jours des produits dans la fabrication desquels des enfants sont intervenus. Faut-il boycotter ces produits ?

Le boycott est effectivement une des stratégies à mettre en place. D’une part, il expose cette exploitation éhontée des enfants en nommant les pays et les produits incriminés et, d’autre part, il sensibilise les économies dépendantes sur l’importance de l’autosuffisance, concept-clé dans le cadre du développement durable, et, du coup, du développement de l’enfant.


Pour combattre la main-d’oeuvre infantile, le gouvernement brésilien propose des bourses aux familles démunies. Les lois ne suffi sent donc pas ?

Il s’agit surtout de proposer des alternatives aux familles démunies qui dépendent aussi des revenus des enfants pour survivre. Le système de bourse est, en fait, une prise en  charge de l’enfant par l’Etat et représente une aide financière indirecte à la famille. S’il est évident que les lois ne suffi sent pas, elles constituent néanmoins un cadre  complémentaire visant à criminaliser un mal et à normaliser les alternatives viables pour le développement de l’enfant.

Est-ce que Terre de Paix La Fondation pour l’enfance a eu à intervenir dans des cas de main-d’œuvre infantile à Maurice ?

Notre action se situe dans une grande mesure au centre même de cette problématique. Tous les enfants issus de milieux hostiles et qui nous sont confiés en milieu résidentiel, par exemple, auraient certainement été contraints de subir cette exploitation. Cette action est donc d’ordre préventive. Nous avons effectivement à intervenir auprès de parents. Dans certains cas, les rechutes deviennent récurrentes avec des absences scolaires répétées de l’enfant jusqu’à ce qu’il atteigne l’âge de 16 ans. Encore que certains de ces enfants n’ont d’autre choix que de suivre leurs parents dans des métiers à risque. Dans cette optique, il devient impératif de sécuriser des placements viables pour les enfants après les avoir exposés dans des structures d’éducation et de formation où les  apprentissages se font selon des méthodes et des pratiques qui leur plaisent. Freinet, Piaget et Freire en sont toujours, à ce titre, d’éminentes références.

L''Express dimanche