Publicité

2012, année plus sombre ?

27 décembre 2011, 00:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Que peut bien attendre le Mauricien en accueillant chez lui ce Nouvel an ? En pareille période de l’année, nous sommes nombreux à formuler des résolutions, d’ordre plutôt personnel, que nous espérons pouvoir respecter et traduire dans le concret l’année durant.

Très rarement, formulons-nous des résolutions pour le bien-être du pays ayant pour objectif de mater les défis économiques qui nous menacent, ou encore pour combattre les fléaux sociaux qui rongent notre société. La corruption, la fraude, le gaspillage des fonds publics, l’insécurité, les passe-droits et le népotisme, les actes répressifs, l’affaiblissement de nos institutions et l’arrogance du pouvoir tiennent tête d’affiche dans ce concert.

L’énumération faite ici ne suit nullement un quelconque classement et n’est point exhaustive. Ces maux, tels les tentacules d’une pieuvre, sont en train d’envelopper notre société sournoisement mais sûrement. Ils nous tirent vers l’abîme de pourrissement en nous asphyxiant et neutralisent les progrès accomplis grâce aux multiples sacrifices consentis par nos aînés.

Ma résolution pour 2012, c’est de pouvoir continuer à mener le combat contre ces fléaux, à côté de mes camarades du MMM, mais aussi, autant que faire se peut, en dehors de ce cadre. La question qui reste posée est : quel résultat apporterait ce combat ? Dénoncer, c’est bien. Toutefois, la lenteur d’actions correctionnelles est devenue proverbiale. Donc, est-ce que ces maux de société qui ont pris place confortablement avec les moeurs et valeurs du pays, sont à même d’être combattus farouchement par les autorités ? Les événements dans ces domaines qui ont marqué notre pays ces derniers temps ne présagent aucun fléchissement, aucun progrès durable. Bien au contraire !

Notre Premier ministre, qui a eu la chance d’être plébiscité à trois reprises, dont deux successivement, montre des signes d’usure. Déjà, depuis son premier mandat, une caractéristique d’incapacité décisionnelle lui est restée collée comme une seconde peau (Le rapport Carcassonne changera-t-il cela ?). L’arrogance du pouvoir qui s’est manifestée dans sa gestion des affaires publiques suite à l’installation du gouvernement de mai 2010, se transforme rapidement en une impatience, voire une intolérance, devant les critiques. Surtout après l’éclatement de ce même gouvernement. Son comportement, combien déplorable, lors de la dernière séance parlementaire est une confirmation de cette mue. Pris de court par les arguments de l’opposition sur un projet de loi qu’il pilotait personnellement, il a fait preuve d’une réaction discourtoise et peu louable de l’institution qu’il représente. Avec une majorité fragilisée au Parlement, malgré ses deux transfuges, et devant la prestation déterminée et efficace des parlementaires de l’opposition, l’an prochain ne sera guère reluisant pour lui et, conséquemment, pas susceptible de permettre l’espérance d’un assainissement de notre quotidien.

Au contraire. On risque de subir une monarchisation accentuée du régime Premier ministériel. Tout est fait et dit en son nom ! Et pour tout aggraver, le pays n’échappera pas à un leadership affaibli, inefficace, en manque d’une définition claire d’une vision partagée par le peuple. Devant une telle situation, certaines organisations se clamant d’être socioculturelles, se manifesteront davantage et tenteront de prendre en otage nos gouvernants. Ce qui nous mènerait inévitablement vers une opacité plus profonde dans les affaires publiques.

Une régression accrue dans notre marche démocratique n’est pas à exclure. Les pas géants pris à reculons au niveau des collectivités locales démontrent déjà cette tendance vers une centralisation de gestion. La récente dissolution des commissions municipales est une preuve additionnelle de cette régression.

Dans de telles perspectives, pour le renforcement de la gouvernance, le développement d’une citoyenneté active et responsable, le principe d’obligation de rendre compte et une plus forte implication des acteurs non étatiques dans la chose publique, il va falloir repasser! La faiblesse des capacités institutionnelles n’est pas pour arranger les choses.

Gageons que cette année encore, notre Premier ministre ne se privera pas de ses sorties socioculturelles, arrosées à outrance par la servile MBC, pour charmer ses audiences. L’action, comme à l’accoutumée, ne suivra pas le discours enchanteur. Nous, les victimes de «lev pake ale», en savons quelque chose !

Alors 2012, une bonne et heureuse année ? Pas sur le plan de la gouvernance, en tout cas !

Que la Saint Sylvestre me donne tort !