Publicité

L’Etat engrange Rs 50 millions avec l’escale de 10 jours d’un navire de forage

19 avril 2014, 20:46

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

L’Etat engrange Rs 50 millions avec l’escale de 10 jours d’un navire de forage

Rs 50 millions. C’est ce qu’a rapporté l’escale mauricienne du Bolette Dolphin, navire de forage flambant neuf au tonnage de plus de 50 000 tonnes, à l’économie du pays. Arrivé à Port-Louis le lundi 7 avril, ce bateau, qui prospecte les océans à la recherche de gisements d’hydrocarbures et de gaz, a mis les voiles mardi. Le navire s’est entre-temps ravitaillé en carburant et a subi des travaux techniques.

 

Logistique, transport, ravitaillement, assurances, hébergement, achat de pièces de rechanges… Cette courte escale a rapporté gros en termes de bénéfices directs et indirects à de nombreux secteurs d’activité locaux. «Les armateurs de ce navire en possèdent 20 autres, explique Xavier-Luc Duval. Imaginez un peu les possibilités économiques si cette compagnie  décide de faire de Port-Louis son port d’escale de prédilection dans la région

 

Le derrick du bateau, à travers lequel des échantillons sont extraits des abysses, est appelé le «money maker» par les membres de l’équipage. ©Nasurudin Keramuth

 

Le ministre des Finances avait été convié à une visite de ce bâtiment dernier cri le jour de son départ par WD Associates Ltd, l’agence portuaire et de bunkering qui a pris soin du Bolette Dolphin lors de son séjour à Maurice. Durant cette visite, la délégation du ministère des Finances et la presse ont pu apprécier la modernité de ce navire flambant neuf.

 

Mais surtout, ce sont les possibilités mirobolantes de la pratique du bunkering qui a frappé les esprits. Cette activité consiste à ravitailler en huile lourde les navires de passage. Elle rapporte des milliards annuellement aux ports les plus fréquentés. 

 

Bruno Lalic, assitant Rig Manager du Bolette Dolphin, et Kris Lalsing, General Manager de WD Associates Ltd. Les trois hommes discutent des opportunités dans le secteur du bunkering.

 

Singapour est le plus grand port de bunkering de la planète. Des milliers de bateaux y font escale tous les ans. L’année dernière, plus de 42 centaines de millions de tonnes de carburant y ont été distribués. Son succès s’explique surtout par sa position géographique, qui se trouve sur les principales routes maritimes asiatiques.

 

Difficile pour Maurice de rivaliser avec un tel géant. Toutefois, Port-Louis possède certains atouts face au Goliath du bunkering, lequel est en quelque sorte victime de son succès. «Le port de Singapour est complètement saturé, affirme Bruno Lalic, Assistant Rig Manager du Bollette Dolphin. Il faut souvent plus d’une heure pour arriver à terre en sortant du bateau. A Maurice, le principal avantage est la facilité d’accès aux différents services : port, aéroport, transports, hôtels…»

 

Maurice possède un autre as dans sa manche, selon notre interlocuteur : «The ease of doing business.» Les similitudes avec l’Europe et les facilités administratives font de Port-Louis un des ports les plus accueillants de la région, estime-t-il. «Nous avons par exemple affrété un avion charter pour nous livrer un pipeline manquant, explique l’Assistant Rig Manager. Cette procédure aurait été extrêmement compliquée dans d’autres pays, mais ici tout s’est passé comme sur des roulettes. Et, surtout, à moindre coût

 

Reste à capitaliser sur ces avantages. Comme l’affirme Bruno Lalic, le potentiel est là, mais il est sous-exploité. Concurrencer les ports les plus fréquentés de la région, comme Singapour, Durban ou Cape Town requiert des infrastructures répondant aux standards internationaux et une capacité d’accueil beaucoup plus grande. 

 

Le centre de commande du Bolette Dolphin. Ce navire à la pointe de la technologie est une véritable petite ville.

 

Ce n’est que de cette manière que Port-Louis parviendra à surmonter son principal et plus gros handicap : sa position géographique. En effet, si 30 000 navires croisent chaque année au large de nos côtes, Maurice n’est pas exactement située sur les principales routes maritimes de la région. Capitaliser sur les atouts existants est donc une obligation.

 

Raison pour laquelle plusieurs mesures ont été prises afin de rendre le port plus attractif, explique Xavier-Luc Duval. En premier lieu, une taxe de 25 dollars américains sur la tonne de «bunker oil» a été levée, explique-t-il. Ensuite, des investissements massifs ont été réalisés pour améliorer les infrastructures portuaires et agrandir la rade.

 

Les travaux d’agrandissement du port. La Mauritius Port Authority a investi Rs 5 milliards dans ce projet.

 

«La Mauritius Port Authority a investi Rs 5 milliards pour l’agrandissement des quais», confie le ministre des Finances. De son côté, la Cargo Handling Corporation a reçu un prêt de Rs 1,2 milliards de la part de l’Agence française de développement pour l’acquisition de deux portiques géants qui seront installés dans la rade.

 

Ce qui n’a pas manqué d’irriter les autorités portuaires réunionnaises. En effet, Port Réunion compte devenir la plaque tournante des conteneurs dans la région et a investi massivement dans ce sens afin de détrôner Port-Louis. La concurrence de proche voisin ne manquera pas de compliquer la tâche aux autorités mauriciennes.