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Ashok Subron de Rezistans ek Alternativ : «Les prochaines élections pourraient ne pas être reconnues par les Nations unies»

26 avril 2014, 11:13

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Ashok Subron de Rezistans ek Alternativ : «Les prochaines élections pourraient ne pas être reconnues par les Nations unies»
Les prochaines élections auront lieu sous les conditions actuelles, dont l’obligation de décliner son appartenance ethnique, selon le Premier ministre, Navin Ramgoolam. Mais Ashok Subron, principal animateur de Rezistans ek Alternativ, ne l’entend pas de cette oreille. Il fera appel aux Nations unies, à la Cour suprême, à la désobéissance civile et à d’autres plans d’action qu’il garde secrets pour empêcher que ces élections aient lieu…
 
Le Premier ministre a annoncé que les prochaines élections se feraient selon la formule actuelle. Quelles en sont les implications ?
Si tel est le cas, cela signifiera un rejet massif de candidatures aux prochaines élections générales. Rezistans ek Alternativ et les citoyens qui refusent de se classer en termes communaux ne pourront pas y participer. Ce ne seront donc pas des élections free and fair. Le rejet de candidatures représente une violation de l’article 25 (b) des Nations unies. Les prochaines élections risquent de ne pas être reconnues par la communauté internationale.
 
Vous aurez la même démarche qu’en 2010, avec un mouvement de protestation comme celui du Blok 104 ?
Nous n’allons pas attendre que les élections générales soient décrétées pour agir. Dans les heures qui viennent, nous allons envoyer une communication au Human Rights Committee des Nations unies pour l’informer de ce qu’a déclaré le Premier ministre. 
 
Ensuite, il ne faut pas oublier qu’on a un Constitutional case en Cour suprême le 8 mai. Je vous rappelle que le cas a été renvoyé sur demande de l’État sur la base de la publication du White Paper. On a consulté notre avocat et il prépare notre position légale sur ce sujet.
 
Naturellement, on appelle à une désobéissance anticommunale pacifique dans le cadre des prochaines élections générales. Et on prépare encore plus… Nous n’allons pas accepter qu’il y ait des élections générales malgré le ruling des Nations unies.
 
Quand vous parlez d’autres actions, qu’entendez-vous exactement ?
Nous le dirons en temps et lieu…
 
Les Nations unies peuvent-elles forcer la main à nos politiques ?
Les Nations unies ont un follow-up committee pour s’assurer que les engagements pris sont respectés. N’importe quelle violation d’un pacte peut pousser certains pays et la communauté internationale à ne pas reconnaître les élections.
 
Pourtant, nos politiciens, dont Arvin Boolell, ont fait comprendre que le «ruling» du comité des droits de l’homme n’était pas «binding»...
Le non-respect des Nations unies voudra aussi dire le non-respect du peuple mauricien. Et c’est justement ce à quoi on assiste avec les récents développements politiques.
 
Vous auriez été candidat, en cas d’aboutissement de la réforme électorale ?
Absolument ! On se bat pour avoir le droit à cette candidature ! Soit en tant que Rezistans ek Alternativ, ou alors une plateforme autour de Rezistans ek Alternativ. C’est notre projet politique.
 
Avec la dose de proportionnelle, vous estimez que vous auriez des chances de faire une entrée au Parlement ?
Ce n’était pas impossible. La proportionnelle, avec la force de Rezistans, de la gauche, oui. Les 5 % sont quelque chose d’atteignable.
 
C’est plutôt 10 % que le Premier évoque…
Oui, mais même là, ce n’était pas impossible. Il y a une déconnexion entre la masse, la jeunesse surtout, et les partis traditionnels. Le défi aurait été de transformer cette déconnexion en soutien électoral.
 
Que vous inspirent les récentes pirouettes de Ramgoolam et Bérenger ?
Cela démontre surtout que ces partis traditionnels, laissés à eux-mêmes, sont incapables d’apporter des transformations qualitatives. Ils le feront seulement s’ils y trouvent leurs intérêts «pouvoiristes». Sur les récents événements, pour moi on nage en pleine schizophrénie politique ! Du jour au lendemain, on dit tout et son contraire. La réforme électorale n’est pas un outil de négociation pour partager le pouvoir, mais un impératif.
 
Alors qu’eux parlent de partage de pouvoirs, votre mouvement parle d’une démocratisation du pouvoir. Quelle est la différence ?
Je ne crois pas qu’on puisse remplacer la concentration des pouvoirs entre les mains du Premier ministre par un système où ceux-ci sont partagés avec le président. Nous proposons plutôt un système où, entre deux élections, les citoyens ont plus de pouvoirs. Il faut introduire la possibilité de référendum sur les questions majeures de société et donner plus de pouvoir au Parlement, qui n’est qu’un rubber stamp aujourd’hui.
 
Il faut plus de pouvoirs aux commissions parlementaires, surtout sur les institutions publiques. Même au niveau des débats, on aurait pu inviter des orateurs comme des syndicalistes et autres associations. Nous avons suggéré aussi que les citoyens puissent déposer une motion s’ils obtiennent un certain nombre de signatures. S’il faut corriger les pouvoirs du Premier ministre, c’est vers le Parlement qu’il faut se tourner.
 
La question d’appartenance ethnique des candidats évoque le problème de l’influence des associations socioculturelles sur la vie politique. Un simple texte de loi suffira-t-il à tout changer ?
Tout doit commencer par là. Les différents blocs politiques existants ne présentent aucune différence de fond et se tournent de plus en plus vers le clientélisme communal. C’est pour cela que les associations socioculturelles prennent de l’ampleur. Il faut une législation pour y couper court.
 
Quid du financement des partis politiques ?
Il faut rendre illégale toute donation par les compagnies privées. Un citoyen peut le faire à hauteur de Rs 25 000 ; au-delà, la donation doit être déclarée à la commission électorale. Tout doit être rendu public et si les citoyens contestent une élection sur la base de ces chiffres, la commission électorale peut demander à la Cour suprême de casser une élection.
 
Que pensez-vous du financement par l’État ?
Nous sommes contre un financement direct, car cela implique un contrôle de l’État sur les partis politiques. Le droit à la liberté d’expression politique est fondamental pour une société. Nous sommes toutefois d’accord pour qu’il y ait un financement indirect. Par exemple, les registres électoraux, disponibles sur CD, sont en vente à Rs 1 000. On aurait pu le donner gratuitement ou à un prix raisonnable. On peut aussi donner des printing vouchers à des partis politiques, par exemple.
 
L’annulation des meetings du 1er Mai des partis traditionnels a été décrite, dans vos rangs, comme un retour de la Fête du travail aux travailleurs. Pourtant, vous tenez un meeting de votre côté. N’est-ce pas une contradiction ?
Avec la Fête du travail, le problème n’était pas que le MMM, le PTr ou le MSM faisaient des meetings. Le problème, c’est que ce sont des partis ouvriers qui ont perdu leurs racines ouvrières. De surcroît, ils en font enn paryaz lafoul avec l’argent du capital. Ce n’est surtout pas la dépolitisation de la lutte ouvrière que nous réclamons.
 
On note d’autres similitudes avec les partis traditionnels : plusieurs des mouvances dans la même veine que Rezistans ne s’entendent pas entre elles. Est-ce un problème d’ego qui risque de diluer la force de ces plateformes ?
En 2010, Rezistans a démontré qu’on pouvait développer une plateforme regroupant une bonne partie de ces mouvances et, au-delà, les citoyens. Cela s’amplifiera. Il y a des mouvements qui se développent autour du charbon, de la carte d’identité, de la protection des plages… Il y a des militants de gauche un peu partout et chacun fait une partie du boulot. Les élections sont importantes, certes, mais nos coeurs sont plutôt dans ces mouvements. C’est peut-être une faiblesse que nous avons, je le reconnais. Mais ce n’est pas un problème d’ego. S’il y a des divergences, ce sont des divergences saines.
 
Êtes-vous pour autant prêts à travailler avec tous ces mouvements ?
Nous souhaitons un regroupement de toutes ces forces émergentes, qui militent pour le progrès écologique et anticommunal. Les combats qui ont lieu forgeront ce mouvement. Nous ne sommes pas comme Navin Ramgoolam et n’irons pas discuter à Clarisse House !
 

«ON NAGE EN PLEINE SCHIZOPHRÉNIE POLITIQUE.»