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Les pro-russes étendent leur emprise en Ukraine

30 avril 2014, 08:13

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Les pro-russes étendent leur emprise en Ukraine

Des centaines de séparatistes pro-russes ont pris d'assaut mardi des bâtiments officiels à Louhansk, renforçant ainsi leur emprise sur l'est de l'Ukraine au mépris des nouvelles sanctions décrétées quasiment au même moment par l'Union européenne.

 

Cette dernière a étendu à son tour le gel des avoirs et l'interdiction de visas à 15 personnalités russes et ukrainiennes supplémentaires jugées responsables de la crise ukrainienne. Ces mesures paraissent toutefois moins énergiques à l'encontre de la Russie que les nouvelles sanctions prises la veille par les Etats-Unis, qui ont aussi pris pour cibles des entreprises.

 

A Louhansk, capitale de la province la plus orientale d'Ukraine à la frontière de la Russie, des manifestants ont forcé l'entrée du siège de l'exécutif régional avant de hisser des drapeaux séparatistes sur le toit du bâtiment, sans que la police intervienne.

 

A la tombée de la nuit, une vingtaine d'hommes munis d'armes automatiques ont ouvert le feu et jeté des grenades assourdissantes contre le quartier général de la police provinciale, exigeant des hommes retranchés à l'intérieur qu'ils déposent les armes, a rapporté un photographe de Reuters.

 

"Les autorités régionales ne contrôlent pas leurs forces de police. La police locale n'a rien fait", a déclaré Stanislav Retchinski, conseiller du ministre de l'Intérieur Arsène Avakov.

 

Les rebelles se sont aussi emparés des sièges du parquet et de la télévision.

 

Cette opération semble donner aux séparatistes pro-russes le contrôle d'une deuxième capitale régionale dans l'est de l'Ukraine. Ils maîtrisent déjà en grande partie la province voisine de Donetsk, où ils ont proclamé une "République populaire de Donetsk" et annoncé la tenue d'un référendum d'autodétermination le 11 mai.

 

Ces militants pro-russes sont constitués à la fois de jeunes armés de matraques et de chaînes et d'"hommes en vert", masqués, lourdement armés et vêtus de treillis dépourvus d'insigne.

 

"Nouvelle Russie"

 

La prise de Louhansk permettrait à ces séparatistes de contrôler l'intégralité du bassin minier du Donbass, frontalier de la Russie, où de vastes complexes sidérurgiques fournissent environ un tiers de la production industrielle de l'Ukraine.

 

Cette région se trouve au coeur de ce que le président russe Vladimir Poutine a récemment désigné comme la "nouvelle Russie" ("Novorossiya"), reprenant un terme datant de l'époque de l'expansion tsariste aux XVIIIe et XIXe siècles.

 

 

Le président ukrainien par intérim, Oleksander Tourtchinov, a ordonné la mise à pied des chefs de la police dans les villes de Donetsk et de Louhansk, incapables selon lui de remplir leur mission. "Dans leur écrasante majorité, les services de maintien de l'ordre dans l'Est sont incapables de faire leur devoir et de protéger les citoyens", a-t-il déploré.

 

Les Etats-Unis, les pays européens et le gouvernement ukrainien installé à Kiev après la destitution en février du président pro-russe Viktor Ianoukovitch soupçonnent la Russie de vouloir reproduire dans l'est de l'Ukraine le scénario qui a abouti en mars à l'annexion de la Crimée. Celle-ci a été rapidement suivie de première sanctions américaines et européennes contre la Russie.

 

Parmi les nouvelles personnalités sanctionnées mardi par l'UE figurent le vice-Premier ministre russe Dmitri Kozak, une vice-présidente de la Douma, la chambre basse du Parlement russe, Loudmila Chvetsova, le chef d'état-major de l'armée, Valeri Guérassimov ainsi que des dirigeants séparatistes en Ukraine.

 

Sont en revanche épargnés les patrons des grands groupes énergétiques tels que celui de Rosneft, Igor Setchine, pourtant inclus lundi par les Etats-Unis sur leur propre liste.

 

Les décisions annoncées mardi par Bruxelles portent à 48 le nombre de personnes sanctionnées par l'UE, qui n'a en revanche pas pris d'entreprises pour cibles.

 

Le montant des relations commerciales avec la Russie est plus de 10 fois plus élevé pour les pays européens que pour les Etats-Unis. Les Vingt-Huit acquièrent en outre un quart de leur gaz naturel auprès de la Russie.

 

Poutine ne voit pas de nécessité de répliquer

 

Vladimir Poutine, qui accuse les Occidentaux d'avoir orchestré le renversement de Viktor Ianoukovitch, a déclaré mardi soir qu'il ne voyait aucune nécessité pour la Russie de répliquer aux sanctions occidentales. Il a toutefois indiqué qu'il pourrait réexaminer à l'avenir les participation d'entreprises occidentales dans l'économie russe, y compris dans le secteur de l'énergie.

 

A la Bourse de Moscou, qui a fini en hausse de 1,23% mardi, les investisseurs ont bien réagi à l'annonce des sanctions européennes, plus modérées qu'ils ne le redoutaient. Les signes se multiplient toutefois indiquant que la crise en Ukraine commence à peser sur des secteurs stratégiques de l'économie russe, qui a vu partir des dizaines de milliards d'euros de capitaux depuis le début de l'année.

 

Le Fonds monétaire international (FMI) a déclaré qu'il se préparait à réduire sa prévision de croissance de l'économie russe pour la deuxième fois en moins d'un mois.

 

Le maire autoproclamé de la ville de Slaviansk a déclaré que la levée des sanctions européennes contre les chefs séparatistes était une condition préalable à toute négociation sur la libération des observateurs militaires capturés vendredi durant leur mission dans l'est de l'Ukraine sous les auspices de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe).

 

Viatcheslav Ponomariov a dit à l'agence Interfax que les sanctions contre Denis Pouchiline, chef de la "République populaire de Donetsk", et Andreï Pourguine, autre chef séparatiste de l'est de l'Ukraine, "n'incitent pas au dialogue".

 

Il a néanmoins fait état ensuite de "progrès" dans les discussions avec les négociateurs de l'OSCE.

 

Grièvement blessé par balles lundi, Guennadi Kernes, maire de Kharkiv, a été transféré dans un hôpital en Israël. Kharkiv, la plus grande ville de l'est de l'Ukraine, a aussi connu des troubles mais de moindre ampleur qu'à Donetsk et Louhansk.