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Journée mondiale: la forte prévalence de l’asthme «la rançon du développement»

6 mai 2014, 08:42

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Journée mondiale: la forte prévalence de l’asthme «la rançon du développement»
Le nombre d’asthmatiques à Maurice est en hausse comme l’ont démontré deux études faites à dix ans d’intervalle. Cette tendance est mondiale et est fortement liée au développement. Mais cette inflammation chronique des bronches est réversible, à condition de bien la contrôler. C’est ce qu’explique le Dr Roland Donat, pneumologue, à l’occasion de la Journée mondiale de l’asthme.
 
Si l’asthme était autrefois défini comme une difficulté à expirer en raison d’une obstruction des bronches, aujourd’hui, les pneumologues évoquent une maladie chronique inflammatoire des bronches avec une réversibilité.
 
Il est estimé que cette maladie affecte 5 % des populations de chaque pays. Elle a une prédominance masculine, chez les trois à 14 ans. «Chez les tout-venants, la puberté est une période charnière. Mais par la suite, l’asthme affecte aussi bien les hommes que les femmes», indique le Dr Donat. L’asthme peut affecter aussi les femmes enceintes et celles faisant leur ménopause.
 
Le pneumologue explique que l’asthme est variable dans le temps et dans l’intensité. «Cela peut aller d’une simple toux aujourd’hui à une importante obstruction des bronches demain.» Ses causes sont multiples. Il y a d’abord la prédisposition génétique.
 
«Mais ce n’est pas parce qu’on est porteur du gène de l’asthme qu’on sera malade. D’ailleurs, c’est courant qu’un quinquagénaire ou même un septuagénaire développe subitement de l’asthme. Il ne faut pas s’en étonner car cela signifie que le terrain allergique ou host factor est présent chez cette personne.»
 
La Global Initiative for Asthma regroupe d’éminents pneumologues mondiaux qui définissent les orientations pour l’asthme tous les cinq ans. Leurs indications sont suivies par tous les médecins traitant les asthmatiques. Selon l’organisation, il y a un lien entre l’asthme et l’obésité. «Il paraît que la leptine, substance présente dans les graisses, favorise l’asthme. Mais je ne l’ai pas rencontrée au cours de ma pratique», précise le Dr Donat.
 
Les autres facteurs déclenchant les crises sont des infections virales, en particulier le virus respiratoire syncytial qui affecte les enfants en période hivernale, et des allergènes divers comme des substances chimiques, la pollution domestique, par exemple, la fumée de cigarette et la poussière, la pollution atmosphérique avec les pollens, les moisissures et les poussières industrielles.
 
Les allergènes peuvent aussi être de nature animale, soit lors de contact avec des chiens, des chats, des cancrelats et des oiseaux. «Ce sont surtout les déjections d’oiseaux, de cancrelats et des poils de chats qui déclenchent les crises.»
 

«Dans 90 % des cas, l’asthme est allergique»

 
Il y a aussi des allergènes alimentaires comme les crustacés, le kiwi, la fraise, le chocolat, la pistache. «Dans 90 % des cas, l’asthme est allergique.» Des médicaments comme l’aspirine et des antiinflammatoires peuvent également déclencher des crises d’asthme, de même que des fous rires ou des émotions trop fortes.
 
Les symptômes de l’asthme sont la toux, l’essoufflement, une respiration sifflante, des étouffements et des palpitations. «Parfois, l’asthmatique ne peut plus parler tant la crise est aiguë.»
 
Si les pneumologues mesurent l’asthme et le degré d’obstruction des bronches par le biais d’un spiromètre, un petit appareil appelé débit de pointe que l’asthmatique peut acheter et utiliser à domicile lui permet de mesurer son souffle et le comparer à certains paramètres établis pour connaître la sévérité de sa crise. «Si le souffle d’un adulte descend en moyenne au-dessous de 200 litres par minute, il est dans une phase critique.»
 
Plusieurs médicaments entrent dans le traitement de l’asthme, les plus classiques étant la pompe de salbutamol, les comprimés de théophylline, les chromones, de la cortisone orale ou en injectable. D’autres médicaments plus récents sont venus allonger la liste, soit des anti-leukotriènes et des anti-IgE. «Mais aujourd’hui, on met beaucoup d’accent sur l’inhalateur de prévention, qui comprend de la cortisone ajoutée à de la béta-mimétique de longue durée en opposition à la béta-mimétique de courte durée qui est la pompe à salbutamol.»
 
Ces inhalateurs de prévention agissent sur l’inflammation qui est à la base de l’asthme. «C’est ce qu’il y a de plus efficace en matière de prévention et de contrôle de la maladie », affirme le Dr Donat qui précise qu’ils doivent être utilisés lorsque l’asthmatique est bien. «Soit c’est tous les jours, matin et soir, dépendant de l’état de l’asthmatique, soit une seule fois par jour. Dans tous les cas de figure, il est important qu’il y ait un bon suivi.»
 

«Ce n’est pas une maladie que l’on guérit. On naît et on meurt avec.»

 
Un asthme bien contrôlé signifie ne pas ressentir les symptômes de l’asthme le jour, ne pas utiliser sa pompe de salbutamol plus de deux fois la semaine, ne plus avoir des symptômes nocturnes, pas d’exacerbation de l’inflammation des bronches et ne plus être limité dans ses activités habituelles. «Lorsque ces paramètres fluctuent, on parle d’asthme partiellement contrôlé ou pas contrôlé du tout. Quoi qu’il en soit, on ne guérit pas l’asthme. On naît avec, on meurt avec, car le terrain allergique est présent. Mais le but d’un bon traitement de l’asthme est d’arriver au stade d’asthme contrôlé.»
 

«De 1988 à 1998, le nombre de cas a doublé, dans l’Est en particulier.»

 
À Maurice, deux études ont été faites sur l’asthme chez l’enfant. La première menée en 1988 par le SSR Medical Centre de concert avec l’INSERM de Paris a indiqué une prévalence tournant autour de 5 %. La deuxième étude de l’International Study of Asthma and Allergy in Children en 1998 a révélé que la prévalence a presque doublé, le taux le plus élevé d’asthmatiques étant enregistré dans l’Est. Le Dr Donat l’attribue «aux South East Trade Winds qui doivent transporter des pollens. Cette hausse dans la prévalence est mondiale. C’est la rançon du développement. Nous rendons nos maisons confortables en y mettant toutes sortes de choses comme des moquettes qui accumulent la poussière et autres désodorisants qui sont des produits chimiques. Le premier traitement de l’asthme passe par l’élimination des facteurs qui le déclenchent. Le bons sens doit primer.»