Publicité

Une journaliste française tuée en Centrafrique

14 mai 2014, 08:57

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Une journaliste française tuée en Centrafrique
Il s'agit de la première journaliste française tuée en RCA depuis le lancement de l'opération Sangaris en décembre 2013, aux côtés des forces africaines, pour rétablir la sécurité dans un pays plongé en plein chaos depuis le coup d'Etat mené en mars 2013 par la Séléka.
 
"La dépouille mortelle de Mme Lepage a été trouvée lors d'une patrouille de la force Sangaris, à l’occasion d’un contrôle effectué sur un véhicule conduit par des éléments anti-balaka, dans la région de Bouar", indique la présidence française dans un communiqué, évoquant un "assassinat".
 
En visite à Tbilissi, François Hollande a déclaré que tous les moyens nécessaires seraient mis en oeuvre pour faire la lumière sur les circonstances de la mort de la journaliste.
 
"Nous devons savoir pourquoi elle était dans cette région, qui l'a capturée, comment elle est morte et faire en sorte que ses assassins ne soient pas impunis. Nous les trouverons et nous les traduirons devant la justice", a dit le président à la presse.
 
Le chef de l'Etat a demandé "l'envoi immédiat" sur place d'une équipe française et de la police de la force africaine déployée en RCA.
 
Le corps de la jeune journaliste a été découvert lors d'un contrôle de véhicule par la force Sangaris près de Fembélé, un village situé près de la ville de Bouar, mardi en fin de matinée, a dit à Reuters le porte-parole des armées françaises, le colonel Gilles Jaron.
 
"On a découvert à l'intérieur du véhicule dix individus armés et cinq corps inanimés", a-t-il dit. "Parmi ces cinq corps figurait celui de Camille Lepage".
 
Son corps a été ramené à Bouar et devrait être transporté à Bangui dans les prochaines heures, a-t-il ajouté. Les quatre autres corps sont ceux de villageois de Fembélé.
 
Selon le père Jean Marius Zoumaldé, directeur de Radio Siriri, à Bouar, la journaliste se trouvait dans une zone qui a été le théâtre de violents affrontements entre militants de la Séléka et anti-balaka.
 
"SANS DOUTE UN GUET-APENS"
 
"Ce sont les anti-balaka qui ont récupéré son corps pour le sortir sur la grand-route", a-t-il dit.
 
Pour François Hollande, Camille Lepage est "sans doute tombée dans un guet-apens".
 
"La presse est libre, y compris d'aller faire des reportages là où il y a des zones de conflit et il n'est pas question de les empêcher, simplement de prévenir lorsqu'il y a des risques", a-t-il dit.
 
Selon son site internet, Camille Lepage était âgée de 26 ans. Diplômée en journalisme, elle s'était installée au Soudan du Sud en juillet 2012 et avait collaboré à plusieurs organes de presse, dont Reuters, Le Monde, Libération, Le Nouvel Observateur, le Guardian, Der Spiegel, le New York Times ou encore le Washington Post.
 
Dans son dernier message publié sur Twitter le 6 mai, elle indiquait être en route "avec les anti-balaka vers Amada Gaza, à quelque 120 km de Berberati".
 
"Ma fille était exceptionnelle", a réagi la mère de la journaliste sur RTL. "Elle n'avait qu'une envie, c'était de parler des populations dont on ne parlait pas et qui étaient en danger. Ma fille n'avait pas peur, elle avait la joie de vivre, elle était passionnée par ce qu'elle faisait. C'était une vraie vocation."
 
"On espère toujours que ça n'arrive pas et malheureusement elle fait partie des centaines de journalistes qui se font tuer tous les ans", a-t-elle ajouté.
 
Selon Reporters sans frontières, Camille Lepage est la 18e journaliste tuée dans l’exercice de ses fonctions dans le monde depuis le début de l'année. En 2013, 75 journalistes avaient été tués.
 
Plus d'un an après le début de la crise en Centrafrique, les violences restent quotidiennes dans le pays malgré la présence de près de 6.000 soldats de la force africaine Misca déployés aux côtés des 2.000 soldats français de l'opération Sangaris.
 
La force européenne Eufor-RCA, qui a été déclarée opérationnelle la semaine dernière, doit quant à elle progressivement monter en puissance pour atteindre 800 hommes en juin.