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L'armée thaïlandaise instaure la loi martiale

20 mai 2014, 11:35

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L'armée thaïlandaise instaure la loi martiale

L'armée thaïlandaise a décrété mardi la loi martiale, sans toutefois déposer le gouvernement, afin de rétablir le calme dans le royaume secoué depuis six mois par des troubles politiques entre partisans et opposants au pouvoir en place.

 

Plusieurs responsables de l'armée ont assuré à Reuters qu'il ne s'agissait pas d'un coup d'Etat, mais seulement d'une initiative destinée à sortir le pays de l'impasse politique.

 

Les militaires n'avaient pas informé le gouvernement provisoire, formé de partisans de l'ancienne Première ministre Yingluck Shinawatra, de leur intention. Ils l'ont annoncée à la télévision à 03h00 du matin, heure locale (lundi à 20h00 GMT).

 

Le chef d'état-major de l'armée, le général Prayuth Chan-ocha, a affirmé que la sécurité du pays relevait désormais de ses hommes, chargés de mettre fin aux affrontements qui ont fait près de 30 morts depuis le mois de novembre.

 

"Nous craignons que la violence ne nuise à la sécurité du pays dans son ensemble. Par conséquent, afin de restaurer l'ordre public, nous avons décrété la loi martiale", a-t-il annoncé.

 

"Je demande à tous les militants politiques de cesser leurs activités et de collaborer avec nous pour trouver une issue à la crise", a-t-il poursuivi.

 

La semaine dernière déjà, le général Prayuth Chan-ocha avait laissé planer la menace d'une possible intervention de l'armée après la mort de trois personnes dans une attaque à la grenade et à l'arme à feu.

 

Les militaires ont demandé à dix chaînes de télévision par satellite, y compris des chaînes dirigées par des groupes pro- et anti-gouvernementaux, de cesser d'émettre dans le but, disent-ils, d'"éviter toute déformation de la vérité".

 

Dans Bangkok, les soldats ont entamé des patrouilles et installé, selon des témoins, des sacs de sable devant un bâtiment de la police.

 

Dernière réplique

 

L'éviction de l'ex-Première ministre Yingluck Shinawatra le 7 mai dernier, réclamée de longue date par les opposants, n'a pas suffi à éteindre la contestation.

 

Des groupes fidèles et hostiles au gouvernement étaient toujours installés mardi en plusieurs endroits de la capitale. L'armée leur a donné pour instruction de ne pas se déplacer pour éviter de nouveaux accrochages.

 

En dépit de la surprise, l'équipe au pouvoir a accueilli favorablement l'annonce de l'instauration de la loi martiale.

 

"Le gouvernement n'a aucun problème avec ce qui se passe et nous pouvons gouverner normalement", a déclaré à Reuters le ministre de la Justice par intérim, Chaikasem Nitisiri.

 

Niwatthamrong Boonsongphaisan, ancien ministre du Commerce nommé à la tête du gouvernement intérimaire après l'éviction de Yingluck Shinawatra, a réuni son cabinet dans un lieu tenu secret, a-t-on appris dans son entourage.

 

En réalité, les événements actuels ne sont que la dernière réplique d'un conflit qui dure depuis huit ans, entre les "chemises jaunes", principalement des membres de la classe moyenne et des notables royalistes de Bangkok, et les "chemises rouges", partisans de la famille Shinawatra.

 

L'armée est régulièrement intervenue dans la vie politique depuis que le pays est devenu une monarchie constitutionnelle, en 1932. La dernière fois, c'était en 2006 pour renverser l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra.

 

Cette fois, sa soeur déchue par la Cour constitutionnelle a cédé son fauteuil à un chef de gouvernement intérimaire, Niwatthamrong Boonsongphaisan, lequel a exclu lundi de démissionner.

 

Les Etats-Unis, qui ont coupé leurs aide à la Thaïlande après le renversement de Thaksin, ont fait savoir qu'ils suivaient la situation de près. "Nous attendons de l'armée qu'elle respecte ses engagements et que cette initiative ne soit que temporaire et menée pour empêcher les violences, et non pas pour ébranler les institutions démocratiques", a déclaré Jen Psaki, porte-parole du département d'Etat.