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Kreepaloo Sunghoon : «Rs 200 millions d’aide, c’est mieux que rien»

13 juin 2014, 00:54

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Kreepaloo Sunghoon : «Rs 200 millions d’aide, c’est mieux que rien»

Kreepaloo Sunghoon ,secrétaire général de la Small Planters Association

 

Également président du «Small Farmers Welfare Fund», Kreepaloo Sunghoon estime que l’enveloppe d’aide du gouvernement aidera les petits et les moyens planteurs à continuer la culture de la canne. Environ 300 ont abandonné leurs champs ces dernières années, les prix du sucre ne cessant de chuter.

 

 

La tonne de sucre pour la présente récolte descend à Rs 14 000. Comment réagissent les petits planteurs face à cette situation ?

Nous avons appris la mauvaise nouvelle il y a plus d’un mois. Ce prix implique un manque à gagner conséquent pour les planteurs. Petits, moyens et grands. Tout le monde est touché de plein fouet.

Il n’y a même pas deux ans, le prix de la tonne était de Rs 17 500. Les planteurs doivent donc débourser davantage pour poursuivre la culture de la canne. Nous avions fait part de nos appréhensions au gouvernement et nous sommes pleinement satisfaits qu’il ait consenti à nous offrir une enveloppe d’aide de Rs 200 millions pour les récoltes de 2014 et de 2015. Nous sommes au creux de la vague et cette aide est une bouffée d’air frais.

 

 

Ces Rs 200 millions seront-elles vraiment suffisantes ?

C’est mieux que rien. Nous, planteurs, devrons désormais essayer de valoriser les produits découlant de la culture de la canne, tels que la bagasse et la mélasse. Nous étudions également la possibilité de revendre les «cane tops», soit la paille, pour remplacer le charbon dans la production d’énergie. Ce sera une alternative pour contrebalancer les pertes et oeuvrer pour la protection de l’environnement.

 

 

Combien de planteurs ont abandonné leurs terres jusqu’ici à cause de cette baisse de prix ?

D’un millier de membres, nous n’en avons que 700 aujourd’hui. Cela signifie que 300 d’entre eux, surtout ceux possédant un demi arpent ou un quart d’arpent, ont préféré abandonner la culture de la canne, cette activité n’étant plus profitable. Certains, ceux qui ont davantage de temps libre, se sont investis dans la culture de légumes.

Tout le monde ne pourra pas se tourner vers la culture de légumes car Maurice est quasiment autosuffisante.

 

 

Le légume n’est-il pas finalement plus rentable ?

Nous faisons face à des risques dans les deux cas. C’est vrai, toutefois, que le prix des légumes ne va pas piquer du nez comme pour la canne. L’aide de Rs 200 millions encouragera ceux en difficulté à cultiver de nouveau leurs terres. Quelque 40 % des petits et moyens planteurs tiennent encore le coup grâce au Field Operations Regrouping and Irrigation Project de l’Union européenne, visant à pallier le manque à gagner.

L’aide européenne permet aux planteurs de canne de réduire les coûts d’opération telle que l’épierrageet d’augmenter, par la même occasion, la production par 20 %. Il y a une amélioration dans les aides qui nous sont accordées par les autorités et nous espérons que ça dure.

 

 

Quels sont les projets de la communauté des planteurs ?

Nous étions conscients que la situation sera difficile avec la fin du quota sucre. Quand l’Union européenne nous a révélé que Maurice devra se mesurer aux gros producteurs tels que le Brésil et l’Inde en 2017, nous nous rendons compte de la grosse difficulté que nous avons à nous mesurer à eux. Nous avons eu des pourparlers avec le Syndidat des sucres pour une réorientation de la stratégie de marketing et de la nécessité de trouver des marchés niches. Nous sommes bien obligés de vivre du sucre… À moins de trouver d’autres alternatives.

 

 

Le fatak est-il une option ?

Une étude a été commanditée au niveau du bureau du Premier ministre pour la production de cette biomasse. Attendons voir. Il faudrait juste qu’on n’utilise pas les terres fertiles. Les terres abandonnées ou marginales feront l’affaire.