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Mercure: une bombe à retardement dans nos bouches
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Mercure: une bombe à retardement dans nos bouches
La toxicité du mercure n’est plus à prouver. Or, ce métal liquide est le composant principal des amalgames dentaires ou plombages qu’utilisent les dentistes, les nôtres compris. Ce sont donc des bombes à retardement que nous avons en bouche. Ce thème fera l’objet d’une causerie mercredi par le chirurgien-dentiste Yannick Harel à l’École Mauricienne du Bien-être. Le point sur le sujet avec le Dr Harel.
Ce diplômé de Toulouse qui exerce à Maurice depuis 2009, explique qu’il faut replacer l’utilisation des amalgames ou plombages au mercure dans leur contexte historique. Il y a une plus d’une centaine d’années, le plastique, les résines et les céramiques et les matériaux synthétiques n’existaient pas. «Les seuls matériaux assez durables qui pouvaient restaurer une dent abîmée par une carie étaient l’or, l’argent et les amalgames aux mercures. Entre ces trois options, le moins coûteux était le dernier. À l’époque, les dentistes n’avaient pas le choix», déclare le Dr Harel qui explique que ce métal liquide se solidifie au contact d’une poudre de particules métalliques. En sus d’être dur, il a l’avantage de la durabilité et d’être peu coûteux. «C’était idéal à l’époque pour empêcher la progression des caries. De plus, c’était un matériau durable, peu coûteux et facile à mettre en place.»
À l’écouter, l’utilisation du mercure en 2014 est une erreur en dentisterie. Il y en a eu d’autres qui ont été corrigées dans le passé, comme l’utilisation de l’arsenic. Pendant de nombreuses années, les dentistes ont utilisé de l’arsenic pour dévitaliser une dent. «On introduisait une boulette d’arsenic dans la dent et au bout de quatre jours, on pouvait réaliser les soins sans douleur car le nerf de la dent était mort. Or, on sait aujourd’hui et à l’époque aussi que l’arsenic est un poison mortel mais a été volontairement utilisé pour ses vertus toxiques.»
Depuis une cinquantaine d’années, plusieurs études ont montré que le mercure est aussi très toxique. Il a une action directe sur le système nerveux et porte le nom tristement célèbre de maladie de Minamata (Japon). Lorsque l’on sait que pour combler le volume laissé par une lésion carieuse dans une dent, il faut en moyenne deux grammes d’amalgame, la moitié en est du mercure, soit entre 40 et 60 % du matériau, cela fait beaucoup. Ce mercure présent dans les plombages ne va pas rester emprisonné. Sous l’action des forces masticatrices abrasives et d’autres phénomènes physico-chimiques, il va se libérer lentement tout au long de son existence.
«Quelle meilleure porte d’entrée dans l’organisme que la bouche ? Le plus on a d’amalgames au mercure dans la bouche, le plus le taux de libération dudit mercure est important. Selon des revues très sérieuses comme TheJournal of American DentalAssociation, certaines études ont pu quantifier approximativement ce taux, qui varie entre sept et 27 microgrammes par jour. C’est alarmant quand on sait que ce métal toxique ne s’élimine pas de l’organisme.»
Matériaux de subtitution
Or, depuis les années 80, les dentistes disposent de nouveaux matériaux substitutifs : résines composites, céramique dentaire, titane… Ils ont l’embarras du choix. L’usage du mercure en dentisterie n’est donc «justifié» que pour son bas coût économique.
«Aujourd’hui, la très grande toxicité de ce métal n’est plus à démontrer. L’ambiguïté réside dans le fait que sa libération dans l’organisme à partir des amalgames dentaires se fait à un taux qui est certes très faible, mais qui est continuel, à tel point que les défenseurs du mercure le considèrent comme négligeable. Or, il est admis aujourd’hui que sa toxicité n’est pas à ‘niveau seuil’ mais à ‘dose dépendante’, c’est-à-dire que le moindre microgramme a son importance. Il est très difficile pour la science de mener des études ou de pouvoir tirer des conclusions sur l’ingestion d’un poison à des doses microscopiques sur le très long terme. Cela permet donc de cultiver du flou autour de la question des amalgames dentaires», dit le Dr Harel.
«Finalement, ce matériau qui a envahi nos bouches aurait des effets dont nous ne savons pas vraiment les conséquences, mais qui pourraient être le lien avec des maladies dont nous ne savons pas les causes. Je pense aux maladies neuro-dégénératives telles que l’Alzheimer, le Parkinson, aux maladies immunitaires, aux cancers», estime le Dr Harel.
Cette année en France, la population cumule 60 tonnes de mercure dans la bouche. Les pays nordiques comme la Suède et le Danemark ont pris les devants dès 2008 en interdisant l’utilisation d’amalgames au mercure. «Pourquoi continuer à utiliser les amalgames au mercure quand les dentistes ont l’embarras du choix ?» se demande le Dr Harel qui les a bannis de son cabinet. «Je n’aurais pas voulu que l’on me mette cela en bouche et je ne vais pas le faire à mes patients.» Mais d’autres dentistes le font.
Le Dr Harel estime que Maurice devrait s’aligner sur les pays nordiques et bannir l’utilisation d’amalgames au mercure car les options existent. «Même si le lien direct n’est pas établi entre ces maladies et les amalgames dentaires, il vaut mieux ne prendre aucun risque.»
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