Publicité

Tradition culinaire: les poutous de Nirmala

12 juillet 2014, 14:56

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Tradition culinaire: les poutous de Nirmala

 

Qui peut passer à côté d’un marchand de poutous sans avoir envie d’en manger ? Cette petite galette blanche faite à base de riz et de noix de coco râpée fait partie de ces friandises qu’on ne trouve presque plus. Peut-être que la préparation demande trop de temps. En tout cas, les jeunes ne semblent pas intéressés à apprendre les secrets de fabrication de cette douceur. Alors, allons à la rencontre de quelqu’un qui a choisi de perpétuer la tradition des poutous

 

À la gare du Nord, tout près des marchands ambulants, Nirmala Yagambrum, plus connue sous le sobriquet de Tantine Poutou, a installé son étal. Elle est fidèle au poste du lundi au samedi. Âgée de 57 ans, cela fait bientôt 16 ans qu’elle vend des poutous. Cette recette, c’est un héritage de sa grand-mère. Nirmala, passionnée par ces gâteaux d’antan, pratique donc son métier avec un dévouement certain.

 

Immanquablement, Tantine Poutou commence sa journée aux petites heures du matin, dès 4 heures. Toute la préparation des gâteaux doit être faite le jour même. Première étape : il faut laver le riz et le réduire en poudre. Puis, il faut « melanz delo, met bwi, met sek, tamine ek si ena diri kinn reste an grin, bizin repas li dan masinn. » Heureusement, son fils Azaghen, 34 ans, l’aide.

 

Ensuite, Nirmala se rend à la Gare du Nord vers 10h30. La cuisson des poutous doit se faire sur place. Alors, Nirmala met le riz préalablement écrasé dans un cylindre appelé «cola», et met de l’eau à bouillir dans un «tambour». Puis, le cola est placé sur le tambour et le riz cuit à la vapeur. La cuisson dure environ cinq minutes. Dès que la vapeur s’échappe du cylindre, Tantine Poutou sait que les galettes sont prêtes. Elle enlève alors la pâte du cylindre et la coupe en rondelles à l’aide d’un fil.

 

Nirmala a choisi ce métier après la fermeture de l’usine où elle travaillait. Elle savait que les gens de tous les milieux raffolaient de ces petites galettes. Et malgré les difficultés qu’elle a rencontrées, elle affirme que ce travail l’a aidée à mener une vie décente et à élever ses deux enfants correctement. La fatigue, évidemment elle connaît. Mais ce travail, elle ne l’abandonnerait pour rien au monde.

 

Nirmala croit fermement que ce métier a un avenir. Pourtant, les jeunes ne semblent pas intéressés à apprendre et les marchands de poutous se font de plus en plus rares. «Mem lapli, mem soley, mo rest isi, mo vann mo gato, dimounn vinn aste.» Même les touristes se laissent tenter. «Quand les touristes viennent en acheter, ils demandent ce que c’est. Alors, je leur explique.»

 

Elle s’est d’ailleurs créée une clientèle un peu partout à travers l’île. «Beaucoup de gens achètent mes gâteaux : les passants, ceux qui prennent le bus… Les poutous, c’est un gâteau que tout le monde aime.» Alors, Nirmala et Azaghen Yagambrum espèrent partager cette tradition culinaire encore longtemps.