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La réserve du Mondrain
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La réserve du Mondrain
Dans les hauteurs de Vacoas, se niche ce joyau de la flore mauricienne appartenant à Medine Ltée. Gabriel d’Argent, engagé dans la réhabilitation et la conservation du site depuis 1985, nous emmène à la découverte de quelques-uns de ses trésors.
Un hibiscus d’exception
Il a fêté il y a peu ses 90 ans et est au service de la Mauritian Wildlife Foundation (MWF) depuis sa création, en 1984. Gabriel d’Argent, récemment nommé Research Associate par le Missouri Botanical Garden est intrinsèquement lié à la restauration et la conservation de la réserve du Mondrain. S’étendant sur une superficie de cinq hectares dans les hauteurs de Vacoas, ce site qui appartient à Medine Ltée surplombe la vallée de Magenta.
Conteur captivant à la mémoire aussi riche que vive, Gabriel d’Argent, notre guide, nous explique, en nous montrant un pied d’Hibiscus genevii, que c’est par cet arbuste aux jolies fleurs roses à coeur rouge que tout a commencé… En 1968, le Pr Bernardi, du Conservatoire botanique de Genève, en Suisse, accompagné de feu Joseph Guého qui était curateur de l’herbier du Mauritius Sugar Industry Research Institute (MSIRI), visite Le Mondrain. Tous deux redécouvrent alors cette malvacée qui figurait sur la liste des plantes disparues de l’herbier et se rendent compte de la valeur du site en termes de flore indigène et endémique*. Des démarches seront ainsi entreprises auprès de la propriété sucrière de Medine pour que les lieux soient protégés et en 1979, Le Mondrain est officiellement établi en tant que réserve par la Société royale des arts et des sciences qui en assure la gestion.
Quelques années plus tard, en 1985, la société fait appel à Wendy Strahm, biologiste américaine et l’une des fondatrices de la MWF, pour réhabiliter la réserve du Mondrain. Avec l’aide de Gabriel d’Argent – il avait eu l’occasion de collaborer avec Wendy Strahm quand il était encore employé du service des forêts, en 1982 – et de laboureurs de Medine, un travail «méthodique» sera réalisé durant quatre ans qui consistera à enlever les plantes exotiques au moyen de «haches, pioches et grands couteaux». Petit à petit, relate Gabriel, ils combleront les vides avec des plantules et boutures d’espèces indigènes et endémiques de la réserve elle même, l’introduction d’espèces venant d’autres régions de l’île n’étant que « bénigne », afin d’assurer leur survie. Aujourd’hui, même si un désherbage annuel est effectué, toujours avec le soutien du personnel de Medine, le botaniste est visiblement heureux de constater que la canopée s’est reformée, comme aux premiers temps, avant l’arrivée des colons… Fidèle à la réserve dont la gestion a été confiée à la MWF l’an dernier, Gabriel continue à s’y rendre trois à quatre fois par semaine en parcourant environ cinq kilomètres à vélo. Il y fait un état des lieux, vérifie que la clôture n’a pas été abîmée par les cerfs et enlève la moindre plante exotique qu’il aperçoit – bois d’oiseau (Litsea glutinosa), goyavier de Chine (Psidium cattleianum) et latanier chinois (Livistona chinensis), entre autres.
Focus
Gabriel d’Argent, qui a étudié la botanique et l’écologie pendant 14 ans auprès du Dr Reginald Vaughan (1895-1987 ; chercheur émérite et ancien curateur de l’herbier du MSIRI) et collaboré à divers projets de conservation au sein de la MWF, nous a partagé son savoir sur la flore du Mondrain. En voici un aperçu.
Bois carotte (Pittosporum senecia), endémique de Maurice et de La Réunion.
Barleria observatrix, endémique de Maurice, très localisé. En 1975, le père Adrien Wiehe en découvre une petite population sur le Corps de Garde ; l’espèce a été introduite au Mondrain pour sa survie.
Manglier vert (Sideroxylon cinereum), endémique de Maurice. Cette espèce qui forme la canopée du Mondrain est cauliflore : les fleurs apparaissent directement sur les branches.
Bois de natte Legentil (Labourdonaisia revoluta), endémique de Maurice.
Bois corail (Chassalia boryana), endémique de Maurice. Il s’agit du seul spécimen de la réserve et Jean-Claude Sevathian, Plant Conservation Officer à la MWF en a découvert six ou sept autres à Chamarel, sur une propriété d’Owen Griffiths.
Bois tambour (Tambourissa amplifolia), endémique de Maurice. Les boutons floraux se manifestent à la base de l’arbre dont les feuilles sont en forme d’hélice.
Psilote nu (Psilotum nudum), indigène. C’est une alliée des fougères, c’est-à-dire qu’elle se propage de manière analogue, par la dispersion de spores.
Nephrolepis biserrata, fougère indigène.
Lexique :
L’adjectif indigène désigne les plantes arrivées naturellement à Maurice, avant la colonisation. Les espèces indigènes deviennent endémiques lorsqu’au fil du temps, elles se modifient au point de se différencier nettement de la plante d’origine.
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