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Jitendra Kumar Tiwari, directeur d’Apollo Tubes Ltd : Fer de lance

20 août 2014, 16:44

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Jitendra Kumar Tiwari, directeur d’Apollo Tubes Ltd : Fer de lance
 
À la tête de la filiale mauricienne d’Apollo Tubes Ltd, Jitendra Kumar Tiwari raconte les débuts de l’entreprise à Maurice, expliquant comment la position stratégique du pays lui a permis de conquérir le marché africain.
 
Il est d’une humilité déconcertante. Mais derrière l’homme affable se cache un entrepreneur qui a de l’étoffe. Jitendra Kumar Tiwari, l’un des frères Tiwari, dirige la filiale mauricienne d’Apollo Tubes Ltd – société manufacturière engagée dans l’ingénierie légère et la fabrication de tuyaux galvanisés, entre autres. Cette famille indienne d’entrepreneurs a choisi Maurice – qui occupe une position stratégique, à la jonction de l’Asie et de l’Afrique – pour incorporer en 1997 une usine manufacturière et ainsi desservir le continent noir.
 
«Démarrant dans le commerce international en 1993, nous avons commencé par cibler les grands marchés, dont la Russie et les CEI (Communauté des États Indépendants), dont Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, la Moldavie, entre autres. Et l’Afrique, qui émergeait entre-temps, ne nous a pas laissés non plus insensibles. Il nous fallait par contre une plateforme de proximité pour abattre cette carte et l’île Maurice répondait à nos aspirations», raconte-t-il.
 
C’est ainsi que leur usine de fabrication à Goodlands verra le jour, dans l’enceinte de l’ancienne sucrerie de St.-Antoine. Jitendra Kumar Tiwari et sa famille sont délégués sur le sol mauricien pour mener à bien ce projet en éclosion.
 
Démarrant avec une production initiale en 1997, la filiale mauricienne atteindra, dit-il, sa vitesse de croisière en l’an 2000. «Forts d’un chiffre d’affaires de Rs 400 millions, nous tournons aujourd’hui à plein régime et nous avons doublé nos effectifs, passant de 30 à 80 employés», soutient notre interlocuteur.
 
L’entrepreneur dévoile de plus grandes ambitions pour la filiale mauricienne: ses activités seront bientôt délocalisées dans une plus grande usine, toujours dans le nord de l’île, entraînant ainsi des recrutements.
 
Détenant un Bachelor in Commerce de l’université de Calcutta, ce dernier a rejoint le business familial tout de suite après ses études supérieures Et, depuis, il ne l’a jamais quitté. L’infatigable businessman ne se laisse surtout pas intimider par le rythme accéléré des affaires. «C’est un business où les matières premières viennent d’ailleurs et le produit fini est vendu sur des marchés extérieurs. Du coup, nous sommes toujours sur le qui-vive, entre les délais de livraison des matériaux, la production et l’expédition de produits finis. Cela fait souvent monter l’adrénaline», dit-il. Encore plus depuis que la compétition se fait plus féroce.
 
Après l’implantation à Maurice, le Zimbabwe a été le premier marché séduit. «Mais alors que le pays est passé par la crise, nous nous sommes tournés vers d’autres pays de l’est et de l’ouest du continent. Aujourd’hui nous sommes bien placés sur la carte africaine», dit-il. L’entrepreneur estime que les affaires ont connu une courbe ascendante, jusqu’à ce que le commerce se retrouve freiné, il y a deux ans, par la dégradation de la connectivité entre Maurice et les ports africains.
 
«Si nous profitions à l’époque des lignes maritimes qui desservaient les ports de Dar Es Salaam, Mombasa, en cinq ou six jours, ou encore le Ghana entre 12 et 13 jours, les choses ont beaucoup changé», note l’entrepreneur. Aujourd’hui ce manque de connectivité pénalise le commerce: «Cela prend trop de temps pour affréter nos produits via Mombasa, et de plus, les coûts du fret se corsent.» Des géants comme la Chine et l’Inde sont, eux, de plus en plus compétitifs en termes de délais de livraison.
 
L’étau se resserre et c’est uniquement grâce à une confiance établie avec des proches collaborateurs et la mise en place d’autres stratégies d’implantation qu’Apollo Tubes Ltd tire son épingle du jeu. «Nous avons ouvert des branches au Mali, au Burkina-Faso pour contourner les problèmes logistiques et garder nos clients», dit-il. Jitendra Kumar Tiwari parle d’ouvrir deux nouvelles branches au Niger et au Sénégal à la fin de l’année.
 
«Notre partenariat avec Maurice porte cependant ses fruits, car pour desservir l’Afrique de l’Ouest le bilinguisme de nos effectifs mauriciens est d’une aide précieuse», dit-il. Mais d’autres grands défis sont au tournant. Les avantages de la Southern African Development Community et du Common Market for Eastern and Southern Africa ne suffisent plus.
 
Les géants de l’Est de l’Afrique ambitionnent de se serrer les coudes pour mieux dominer les marchés internes. «Avec de nouveaux traités commerciaux leur permettant une compétitivité plus pointue, on s’attend à l’émergence de nouvelles puissances commerciales», conclut-il.