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Accord de trêve en Ukraine, scepticisme occidental

6 septembre 2014, 08:42

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Accord de trêve en Ukraine, scepticisme occidental

Cette annonce a été accueillie avec espoir mais surtout avec scepticisme par Barack Obama qui, en clôture du sommet de l'Otan organisé à Newport au Pays de Galles, a appelé les alliés à appliquer de nouvelles sanctions contre la Russie toujours accusée de violer la souveraineté de l'Ukraine.

L'accord est entré en vigueur à 18h00 locales (15h00 GMT, 17h00 en France) et semblait globalement respecté en dépit de quelques explosions sporadiques et bombardements entendus près du bastion séparatiste de Donetsk en début de soirée.

Des combats ont été signalés dans la journée autour du port stratégique de Marioupol. Les insurgés ont affirmé être entrés dans cette dernière ville, ce que les autorités ukrainiennes ont démenti.

"Nous devons faire tout ce qui est possible et impossible pour mettre fin à ce bain de sang et mettre fin à la souffrance du peuple", a déclaré le président ukrainien Petro Porochenko dans un communiqué annonçant la trêve conclue à Minsk en présence des représentants de la Russie et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

C'est d'ailleurs l'OSCE qui sera chargée de veiller au respect du cessez-le-feu.

Le Kremlin a salué cet accord qui suit en très grande partie les lignes fixées cette semaine par Vladimir Poutine dans un plan en sept points et qui permet aux séparatistes de conserver le contrôle de vastes pans de territoire dans l'est de l'Ukraine.

Dmitri Psekov, porte-parole de la présidence russe, a appelé les deux camps à chercher un compromis politique durable malgré la persistance de nombreux points de désaccord. Le précédent cessez-le-feu en juin avait duré 10 jours.

UNE MANOEUVRE DE POUTINE ?

Participant au sommet de l'Alliance atlantique, Petro Porochenko, qui aborde la négociation dans une position de faiblesse après la déroute de son armée, avait indiqué être prêt à décentraliser une partie des pouvoirs politiques et économiques dans les régions séparatistes, à accorder le droit de choisir sa langue d'expression ainsi qu'une amnistie.

L'accord conclu dans la capitale biélorusse prévoit en outre un échange de prisonniers, peut-être dès samedi, et le maintien des belligérants sur leurs positions actuelles.

Ces gestes de bonne volonté demeurent insuffisants pour les séparatistes, le chef de la région de Louhansk expliquant que le cessez-le-feu ne signifiait pas la fin du mouvement dont le but est une séparation d'avec l'Ukraine.

Les Occidentaux ont accueilli cette trêve avec circonspection car ils y voient le résultat d'une nouvelle manoeuvre de Vladimir Poutine qui joue brièvement la carte de l'apaisement chaque fois qu'apparaît la menace de nouvelles sanctions contre la Russie.

C'est cette perplexité que Barack Obama a exprimée en concluant un sommet de l'Otan qui a été dominé par la crise ukrainienne.

"En ce qui concerne l'accord de cessez-le-feu, nous sommes évidemment plein d'espoirs mais, sur la foi de notre expérience, nous doutons que les séparatistes le respectent et que les Russes cessent de violer la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Il doit donc faire ses preuves", a-t-il souligné.

DÉLAI D'UNE SEMAINE

En clair, les nouvelles sanctions que préparent les Etats-Unis et l'Union européenne dans les domaines de la finance, de la défense et de l'énergie pourront être levées si la trêve est respectée.

Un délai d'une semaine pourrait être accordée à la Russie avant leur mise en oeuvre, ont précisé deux diplomates tandis qu'un autre parlait de 72 heures.

Le détail des nouvelles sanctions envisagées par l'UE devait être fixé dans l'après-midi lors d'une réunion des ambassadeurs des Vingt-Huit à Bruxelles.

L'UE envisage notamment d'étendre l'interdiction d'emprunter ou de lever des fonds sur ses marchés de capitaux à l'ensemble des entreprises publiques russes et plus seulement aux banques publiques. Cela affecterait notamment les géants russes du secteur de l'énergie Gazprom et Rosneft.

Sur le plan militaire, les dirigeants alliés ont donné leur feu vert au renforcement du dispositif militaire de l'organisation sur son flanc est.

Le plan prévoit la mise sur pied d'une force de réaction rapide capable d'être déployée en quarante-huit heures et le prépositionnement de matériel et de carburant dans les pays est-européens membres de l'Alliance.